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Citation de tchoupiby


On ne se rend pas compte. Quand, à la télé on voit une barque sur le point de couler au large de Malte, quand on voit une colonne de migrants qui tente de franchir un col des Alpes, quand on types qui errent au bord d'une autoroute dans le nord de la France, en réalité on ne voit rien. Ce sont des ombres, presque des fantômes, des silhouettes quin'ont pas d'âge ni de nom.
Mais que l'un d'entre eux, un seul, franchisse votre porte après s'être fait voler son attelle par des flics, et se mette à rire en écoutant Mohamed al-Wardi à la table de votre cuisine, quand il est là, quand il dort dans un lit que vous lui avez préparé, quand vous vous souciez de le soustraire à la brutalité qui règne, alors il redevient ce qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être : un humain.
Et Gaston se rend compte que ça se trouve exactement à cet endroit. La stratégie du ministre de l'Intérieur et du secrétaire d'État à l'asile et à la migration, c'est en cela qu'elle consiste : faire oublier que ces gens sont des humains. Les réduire à des statistiques, des ombres et des fantômes, des quotas, des termes abstraits. « Flux migratoire », ça, c'est un mot qui déshabille ! Des statistiques, c'est un phénomène technique, on les traite comme tel. Un flux, on le contient.
Alors que des humains, on leur ouvre la porte.
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