Date de parution : mai 2019
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**Départ volontaire** est créé dans une mise en scène de Christophe Rauck, avec Virginie Colemyn, David Houri, Micha Lescot, Annie Mercier et Stanislas Stanic au Théâtre du Nord de Lille du 14 au 26 mai 2019.
**Kadoc** sera créé par Jean-Michel Ribes au théâtre du Rond-Point en mars 2020.
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Départ volontaire : Xavier Garnier travaille comme technicien back office dans une banque depuis sept ans quand un plan de départs volontaires est annoncé. Il se porte candidat et rêve déjà d'une vie nouvelle, de monter sa boîte avec ses indemnités. Jusqu'au jour où il apprend que sa candidature est définitievment bloquée. Xavier décide d'attaquer la banque au tribunal...
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Au-delà du roman, on pourrait reconnaître comme littéraire tout ce qui permet au récit de révéler sa composante dynamique. Le récit ne raconte pas simplement des changements d'états, il réalise des passages.
L'enjeu de ce propos pour les études de littérature comparée est de ménager un espace de rencontre pur des oeuvres littéraires en dehors des questions culturelles. On ne comprend rien au sorcier-mangeur d'âmes si l'on n'accepte pas qu'il est outsider, qu'il est hors de toute culture. Ainsi en est-il de la littérature telle que nous l'envisageons. La littérature est l'usage sorcier du langage. La méthode critique consistera à établir un constat direct entre les oeuvres, sans prendre le soin de les resituer dans leur contexte. La question que nous pouvons à chaque oeuvre n'est pas "d'où viens-tu ?", mais "où vas-tu ?". Parce que la figure ne relève par définition d'aucune culture, son étude croit parfaitement au projet d'une littérature comparée ainsi définie. Cet envers du personnage, cet envers de la culture, cet envers du langage, ne sont jamais des a priori critique consiste alors à rendre compte de ces forces actives qui opèrent dans le vide. A la fatigue désespérant qui consiste à déconstruire des textes pour en reconstruire les véritables assises culturelles, nus substituons une attention aux logiques destructrices des textes eux-mêmes, qui accordent à la littérature au risque d'une radicale remise en question de tous les présupposés culturels.
"Toute littérature digne de ce nom se doit d'être absorbante et voluptueuse. Nous devons dévorer le livre que nous lisons, être capturé par lui, arraché à nous-mêmes, et puis sortir de là l'esprit en feu, incapable de dormir ou de rassembler nos idées, emporté dans un tourbillons d'images animées, comme brassées dans un kaléidoscope."
Robert Louis Stevenson.
L'art de la composition consiste à faire advenir le lieu au moyen du récit, la figure au moyen du personnage.Seul ce travail exigeant de composition permet au roman d'échapper à l'alternative du discours et du récit et de faire advenir la voix nue, profondément désintéressée de tout récit, et qui se contente de jouir de sa propre célébration.
Le livre est un empilement de surfaces. La page blanche est le butoir de la littérature. Le mot a ceci de fascinant qu'il arrête notre regard sur un mur. Un livre est un mur blanc que l'on fixe obstinément pendant des heures. Etant donné ce mur, que ce passe-t-il devant ?
Il n'est pas tellement étonnant que la question du sujet ne soit pas au centre es préoccupations romanesques des peuples colonisés, eux dont tout accès à une conscience unificatrice est momentanément barrée. Parce qu'ils sont objet de l'Histoire ils n'ont pas d'autre solution que de travailler directement sur le Dehors. Le réel est tout entier déployé autour d'eux et s'ils en font partie ils n'en ont aucune maîtrise. Cette impossibilité de maîtriser par la conscience le réel est, d'une certaine façon, une chance romanesque.
Les meilleurs romanciers ne sont pas toujours ceux qui ont le plus d'imagination et la distinction entre l'image et le réel est rarement opératoire pour rendre compte de la création romanesque.
J'avancerais volontiers l'hypothèse qu'il n'est pas de roman qui ne contienne un personnage-figure, le plus souvent dissimulé sous le masque d'une personne - ou même d'une chose - qui est le véritable catalyseur des forces mises en jeu pour le récit.
L'effondrement d'un monde, provoqué par la colonisation, favorise l'image d'une univers fantomatique qui subsiste à toute reconstruction apparente.La dualité visible/invisible sera une incontournable du roman colonial et post-colonial.
Le jugement de Flaubert est d'autant plus intéressant qu'il a mis une grande part de son énergie au service de personnages sans reliefs, fats, voire carrément imbéciles.