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Critiques de Xavier Girard (6)
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Louise Bourgeois face à face

Louise Bourgeois (1911- 2010) ?

C'est l'araignée géante en acier , “Maman”, du jardin du musée Guggenheim à Bilbao au pays basque espagnol, la même araignée qu'on retrouve sur le lac artificiel du Château La Coste en Provence. C'est la grande dame de la sculpture contemporaine, “une anticonformiste,......quelqu'un de complètement à part “.

Née en France en 1911, elle vécut à partir de 1938 à NewYork, suite à son mariage avec un historien d'art américain. Et longtemps elle n'intéressa personne de ce côté-ci de l'Atlantique.

L'auteur, à l'époque critique d'art en herbe la rencontre à New-York alors qu'elle va sur ses soixante-dix ans. On est face à un personnage complexe, un brin déroutant, qui semble sincère et transparent, une artiste de naissance, “L'expression artistique est une chance. On est artiste ou pas. La jeunesse ou la maladie ne font pas de vous un artiste, le désir d'en être un non plus.”

La provocation, l'aggression sont à la base de son oeuvre, qu'elle affirme lui avoir sauvé la vie, “Sans la sculpture j'aurais été écrasée”.

Elle fuit son pays et sa famille en 1938, mais son passé ne la lâchera pas et s'exorcisera dans son oeuvre, « Mais au lieu de cesser d'exister, ce que je fuyais, ce que j'avais abandonné est vite devenu une obsession. J'ai mis longtemps avant de comprendre qu'en fuyant, on revient toujours à soi. ».

Une partie de ses oeuvres me plait, d'autres je peine à comprendre le plaisir et la réflexion qui sont sensés en découler, comme ses “soft landscapes “(Paysages doux), des sculptures qui exhibent des cavités intestinales et des sexes avec indécence....Mais ma connaissance de son oeuvre est trop superficielle pour pouvoir l’ apprécier à sa juste valeur. “Les gens prennent mes sculptures pour des objets sexuels, ils font fausse route. Ce sont des expériences tridimensionnelles avec des nuages, des pieds, des animaux, des rivières, des monticules et toutes sortes d'êtres vivants.”, dit-elle. Difficile pour moi visuellement même en intellectualisant d'en tirer un plaisir sur l'un ou ces deux niveaux. Mais sans aucun doute, elle était une artiste talentueuse, une femme intelligente et intéressante, qui nous a laissés une oeuvre marquante.

Ce genre de livre si, bien documenté et écrit, est toujours très intéressant et passionnant à lire, ce qui est ici le cas. On y apprend un tas de choses sur l'Art et la Vie, qui confirme la citation de l'artiste Robert Filliou, « l'art est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art »......



–Un masque ? .......

-C'est le visage de quelqu'un qui est prisonnier de la vie quotidienne, prisonnier de ses émotions et qui ne l'accepte pas.

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Louise Bourgeois face à face

Imaginez : « C'est un jour de 1982, Louise Bourgeois m'ouvre la porte de sa maison. »

Un rêve ? Non, le début du récit d'une série de rencontres entre Louise Bourgeois (Paris 1911-New-York 2010), la célèbre artiste plasticienne et un jeune critique d'art, Xavier Girard.



Il est venu pour tenter d'approcher le mystère de cette artiste inclassable au caractère bien trempé, ce petit bout de femme fascinante dont les sculptures sont souvent dérangeantes, monumentales, comme ses « Maman », gigantesques araignées de métal disséminées un peu partout sur la planète. Le début du récit est certes un peu convenu mais il va rapidement prendre un tour très inattendu.



Louise va mener la danse, prendre rapidement l'ascendant (comment aurait-il pû en être autrement finalement ?) et faire vivre au jeune critique une expérience intime inoubliable en réalisant son masque mortuaire, ce qui lui fera dire ironiquement « J'ignorais, en venant vous voir, que j'y laisserais ma peau ».

Irrésistiblement malicieuse, Louise, n'est-il pas, de « matérialiser ce que le corps éprouve au-dedans » par une sculpture aussi…personnelle.



Habilement construit donc , ce texte mêle éléments biographiques indispensables, échanges de plus en plus personnels, piquetés d'humour ce qui ne gâte rien, et surtout confidences de Louise sur son travail et l'art plus généralement.



Le tout est juste passionnant.

« Elle n'a jamais dessiné que des actions ou des événements qui lui sont arrivés. »

« Seule la vie intime, ce qu'on éprouve à l'intérieur de soi, le rythme des émotions, l'intéresse. »

« Elle fait de l'art parce qu'elle veut devenir consciente de ses désirs. »

Et pour conclure :

« Sans la sculpture, j'aurais été écrasée. »
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Louise Bourgeois face à face

« On s'exprime pour réaliser quelque chose qui tienne le coup, et pas l'inverse ».

C'est à dire qu'on ne réalise pas pour s'exprimer. L'expression naît d'une énergie. Quelle soit une énergie générée par la joie, la douleur, la peur, l'angoisse, la passion, la haine ou par l'amour , l'expression est énergie.

Elle n'est pas l'objet de la réalisation. Peut être en est elle la conséquence. La réalisation est l'objet.

Brut, direct, total. Entier

Ne pas chercher midi à quatorze heures. Ne pas sous entendre, ne pas en déduire. Ne pas juger. Ni considérer.

Il faudra ne rien en dire, en jouir ou passer son chemin.

Connaître l'énergie qui a fait naître l'objet ? Inutile. Inutile également de demander à l'artiste de justifier.

« L'art est injustifiable ».

C'est brut, tranchant, perçant. Ça met en pièces. Ça ouvre, dissèque, ça coupe. Ça enlève, ça prend, ça vous remonte, vous suspend, vous assoie, vous projette, vous arque, vous tord, vous prolonge, vous allonge, vous recule, vous avance, vous cloue, vous hurle, vous vide, vous remplit, vous dresse, vous lie, vous sculpte . Vous pile et vous face à la fois. Ni ceci ou cela mais ceci ET cela. Janus fleuri quand Louise sourit. Voilà là .. tout.

Louise Bourgeois. Une énigme ? Un mystère ? Là n'est pas la question. Là ne sera jamais la question. Louise Bourgeois. C'est une énergie. Déroulante, enveloppante, déchirante, déroutante, dévoilante, brûlante glaçante, pensante. Entre fragilité et déséquilibre ça tient le coup.

Une de ses plus importantes énergies ? : la peur. Une angoisse. Un traumatisme.

Ce qu'elle réalise la regarde, la concerne. Elle ne parle pas pour délivrer, confier. Elle sculpte, peint, grave. Voilà .

Elle exorcise.

«  La peur est un sentiment négatif. On est attrapé, on est hypnotisé par la peur. Je fais de la sculpture pour l'exorciser . Lui échapper ».

« Les gratte-ciel ne font pas seulement dresser la tête des passants, ils donnent à ceux qui sont seuls une bonne idée de la peur ».

Elle répare, renoue, en joue.

Elle vous expliquera jusqu'à la limite qu'elle seule décidera.

Les critiques ? Ce sont des juges. Ne l'oublions pas : «  l'art est injustifiable ». Partant de là pour arriver devant Louise Bourgeois, le chemin risquait d'être dangereux..Dangereux ou bienfaisant..

Les critiques ? Ce sont des idiots.

« Allez-y, faites le critique, pendant que vous y êtes, mais je vous préviens, vous n'arriverez à rien. La critique est à pouffer de rire. Vous croyez que les artistes n'ont que les autres artistes en tête ? Vous vous trompez.L'art n'est pas une course-poursuite dans le marathon de l'Histoire. Chacun y voyage en solitaire des années durant. Et passe par des points qui ne figurent sur aucune carte. Ce n'est pas pour finir das la petite boite à idées du critique que les artistes font ce qu'ils font. »



Xavier Girard en allant interviewer Louise Bourgeois n'imaginait pas où cet artiste allait l'emmener.

C'est à dire : Devant lui même. Elle en a décidé.

Louise Bourgeois avant beaucoup d'humour, un humour déchirant. Elle était puissamment intelligente. Trop peut être pour le siècle qui l'avait vu naître.

Enfance traumatique et faussement ... dorée. Perversion d'un père, adoration d'une mère. Regards croisés . Des liens du sang. Écorchant.

Elle collectionnait les maisons vides, elle dessinait des femmes maisons. Maison mémoire, maison souvenir, maison cauchemar.

« Le temps renvoyait aux périodes cachées de son enfance, aux enfouissements et aux réminiscences d'un passé avec lequel elle avait rompu en quittant la France. C'était un fardeau dont il fallait se débarrasser en lui donnant la forme la plus exacte possible ».

« La fillette » ? Un phallus , un être vulnérable- à protéger. Aucun danger. Chasser le diable père. La peur, l'angoisse, la colère l'amour s'expriment, voilà l'objet. Un objet. Ce n'est plus qu'un objet. Un désir ou une question ? Elle n'en fera pas mystère. La photo prise par Robert Mapplethorpe en 1982 est là. L'expression de Louise Bourgeois à cet instant ? A qui s'adresse-t-elle ? Et si cela ne nous regardait pas ?

Elle a tué le père, l'a dévoré, l'a transformé, s'en est moqué. Ne le craint pas.

Louise est libre de répondre ou pas. Elle est qui elle veut et veut être ce qu'elle est.

Elle est entière et prend ce qui lui revient de droit.

Mirage, naufrage, voyage, sauvetage. Cellules- Miroirs , parfois nuit noire.

« Elle dessine, elle ne peint pas ou ne peint plus depuis 1949 et ses dessins e sont pas de « beaux dessins », mais des pense-bêtes, des pensées visuelles, ce sont parfois des idées de sculpture, parfois pas, des souvenirs isolés ou non, des scènes avec des écritures, des variations sur un thème, des notes, des graphiques, des répertoires, des fureurs, des punitions qu'elle s'inflige, des histoires sans paroles, des « tombeaux », des hommages secrets ».



Xavier Girard ne trouvera pas ce qu'il est venu chercher.

Louise prend la main, elle décide.

Elle n'est pas un jouet. Pas un objet. Elle veut prendre l'empreinte du visage du jeune critique. Elle prendra ce qu'elle voudra.

« Les artistes du 13e siècle remplaçaient la peur par l'image. Ils pensaient en images. La joie et la souffrance passaient dans la pierre au travers des images, ça devait être très impressionnant ».



« De quoi avez vous peur ? »…

Première question de Louise Bourgeois posée au jeune critique.



«  Toi, que dis-tu de ce que tu es en croyant dire ce que je suis ? »



Que disons de ce que nous sommes en croyant dire ce que sont les autres ?

Grande question, belle claque. Phrase superbe.

Je la prends. Elle me laisse son empreinte en pleine page.

Xavier Girard a rencontré Louise Bourgeois, mais sans aucun doute a t il reçu une des plus belles leçons de sa vie de critique. Entre le masque et le visage... Ce que je montre n'est pas qui je suis.

L' empreinte d'une « évidance ».

Intelligente, bienveillante et malicieuse, Louise Bourgeois.



Astrid Shriqui Garain



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Matisse : Nice, 1917-1954

Collection mémoire de l'art, éditions Assouline



Rien de tel que d'ouvrir un livre sur Matisse pour conjurer la grisaille. "la tempête à Nice", inséré par l'éditeur au 2/3 du livre est un tableau peint par l'artiste installé à l'hôtel Méditerranée et de la Côte d'Azur lors d'un second séjour à Nice de novembre 1918 à 1921. On retrouve le soleil et la lumière de part et d'autre de cette reproduction. Si Matisse a voyagé autour de la Méditerranée avant 1917 (Collioure, Tanger, l'Espagne, Marseille) c'est à la fin de cette année là et jusqu'à sa mort en 1954 qu'il choisira Nice pour des séjours qui seront parfois de longue durée. C'est une approche très synthétique de cette période que propose Xavier Girard avec ce livre au format attractif, ni trop grand, ni trop épais, dont les pages ne demandent qu'à se laisser tourner et contempler.



Au gré des séjours niçois, on retient qu'à peine installé à l'hôtel Beau-Rivage fin 1917, il rend visite à Renoir dont la peinture peuplée de nymphes, dit-il, "sauve de l'abstraction pure, de ce qu'elle a de desséchant ». de grandes natures mortes restent aussi de cette époque. La période que l'on désigne généralement en peinture comme "la période de Nice" s'étend stricto sensu de 1921 à 1930 tout en la dépassant largement. Il a choisi d'habiter alors 1, place Charles Félix (il y demeurera en alternance avec Paris jusqu'en 1938). Il réalise à ce moment là un premier cycle de peintures d'intimité (lié à la présence d'Henriette Darricarrère, son modèle entre 1920 et 1927) : le temps des odalisques. Au milieu du livre, on peut admirer sur deux pages, "L'odalisque au coffret rouge" (1926). Des voyages viennent ponctuer les séjours niçois : Tahiti (deux mois en 1930) lui permet de se détacher de ses rêveries décoratives dont il tentait de se défaire depuis 1928. En 1930 également, Matisse commence à travailler pour Barnes et sa célèbre fondation de Merion près de Philadelphie. Plusieurs voyages aux Etats-Unis seront nécessaires pour finaliser ce projet de décoration monumentale ayant pour thème la danse et pour lequel il loue même un garage 8, rue Désiré-Niel, recréant les conditions exactes de l'endroit où cette composition immense prendra place. Trois ans de travail seront nécessaires pour cette oeuvre (nombreux dessins et études conservés au musée Matisse de Nice : Danse inachevée 1931, Danse de Paris 1931-1933, Danse de Merion 1932-1933).



[...] "Un jour la peinture de chevalet n'existera plus à cause des moeurs qui changent. Il y aura la peinture murale. » C'est Merion qui lui donne cette conviction.



Entre 1935 et 1939, il renoue avec le thème de l'odalisque sur des formats de chevalet. Il approfondit la technique des gouaches découpées et travaille à des projets de tapisserie (1935 à 1943). La photograhie prend alors une place centrale dans le processus de création de son oeuvre. "Intérieur bleu et jaune" (1946), "Intérieur rouge, nature morte sur table bleue" (1947) sont deux tableaux réalisés à la villa le Rêve à Vence, qui illustrent la dernière grande série de son oeuvre consacrée à des intérieurs vencois. de 1938 à 1954, il réside à l'hôtel Régina sur les hauteurs de Cimiez d'où il va mener à bien le projet de la chapelle de Vence de 1948 à 1951, dessinant directement sur les murs et sur le plafond de sa chambre à l'aide d'un long bambou.



« Privilégier la pureté des moyens » était pour lui une nécessité.



On referme le petit livre jusqu'à un prochain jour de pluie.









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Matisse. Une splendeur inouïe

Présentation d'un artiste tout à fait fascinant qui est devenu l'emblème des fauves: Matisse. Un ravissement visuel !
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Louise Bourgeois face à face

Un face à face étonnant et percutant entre une des plus grandes sculpteurs du siècle dernier et un critique, jeune et légèrement arrogant à cette époque. Devenu modèle modelé entre les mains de l'artiste il apprendra une forme de modestie introspective. Très intéressant
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