Je serais resté volontiers plus longtemps. Je me sentais vraiment loin à Dong Khé. Détaché. Presque paisible. Le calme, je sais, était trompeur. Je m'en rendrais bien compte à mon retour fin 1945. Le saccage alors ne ferait que commencer. N'empêche, il me suffit de fermer les yeux pour revoir les montagnes englouties sous la verdure épaisse, les rizières en terrasse. Je fais un signe de la main à ce petit lieutenant d'à peine plus de trente ans, accoudé aux créneaux du poste, le regard perdu dans le paysage. Ma belle Indochine.