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EAN : 9782246823018
144 pages
Grasset (05/02/2020)
3.5/5   13 notes
Résumé :
C’est un homme dont la vie embrasse le siècle. Engagé à 17 ans dans les années 20, il est envoyé en Allemagne, officier à 25 ans au Maroc et au Tonkin, chef de bataillon à Nouméa en 1939. Après l’appel du 18 juin, il est un des premiers à rejoindre la France libre. Sa carrière reprend à la tête de régiments en Indochine et en Algérie, jusqu’à un modeste crime de lèse-majesté qui lui coûte cher. Mais en ce début des années 1970, il n’est qu’un vieux militaire retrait... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique

Ceci est le carnet d'un homme qui s'ouvre aux funérailles de son épouse. Officier de carrière à la retraite, François évoque ses années de service pendant lesquelles il était prêt à mourir pour la patrie. Il entremêle certains événements de sa vie privée, en particulier l'échec de son mariage et ne plus avoir depuis longtemps un lien quelconque avec ses deux fils. Ces funérailles sont également le moment qu'il choisit pour reprendre contact avec Jeanne, une femme autrefois aimée avec passion et avec qui il a eu un fils qu'il n'a jamais rencontré. Mais après autant d'années, cet homme taiseux peut-il espérer être enfin heureux et connaître ce fils dont il ne sait rien.

Xavier Houssin rend ici hommage à son père qu'il a brièvement connu. Ce texte court empli d'émotion fut pour moi synonyme d'uppercut.



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Coup de poing, coup de coeur !
Pour le poing :
L'officier de fortune donne la parole à un type de personnage qu'on ne trouve plus guère dans la production littéraire contemporaine : le soldat de carrière. Il a longtemps fait contre mauvaise fortune bon coeur, incarnant ces soldats issus des classes populaires, valeureux et obéissants qui ont traversé le vingtième siècle en faisant front pour finalement constater que leurs efforts, leurs sacrifices, leurs camarades disparus, leurs vies saccagées n'ont pas servi à grand-chose. Ils avaient combattu vaillamment, souvent pris le dessus sur l'adversaire pour, la plupart du temps, devoir se retirer, abandonnés par les politiciens, dans l'indifférence générale.
L'amertume du personnage, on la ressent de la première à la dernière page : « En 1928, à vingt-cinq ans, je débarquais au Maroc. Notre monde alors était immense. Mais voilà. Tout ce en quoi j'ai cru, tout ce pourquoi je me suis battu, n'existe plus. »
Pour le coeur :
L'auteur réussit à raconter un père dont il n'a fait la connaissance qu'à vingt ans, avec lequel il n'a eu que très peu d'échanges et dont il ne connait que ce que sa mère a pu lui en dire. Et pour ce faire, c'est le père qui parle, revivant en phrases courtes, comme l'avare de mots qu'il a toujours été, sa vie, ses échecs, son amour sacrifié et ce fils inconnu à peine croisé.
Est-il encore temps d'être enfin un peu heureux auprès de l'amour de sa vie ? de faire la connaissance du fils caché que le narrateur appelle pudiquement « le garçon » pour bien marquer, me semble-t-il, cette impossibilité qu'il a (qu'ils ont ?) à effacer les années perdues, l'absence et l'ignorance mutuelle. « Demain… j'aurai soixante-dix ans… j'ai pensé à l'âge, à ce qui me restait. Un an ? Cinq ans ? Dix ans ? Pas de quoi faire des projets en tout cas. »
« Il fallait bien que l'on fasse enfin connaissance tous les deux. Et que l'on se parle. Mais pour se dire quoi, grand Dieu ? »
Autant le dire tout de suite, c'est une grande réussite, pleine de sensibilité, de finesse et d'émotion. L'hommage d'un fils à un homme qu'il n'a pas connu mais auquel il redonne la parole et la vie le temps de ce court récit. Avec beaucoup de pudeur et de retenue, Xavier Houssin nous conte une vie aventureuse, une passion amoureuse contrariée, une fidélité au drapeau et à la famille très mal payée en retour et aussi cette distance impossible à réduire avec « le garçon », lui, ce fils qui n'en sera jamais vraiment un du vivant de son père.
A titre posthume, l'auteur rend un bel hommage à son père pour lequel il hisse une dernière fois les couleurs. Je recommande vivement ce très court et très fort roman, qui m'a particulièrement touché, et auquel je n'ai trouvé qu'un seul défaut qu'il me faut à présent préciser.
N'ayant aucun talent littéraire, doté d'un style que mes professeurs de lettres ont souvent qualifié de « lourd », j'ai toujours été à l'abri de la folle idée, traversant tant d'esprits fragiles, de m'imaginer capable de raconter une histoire susceptible d'intéresser le moindre public. Je me dois donc de dénoncer le caractère pernicieux de ce roman extraordinaire dont la puissance, si je n'y prenais garde, serait de nature à me faire changer d'avis, tant j'y ai retrouvé des pensées, des interrogations, des émotions déjà éprouvées pour avoir moi-même connu et perdu un autre officier de (mauvaise) fortune à la trajectoire professionnelle et sentimentale équivalente. Nous nous étions très peu fréquentés pendant mes vingt premières années. Je n'ai réellement fait sa découverte qu'un mois avant sa mort… Mon père.
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1970. François, militaire à la retraite, fait le bilan. Tout juste veuf, il repensera au naufrage qu'a constitué son mariage avec Yvonne. Les deux fils qu'ils ont eus ne lui adressent presque plus la parole et ne veulent pas le voir. Il essaiera alors de donner une seconde chance à la liaison extra-conjugale qu'il a maintenue auprès de Jeanne, et avec qui il a eu un autre fils qu'il n'a encore jamais rencontré. Ce roman sonne comme un deuxième départ dans le quotidien de François.

C'est un roman très court, mais assez percutant que j'ai découvert. J'ai fortement apprécié cette lecture, qui, bien qu'elle aborde des thématiques très dures, laisse pourtant à son lecteur une impression de nouveau départ pour le personnage principal.

François s'est retrouvé totalement à l'étroit dans un mariage qui ne lui apportait que frustrations et peines. Il n'a jamais eu le courage de partir, et bien évidemment, on ne peut ressentir qu'empathie envers lui, et envers Jeanne, son amante, qui se sont constamment interdit le bonheur, François étant finalement trop lâche pour partir.

En filigrane, François nous narrera ses expériences de militaire, sa rencontre avec Jeanne, ses péripéties. C'est vraiment intéressant à suivre, et l'auteur sait garder un juste équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle de François.

La plume de l'auteur est douce. Xavier Houssin réussit à faire passer les émotions. le texte est narré à la première personne, presque à la manière d'un journal intime. François se livre à son lecteur.

Un très beau roman, empli de douceur, sur un homme qui s'accorde la possibilité d'être à nouveau heureux maintenant qu'il est à la retraite. Les émotions sont parfaitement retranscrites. Une belle découverte,
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C'est avec beaucoup de pudeur que Xavier Houssin s'intéresse ici à la figure du père. de son absence à ses traitrises, de l'homme engagé au combat, ambitieux et volontaire à l'homme lâche et aux illusions perdues, c'est toute une personnalité riche et complexe qui se dessine. Une figure nuancée, décrite avec beaucoup de sensibilité, qui s'autorise sur le tard à se laisser aller à la douceur de l'amour partagé. L'oeuvre est courte, bien écrite et nuancée. A découvrir.
Lien : https://leblogdeyuko.wordpre..
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j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce court roman qui retrace la vie d'un homme qui aura été tiraillé longtemps entre une épouse qu'il n'aime plus mais l'a t'il jamais aimé et une maitresse qui sacrifiera beaucoup pour lui . Sa carrière de militaire lui permettant de vivre plus souvent avec celle-ci que celle-là. C'est tendre , plein de pudeur , teinté d'humour mais de non-dits également qui parfois pèsent lourds arrivé un certain âge. Un très beau portrait d'un homme et d'une femme avec leurs défauts et leurs qualités .
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critiques presse (1)
LeMonde
17 février 2020
Poignant hommage à ce père tard connu, L’Officier de fortune est aussi, en creux, une évocation magnifique de Jeanne, à laquelle Xavier Houssin avait consacré La Mort de ma mère (Buchet-Chastel, 2009). En Indochine, elle avait pour nom de guerre « Mine de rien ». Et c’est comme « mine de rien », lui aussi, que Xavier Houssin glisse un texte de si longue portée dans son roman d’à peine 150 pages.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Hier, toujours dans mon rangement du bureau, j'ai remis la main sur un petit carnet que ma mère, avec d'autres papiers ayant appartenu à mon père, m'avait donné au moment de mon mariage en 1926. Sans même y jeter un coup d'oeil, j'avais enfermé alors ce trois fois rien dans une enveloppe que j'avais ensevelie dans le tiroir d'une commode. Je n'avais que faire de souvenirs pieux...
Mon père avait tracé le titre de sa fine écriture pointue : Les aïeux. Suivaient des noms, des dates. Une génération par page. Grâce à qui, par quel moyen était-il parvenu à remonter ainsi sa filiation ? je découvrais une flopée de François, des Jacques, des Richard. Des Marguerite, des Marie, une Geneviève, une Etiennette. Des charpentiers, des sabotiers, des laboureurs. Tous ou presque, venant de Sainte-Pience, une commune d'un peu plus de deux cents habitants à l'intérieur des terres... Mon grand-père était le premier à avoir quitté le bocage pour la côte. Le plus lointain ancêtre du carnet était né en 1625. Je me suis remémoré mes cours d'histoire. Louis XIII et Richelieu. Mieux : la date à laquelle Dumas fait débuter ses Trois Mousquetaires. Mais il ne devait être guère question de cape et d'épée dans le Sainte-Pience de ce début XVIIème.
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J'attache de l'importance aux dates. Ou plutôt je m'en souviens. Ainsi de l'anniversaire de Jeanne, le 19 mars. Jusqu'à nos retrouvailles, ce jour n'était plus pour moi que celui du honteux cessez-le-feu en Algérie. Son évocation seule me mettait en rage... Depuis qu'en avril 1958 j'avais quitté le commandement du 4è RIC en opérations là-bas, j'avais suivi les événements au fur et à mesure. Il était clair, quand même, que nous l'avions gagnée, cette guerre. Les rebelles étaient sans cesse pourchassés, défaits... Ils étaient en pleine déroute. Pourquoi n'avons-nous pas poussé la reconquête jusqu'au bout ? Au contraire, nous leur avons cédé le pays, contraignant les Français à fuir. Les laissant sans rien faire massacrer atrocement nos supplétifs. J'imagine avec horreur ce qu'ils ont pu subir. Je venais d'arriver à Gafsa quand on eu lieu les tueries du Constantinois. Le FLN et ses affidés s'étaient livrés à une boucherie abominable. Les victimes étaient pour la plupart des Européens mais aussi de leurs coreligionnaires qu'ils jugeaient traitres ou simplement tièdes. Des hommes, des femmes, des enfants. Egorgés, éventrés, démembrés. Voire pire. Le chef de ces assassins était un certain Zighoud Youcef. Il allait rendre son âme au diable, un an plus tard, en septembre 1956, dans une embuscade à El-Hamri, sur les hauteurs de Sidi Mezghiche. Je tire une certaine satisfaction à ce que ce soit des hommes de mon régiment qui lui aient réglé son compte.
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Il a eu dix-huit ans, m'a-t-elle dit, en septembre. Il vient de rentrer à l'université. Il apprend le chinois. Moi qui ai arrêté le collège en classe de première. A son âge, je m'étais engagé pour quatre ans. Le matin du 14 novembre 1921, je n'ai pas oublié la date, après un long voyage en train, une nuit à l'hôtel, je m'étais rendu à la caserne Stirn, à Strasbourg, pour être incorporé. J'ai encore, vive en moi, mon appréhension de jeune homme, endeuillé, inquiet. Faussement sûr de lui, et déjà fataliste. On verrait bien. J'ai vu. Je me demande si le garçon a ressenti quelque chose à son premier jour à la faculté. Je sais, ce n'est pas pareil. Qu'est-ce que les étudiants de nos jours ont dans la tête ? Pour l'idée que j'en ai, ce sont des enfants gâtés qui s'ennuient, jouent avec des allumettes et battent des mains tout en criant : Au feu !
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Janvier est incroyablement doux. On se croirait au printemps. Les mimosas et les camélias ont fleuri. Il pousse déjà des primevères partout sur les talus. Je chasse de moi l'idée qu'immanquablement le froid va arriver d'un coup et blanchir de givre tout ce bizarre renouveau. Je n'y peux rien, je n'arrive jamais à me réjouir complètement. J'attends toujours le revers, la catastrophe. Ils me paraissent inévitables. Comme si le moindre abandon, la moindre satisfaction, devaient à chaque fois se payer très cher. Ce pessimisme inquiet m'a toutefois protégé. En m'attendant au pire, je finissais par trouver supportables les épreuves que je rencontrais. Elles étaient le moindre mal.
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Je serais resté volontiers plus longtemps. Je me sentais vraiment loin à Dong Khé. Détaché. Presque paisible. Le calme, je sais, était trompeur. Je m'en rendrais bien compte à mon retour fin 1945. Le saccage alors ne ferait que commencer. N'empêche, il me suffit de fermer les yeux pour revoir les montagnes englouties sous la verdure épaisse, les rizières en terrasse. Je fais un signe de la main à ce petit lieutenant d'à peine plus de trente ans, accoudé aux créneaux du poste, le regard perdu dans le paysage. Ma belle Indochine.
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Video de Xavier Houssin (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Xavier Houssin
“Rien ne t'appartient”… « À peu près au milieu du roman, il arrive quelque chose à l'héroïne. Elle est dans un lieu où elle va être enfermée, elle va être domestiquée, et la directrice de ce lieu lui dit ça, la première fois qu'elle la voit. Elle lui dit : « rien ne t'appartient». Tout le monde lui dit « rien ne t'appartient ». En réalité, personne n'arrive à toucher ce qui lui reste de plus cher. Ce qui lui est intact. Son intégrité, son coeur, la manière dont elle pense. La manière dont elle bouge avec son corps. Et ça, ça lui appartiendra toujours. » ***
Découvrez l'entretien de l'autrice, qui répond à nos questions sur son nouveau roman : “Rien ne t'appartient”
« J'aime beaucoup ce moment de bascule quand quelqu'un d'ordinaire mène sa vie, et qu'il lui arrive quelque chose d'extraordinaire. Et souvent mes récits naissent dans ce creuset-là, dans cette brèche-là où l'ordinaire devient extraordinaire. Et j'ai l'impression que souvent ça se passe dans l'enfance. »
*** « Rien ne t'appartient est un roman physique - ses phrases prennent à la gorge, dévorent, hantent. C'est une prose magnifique parce que de ces ombres, de ces fantômes jaillit une lumière, malgré tout. Un tour de force. » Mohammed Aïssaoui, Le Figaro Littéraire
« Ce livre très intime, à la fois physique et secret, parle du mal qu'on fait aux filles. de ce qui leur est interdit. de ce qu'il leur faut taire. de ce qu'elles doivent payer. » Xavier Houssin, le Monde des Livres
« Superbes retrouvailles avec l'écriture sensuelle et engagée, sur la condition des femmes et l'état du monde, de Nathacha Appanah. » Valérie Marin La Meslée, le Point
« D'une grande et violente beauté. » Augustin Trapenard, Boomerang
« Ce roman profond analyse un être au destin déformé par les ondes sismiques d'une violence frontale, ou de biais. Écriture implacable, apte à arracher les masques, à bannir les faux-semblants. » Muriel Steinmetz, L'Humanité
Prix des Libraires de Nancy – «Le Point» 2021
Découvrez le nouveau roman de Nathacha Appanah http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Blanche/Rien-ne-t-appartient
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