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Critiques de Xavier-Marc Fleury (16)
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Riposte Apo

Chaque année, l’association ImaJn’ère organise un salon littéraire dans le centre d’Angers ainsi qu’un concours de nouvelles menant à une anthologie. 2013, année post-prévisions mayas de décembre 2012, fut l’occasion de publier deux volumes, l’un davantage polar (Total Chaos), l’autre plus centré sur l’aspect science-fictionnel des choses (Riposte Apo). C’est ce dernier opus qui voit des nouvelles de Thomas Geha, Arnaud Cuidet ou bien Patrice Verry composer son sommaire.



C’est Thomas Geha qui ouvre le bal dans le décor d’un « Ciel bleu d’un hiver à jamais » ; cet habitué des mondes post-apocalyptiques s’appuie sur une petite fratrie qui déambule sur un terrain hostile pour esquisser une histoire de fin du monde pourtant pas complètement dénuée d’une lueur d’espoir bienvenue.

Christian Vilà joue une carte déjà plus provocante avec « Pose ta peau, Calypso ! » : seule rescapée de trois épidémies dévastatrices, la jeune fille dénommée Calypso en vient à s’imaginer en nouvelle mère nourricière d’une Humanité en manque de chair.

« Un ciel parfait » est un doux euphémisme pour Romuald Herbreteau, puisqu’il prend place dans un monde en guerre particulièrement proche de notre situation. Si vous ne connaissez pas le Kazakhstan, il est toujours intéressant de le découvrir sous les tirs ennemis et en enjambant les cadavres de vos compagnons...

Dans « La fin des Puissants », Romain d’Huissier pose la question du renouvellement de l’espèce dominante dans un monde accaparé par l’espèce humaine depuis trop longtemps. Mystère et astuce font le sel de ce texte relativement court.

Sylvain Boïdo, l’un des lauréats du concours ImaJn’ère 2013, nous décrit « L’éclat des Ténèbres » au bout d’un suspense haletant entre amour et torture. Le monde post-apocalyptique qui sert de toile de fond n’est qu’esquissé, mais pose suffisamment de malaise pour s’y sentir happé.

Avec « Les Affamés », le spécialiste de jeux de rôle, Arnaud Cuidet, a tout compris du renouvellement du genre post-apocalyptique en revenant à l’essence même du terme : une révélation. Samuel, héros involontaire d’une évasion en règle d’une de ces Enclaves post-apocalyptiques, va subir/jouir/profiter d’une révélation personnelle salvatrice. Le fait e la rupture avec le monde précédent soit symptomatique de notre époque et que les affamés soient des zombies plus mystérieux qu’à l’accoutumée ne gâte évidemment rien.

Artikel Unbekannt tourne sa nouvelle « Caïn et la belle » avec roublardise et simplicité : un homme, un réveil, une femme, une rencontre. Si le déroulé est rapide, les éléments sous-jacents sont plus intéressants, autour notamment d’une religion teintée d’humour noir.

C’est avec ses « Songeries dans l’antichambre de la Mort par l’Horloger de l’Apocalypse » que Jean-Valéry Martineau fut également sélectionné en tant que lauréat d’un des concours ImaJn’ère 2013, c’est mérité tout d’abord par le fait qu’il ne regarde pas, comme habituellement, les conséquences de l’apocalypse, mais plutôt son déclenchement. Ensuite, il ne gâte rien avec la mise en action de deux personnages puissants : l’Horloger de l’Apocalypse qui voit notre monde toujours s’entredéchirer et chercher sa destruction, et la Mort, traditionnelle Faucheuse toujours prête à faire couler des rivières rouge sang.

Le duo Batista & Batistuta nous relate, quant à eux, un retour sur une Terre accaparée par un Satan volcanique. « Mike Mana contre Satan », c’est alors un peu de space opera, une histoire d’amour à la hauteur et quelques sirènes à sauver, le tout dans une atmosphère de fin du monde destructrice façon « Tapisserie de l’Apocalypse ». Si le titre sous-entend un affrontement final bateau, il n’en est rien, rassurez-vous.

Misez sur « La peine Capitale » de Christian Bergzoll pour suivre le chemin vers de nouvelles vies après des catastrophes météorologiques dévastatrices. La destinée des futures générations est alors en question : que faire si des nouveau-nés arrivent ? que faire s’ils n’arrivent pas ? Rien ne vaut mieux qu’une jeune fille qui se pose ce genre de questions pour être notre narrateur.

Comme souvent dans ses nouvelles, Jérôme Verschueren mise avec « Métabole » sur un récit percutant et quasi anatomique (descriptions des plus précises à l’appui). Pourtant, ce n’est pas l’attrait principal ici, puisque l’auteur lève le voile très progressivement sur un devenir possible de notre condition en parcourant d’innombrables galeries souterraines sans fin et surtout sans grand espoir, ambiance !

Tesha Garisaki, une des lauréates du concours de nouvelles ImaJn’ère 2013, lance « Seul » son héros à la recherche de survivants. Brest, Rennes, Nantes, Angers, l’Ouest de la France est parcouru à la vitesse de ce qui marche encore, et en l’occurrence les jambes de son héros.

Non sans une certaine ironie et une ironie certaine, Brice Tarvel déclare avec sa famille quasi parfaite, « Enfin l’apocalypse » ! Tout est parti en miettes et le quatuor composé de P’pa, M’man, Florentin et Miquette prépare la survie. Bons mots et coups du sort au programme !

À partir d’un article de Ciel & Espace, Patrice Verry compose, lui, un condensé de sept milliards d’années de l’histoire de l’humanité qui prend son origine dans « Une visite au Mont-Saint-Michel », attendez-vous donc à une visite-éclair et à des voyages dans le temps fulgurants !

Quant à lui, Xavier-Marc Fleury tente de sauver « Les derniers terriens » dans une opération militaire mêlant plusieurs espèces d’humanoïdes un peu déjantés contre des une attaque de la Terre par des êtres suprêmes répondant au nom d’Entité. La fin du monde est pour maintenant !

Comme à son habitude, et par exemple comme dans Rétro-Fictions (l’anthologie d’ImaJn’ère 2014), Robert Darvel tisse un récit bien construit où il préfère se mettre en scène dans Angers, ville où chats et tapisseries font bon ménage. « Sept pour un million » est alors une courte fuite en avant dans une ville en proie au démontage/dépliage en règle.

Guillaume Bergey, autre lauréat d’un des concours ImaJn’ère 2013, nous lance dans une quête pour « Le Sérum ». Dans une Angers post-apocalyptique divisée notamment entre Hospitants, Errants et Îlotiers, les armes lourdes sont de sortie au prix de ce qui vit et de ce qui peut donner de l’espoir, ou ce qu’il en reste.

C’est enfin Julien Heylbroeck qui clôt ce volume à grands coups d’« Absinthe » en une nouvelle courte mais intense, et surtout particulièrement noire sur les conséquences de catastrophes nucléaires comme Tchernobyl ou plus récemment Fukushima. La question de la mémoire est bien prégnante ici.

Rien que dans les choix relatifs à l’événement « apocalyptique », il y a de tout, donc, ici : que ce soit sur le déclenchement, la réalisation ou les conséquences bien après, nous pouvons découvrir dans Riposte Apo tantôt des récits intimistes, tantôt des univers plus approfondis, allant de la catastrophe écologique à l’extermination technologique, en passant par la damnation satanique et l’accident bête.

Notons, enfin, que l’environnement angevin et tout particulièrement la Tapisserie dite de l’Apocalypse de Saint-Jean, conservée au château d’Angers, ont inspiré bon nombre de contributeurs de cette anthologie. Qu’elle soit utilisée comme véritable toile de fond, comme simple accessoire du récit ou bien comme sorte de deus ex machina lui subodorant un pouvoir mystique et/ou destructeur, cette œuvre d’art médiévale mérite encore bien des égards. Elle aurait même pu constituer une section à part entière au sein de cette anthologie.



Riposte Apo est donc une anthologie en accord avec son sujet : particulièrement noire. N’y venez pas un soir d’orage, au cœur de l’hiver, alors que la déprime pointe et que votre vie amoureuse part à vau-l’eau ! Dans toute autre situation, il est toujours agréable de voir ce que des auteurs amateurs ou professionnels ont pu faire, en peu de pages chacun, d’un thème aussi rude que la catastrophe apocalyptique.

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Tombé les voiles

Le prix mille saisons prend encore plus d'ampleur avec cette 3ème année d'existence. À partir d'un thème "Tombé les voiles", vingt nouvellistes explorent les contrées de l'imaginaire : science fiction, fantasy urbaine et fantastique, drame et humour, uchronie et post-apocalypse. Face à la qualité des textes présentés, difficile de deviner quel sera l'auteur lauréat du prix 2018. J'apprécie ce format car il permet de découvrir des genres qu'à priori on ne lirait pas spontanément. Voici un retour sur les textes.



-Philippe Auréle Leroux (texte Bison blanc) nous invite dans le nord de Detroit pour nous plonger dans un thriller policier baigné de chamanisme indien. Très visuel, fouillé, avec une forte symbolique, j'aimerais qu'un dessinateur de BD s'en empare.



-Yvan Barbedette (texte : Pandore déconnectée) peint un futur dans lequel l'âge stagne pour tous à 22 ans et où chacun a la capacité de se connecter par l'esprit au monde entier. Cette idée lui permet d'explorer une nouvelle forme de société dans laquelle la famille est destructurée. Ce texte fourmille d'idées, et j'espère que cet écrivain nous proposera prochainement un roman issu de cette mise-en appétit !



-Xavier-Marc Fleury (texte : noir) joue avec les sens et les certitudes du lecteur en faisant basculer le monde contemporain dans le chaos (difficile d'en dire plus sans trop en révéler...). Une idée originale et un récit entraînant qui incite le lecteur à s'identifier au personnage principal ou à le rejeter.



- Edward Noyce (texte Edmotype) m'a rappelé mes vieilles lectures d'Edgar Poe, Maupassant et Robert Houdin avec ce récit qui se déroule au XIXème siècle à l'heure de l'apparition de la photographie. Peut-on parler de classicisme fantastique ? Je ne pense pas car l'auteur glisse au final une critique du pouvoir assez contemporaine.



- Johann Vigneron (Texte : La machine à café) Chapeau à l'anthologiste qui a su à merveille disposer les 21 textes en variant les rythmes, les styles et les univers. Chaque nouveau texte nous surprend, et celui de Johann Vigneron, Stephen King de l'érotisme, est largement dosé en caféine !



- Danü Danquiny (texte : Indice de récupération). Au début, j'ai trouvé que le sujet de cette nouvelle, une uchronie axée sur la manipulation scientifique des populations en 2062, avait été déjà beaucoup traité en SF. Pourtant le style de Danü Danquiny lui confère une force et un cynisme redoutables.



-Fabien Rey (texte : enchanteur des vents). À nouveau un univers que l'on aimerait voir développer dans un roman. C'est que le lauréat du prix mille saisons 2018 se verra proposé l'édition d'un roman inspiré de sa nouvelle. On est ici dans de la SF fantasy. Je ne suis pas féru de fantasy mais ici l'auteur nous prend par les mots et nous fait partager les angoisses d'un pilote de navire un peu particulier. Poétique, dépaysant, avec une chute vraiment sympa.



-Francis Jr Brenet (texte : Macchabée Blues). Ce récit plus rock que blues se déroule dans un futur proche et a pour cadre un monde urbain bien sombre. On retrouve ici le thème du "nettoyeur" à son tour arrosé, mi Blade Runner, mi Jason Bourne, vous l'aurez compris ; de l'adrénaline et du complot.



-Aaron Judas (texte : choc). 100% fantastique. Aaron met en place un huis-clos saisissant à l'intérieur d'un asile. Ajoutez-y des tatouages maléfiques et des traitements choc administrés par un docteur ambigu, et vous aurez une idée de l'ambiance sombre dégagée par cette nouvelle. On est happé jusqu'à la fin par cette question : le mal-être du personnage principal est-il fondé ou perd-il simplement la tête ?



- Audrey Salles (texte : Dame M.). Nous voici à Amsterdam, rue des plaisirs, où une geisha énigmatique joue avec ses clients. le thème des Lémia associé au mystère féminin est ici revisité avec talent. le style maîtrisé et la langoureuse progression du récit concourent à créer une atmosphère vraiment prenante. Il suffit de piocher n'importe quelle phrase au hasard : toutes dégagent raffinement et mystère. "Non, en fait, je n'ai pas vu ses yeux. Elle était trop loin. Je n'ai vu leur couleur qu'après, lorsque j'ai pu l'approcher." Un régal.



-Gwenaël Bulteau (texte : La déchirure Rostrowitsky, 16 pages). Avant que la première guerre mondiale n’éclate, le savant Kostrowitzky conçoit un automate/androïde à vapeur à l’image de son amour défunte. Celui-ci l’accompagne dans tous ses déplacements. La guerre éclate. Un commissaire charge un agent de surveiller le savant qui a développé aussi des systèmes de prothèses bien utiles aux soldats mutilés. L’espion réalise que le fidèle automate n’est pas indifférent à son environnement… Comme vous l’avez deviné, il s’agit de steampunk fantastique. Le rôle de la femme m’a mis mal à l’aise, mais c’est vrai qu’on est au début du XXème siècle.



-Philippe Deniel (texte : évolution, 16 pages). Fantasy SF. Depuis qu’il a perdu la guerre des larmes face aux nains et leurs alliés, le peuple des Elfes, déraciné, erre dans le cosmos sur l’arbre-monde. Mais ce répit durera-t-il longtemps ? Seize pages ne sont malheureusement pas suffisantes pour explorer le monde de Tanis, que l’auteur a ciselé en orfèvre. À la fois méticuleux et imagé, ce récit est à lire plusieurs fois pour bien s’imprégner de toutes ses nuances. Cet univers qu’on devine totalement maîtrisé par l’auteur mériterait d’être dévoilé sur un roman entier.



-Rozenn Duchesne (texte : l’œil du dragon, 10 pages). Nous voici plongé dans les décombres d’une ville contemporaine ravagée par la guerre. Des civils tentent d’y survivre tant bien que mal, méfiants vis-à-vis d’autres peuples chassés jusqu’ ici par les conflits. Contrairement aux apparences, nous sommes bien dans un récit de fantasy urbaine. Je devrais plutôt écrire fantasy urbaine humaniste. Ici la dimension fantastique est subtilement dosée. L’écriture est rythmée, travaillée avec des mots toujours justes, un style impeccable. Un contexte fort, un récit avec peu de personnages, un temps court, une chute pleine d’espoir, tous les ingrédients d’un texte fort, quoi. Mais vous avez déjà compris que j’ai adoré cette nouvelle. Dommage que le titre en dévoile un peu trop.



-Aaron Gooris (texte : Le magasin, 19 pages). Inclassable ! Et si, pour votre sécurité, vous vous retrouviez enfermé dans un magasin pendant des dizaines d’années, combien de temps vous faudrait-il pour tenter de vous enfuir ou devenir cinglé ? Voici un mix de récit post-apocalyptique, de paradoxe temporel et de huis-clos oppressant entre des personnages écorchés. L’auteur n’a pas bridé son imagination ni les comportements des protagonistes et cela forme un sacré cocktail. J’ai été brassé par ce texte, très différent de ce que j’ai l’habitude de lire (et c’est l’avantage d’une anthologie : sortir de ses habitudes de lecture). Peut-être aurait-il gagné en rythme en étant concentré sur une quinzaine de pages ? Toujours est-il que j’aurais aimé découvrir d’autres écrits de cet auteur mais je n’ai rien trouvé sur le net. J’espère pouvoir le lire bientôt dans d’autres anthologies.



-Barnett Chevin (texte : l’esprit du péché, 16 pages) ? Au XIXème siècle, l’Irlande s’avère plus proche du moyen-âge que de la révolution industrielle. Un aristocrate y est chargé d’enquêter au sujet de fréquentes disparitions d’enfants. Ses recherches le mènent dans un couvent interdit aux hommes. Le style d’écriture classique employé par l’auteur se prête très bien au cadre « monastique » et pose une sacrée ambiance. C’est d’ailleurs l’atmosphère et le rythme particulier qui font la force de ce texte. Le tout est très bien mené, la chute reste cependant un peu trop traditionnelle à mon goût.



-Jana Rémond (texte : Où se perdent les vents, 7 pages). Ce magnifique texte est court, pourtant le temps y est étrangement arrêté. Ce pourrait être un conte philosophique, une musique ou un court-métrage animé. Je ne peux rien en dire d’autre si ce n’est qu’il faut le lire et le faire lire, impérativement.



-Thierry Soulard (texte : vague mélodie, 19 pages). Au vu du titre de l’anthologie, je m’attendais à plusieurs histoires de pirates. Chouette, en voici une ! Et quelle histoire ! Qui n’a jamais rêvé, enfant, de tomber sur une bouteille rejetée par la mer sur le rivage, et trouver à l’intérieur le récit de naufragés ? Là, les pauvres marins se sont battus entre eux pour chiper le seul crayon à disposition sur leur île déserte. Ils racontent tour à tour leur version d’une chasse à la sirène peu commune. Les personnages sont délicieusement caricaturaux et bornés et la chute est formidable.



-Elie Darco (texte : Sous un voile d’ombre, 18 pages). Bienvenue dans l’inframonde. Voici un récit jeunesse plein d’adrénaline, dans lequel l’humanité survit entassée sous terre dans une cité qui ne dort jamais. Guerres de clan, police inexistante, assassins sans scrupules, la chasse aux ombres est lancée !



-Nina Valin (texte : Tartu et la tombée de l’hiver, 17 pages). Imaginez une tour scientifique de 18 étages, avec 6 chambres et un laboratoire par étage, 108 chercheurs y sont chargés de réparer le climat, sans aucun moyen de savoir comment évoluent les recherches dans les autres étages. Très beau texte sur l’enfermement, l’absurde et la liberté.



-Valentin Desloges (texte : nul sauvetage/futur fermée, 14 pages). Il ne faut surtout pas s’arrêter au titre incompréhensible, ni aux premières lignes de ce récit un peu trop colorées « monde des Hobbits » à mon goût, et vite se laisser porter par le délire jouissif de cet auteur ! Ce texte monte en puissance au fur et à mesure de l’avancée de la quête de pauvres « foltroysiens » à la diction perturbée par une brume maléfique. Un humour franchouillard, à l’orée des personnages de Naheulbeuck, Kamlot ou Trolls de Troy, porté par un texte croustillant. Car l’auteur, lui, n’a pas perdu le nord et s’il vous fait croire que l’histoire part dans tous les sens c’est pour mieux vous faire mordre à l’hameçon.



-Frédéric Gobillot (texte : un dernier point de vue, 17 pages). Oooh ! C’est la première exclamation qui me vient à l’esprit pour résumer cette nouvelle philosophique et poétique. Du rêve à l’état pur, placé à point nommé en fin d’anthologie. On retrouve ici deux personnages qu’on semble déjà connaître, un savant dénommé Georges Ardan, chercheur idéaliste qui réalise son rêve à l’encontre des croyances communes, et le jeune journaliste Philéas (mais rien ne précise s’il s’agit de Fogg), totalement fasciné par la forte personnalité de l’inventeur destiné à repousser les limites de l’univers connu. Loin d’être une simple inspiration des voyages extraordinaires, cette nouvelle est au final plus proche de Matisse que de Jules Verne, car elle nous ouvre à une délicieuse dimension de l’esprit, l’imaginaire.



Vous l'aurez compris, cette anthologie vaut le détour, même pour un lecteur non habitué aux écrits de l'imaginaire : pour la qualité générale des écrits, pour la variété des univers et pour la visibilité donnée aux jeunes auteurs.

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Malpertuis VI

Pour la sixième année, Malpertuis, spécialiste de la littérature fantastique, propose sa sélection de nouvelles athématiques mais toujours portées vers un imaginaire bizarre et quelque peu angoissant. Parmi les éditeurs français qui publient des anthologies, Malpertuis est l’un des rares à lancer chaque année des appels à textes libres.

On ne sait pas toujours très exactement à quoi se préparer en voyageant d’une histoire à l’autre, mais il est certain que le lecteur est amené à découvrir plusieurs auteurs très présents sur la scène SFFFH francophone. J’y figure cette fois-ci avec Scène de chasse ordinaire mais cet article sera surtout l’occasion de parler de mes camarades.



Vingt-deux auteurs ! Cela fait du monde, assez pour avoir des coups de cœur, et des impressions plus mitigées sur certains titres. Même si le genre de prédilection de Malpertuis est le fantastique, plusieurs textes ont des tendances SF. On reconnaît parfois des nouvelles très certainement écrites pour correspondre à d’autres appels à textes mais, loin de trouver cela gênant, j’ai au contraire pu en profiter pour voir des exercices de style qui participent à la diversité de l’anthologie.

Je ne vais pas vous faire un résumé de chaque nouvelle, mais une sélection des dix qui ont le mieux retenu mon attention. Oui, c’est une liste cruelle, mais cela ne signifie pas pour autant que les textes non cités ne sont pas bons, au contraire, le choix n’est pas simple à faire. Dans l’ordre chronologique, voici ce que nous pouvons trouver :



Ouverture courte et efficace, 3 kilogrammes de Sylas nous fait suivre une femme célibataire qui, grâce à un narrateur mystérieux, a enfanté sans père. Une histoire bien sombre qui fera aisément passer l’envie d’avoir un « autre soi » pour combler le vide de son existence.



L’imbricorioniste d’Elisa M. Poggio est certainement le texte le plus sf de l’anthologie. C’est aussi une plongée dans un monde aussi fascinant que terrifiant, où il devient possible d’obtenir un bilan de sa propre vie grâce à des observateurs qui connaissent tous nos gestes. La nouvelle soulève des questions très intéressantes en montrant toute la distance qui peut exister entre les actes d’une personne, ses raisons profondes, et les fausses intentions que l’on peut tirer d’un simple résumé des faits. La nouvelle peine un peu à trouver une fin, mais vaut largement le détour pour ses qualités introspectives.



Avec un titre comme Le dernier jouir du condamné, je soupçonne Bruno Pochesci d’avoir construit sa nouvelle pour parodier le célèbre texte d’Hugo. Une sorte de délire érotico-morbide étrange, où un condamné en pince pour son avocate, et une chute qui laisse sans voix. La fin est assez consternant mais, en même temps, elle ne se laisse pas oublier.



On continue dans la parodie avec Lloupa rouge. Eric Vial-Bonacci s’attaque au conte du Petite Chaperon rouge. C’est une jeune fille moderne, et elle a peur de sa grand-mère qui la maltraite. Mais où est le loup ? Il faudra le lire pour obtenir la réponse.



Dette de sang rend un bel hommage à la littérature fantastique du XIXe siècle. Thierry Jandrok situe son histoire dans un asile de Bucareste pendant la seconde guerre mondiale. Tout ce qu’il faut pour poser une ambiance sinistre d’emblée est là. On progresse comme dans une enquête pour éclaircir le mystère des patients zoophages qui se montrent curieusement lucides et en meilleure forme que les autres…



Sans terminus d’Anthony Boulanger m’a rappelé un petit appel à textes où la situation initiale était imposée. J’ai été heureuse de lire un nouveau texte de cet auteur, qui avait déjà retenu mon attention dans l’anthologie L’homme de demain des Artistes fous associés. Un esprit plein de rancœur revit en boucle le jour où il est tombé sur les rails d’un train à cause de la foule. L’auteur nous propose un petit texte qui rappelle que, dans la panique, les faits ne sont pas toujours ceux que l’on croit.



Emilie Querbalec est aussi une habituée des Artistes fous associés et des anthologies en général. L’auteur à suivre développe surtout des mondes et hantises intérieurs. Lisse le cordon est le texte le plus sombre que j’ai pu lire d’elle. J’aime particulièrement le titre. Un texte sur les passions parfois très vives de l’adolescence qui ne sont pas toujours durables des deux côtés, notamment quand elles impliquent deux jeunes filles.



Cherchez l’intrus mérite bien sa place tant il est délirant. Sur une dizaine de pages, Guillaume Suzanne livre un dialogue complètement échevelé entre un groupe de zombies. Un humain se ferait passer pour l’un d’entre eux et risque de les contaminer, qui est ce traître ?



Les textes délirants se poursuivent avec Le chant de la harpie, le soir au fond des bois d’Yves Daniel-Crouzet. Un démon grincheux s’improvise narrateur pour nous raconter comment il a été invoqué par une femme qui voulait faire assassiner son mari en lui donnant la peur de sa vie. Hélas, il semble qu’il faudra plus qu’un simple « bouh ! » pour impressionner l’époux.



L’anthologie se termine sur une note moins burlesque et plus réaliste. Avec Externalisé, Dominique Lémuri ne nous donne pas forcément à rire. Elle propose au contraire un texte très documenté sur les conditions de travail d’immigrés indiens, retenus dans des bureaux où ils recopient des rapports à la chaîne toute la journée. L’ajout du fantastique dans un contexte déjà bien glauque aggrave considérablement la situation du narrateur qui se retrouve confrontés à plusieurs phénomènes étranges, un rapport illisible, un balayeur à ne jamais regarder dans les yeux…
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Robots

J’aimerais vous faire une vraie chronique de l’anthologie Robots, parue chez La Madolière, mais on pourrait mettre en doute mon objectivité. En effet, j’ai le plaisir d’être au sommaire avec la nouvelle De sang avide. Que l’on se le dise cependant, je n’ai pas grand-chose à reprocher à ce livre en général. La date de la sortie permet de découvrir le travail des autres, d’avoir une idée de ce à quoi ressemble un projet auquel nous n’avons fait qu’ajouter une petite pierre, un texte noyé au milieu d’autres. Après la joie d’être retenu, l’autre bon moment est aussi celui de lire et apprécier les contributions de chacun.



Quoique le titre puisse laisser craindre le piétinement de sentiers rebattus par la SF populaire, les nouvelles utilisent la diversité et, surtout, loin des vieux clichés, donnent une vision très contemporaine du robot, souvent en accord avec les évolutions technologiques et questions éthiques actuelles.



Plutôt qu’une critique texte par texte, je vous propose un voyage entre les différentes histoires, même s’il est possible que je m’attarde plus sur certains écrits que d’autres. Tout commence avec Gaëlle Saint-Etienne, grande habituée des anthologies de La Madolière. Un génie récupère un robot envoyé dans l’espace bien avant de naissance et aimerait déchiffrer son langage. Plus léger, Jean-Marc Sire présente ensuite un robot qui fuit l’usine pour aller cueillir les pommes du verger et aider la femme de son maître à préparer des confitures. Une nouvelle très mignonne, pleine d’humour et au dénouement inattendu, mais heureux, chose qui risque de ne pas arriver très souvent par la suite. On reste dans la poésie avec Xavier Portebois. Un joueur de oud doit apprendre à utiliser des bras bioniques. Mais jusqu’à quel point devra-t-il sacrifié son humanité pour vivre sa passion ? Laurent Pendarias a fait dans l’original. Déjà remarqué dans l’anthologie Créature en donnant la parole au dernier représentant d’une race d’escargots géants, il présente cette fois le monologue d’une camionnette de livraison fort présomptueuse. En quelques pages, le véhicule s’appliquera à expliquer combien nous, humains, sommes prévisibles. La chute est délicieuse. Bien plus scientifique, le texte de Joël Tardivel-Lacombe s’amuse avec les lois de la robotique d’Isaac Asimov. Puis, cap au Far West en compagnie de Patrick Lorin, d’un robot sherif et d’un robot pasteur, venu dans un village de cow-boy apporter un peu de droiture et de valeurs morale. La nouvelle est assez longue mais agréable à suivre. On ne sait pas vraiment ce qu’on attend de la fin, mais je peux assurer que c’est un joli coup. En parlant de morale d’ailleurs, la suite pourrait heurter les âmes pudibondes puisque Pierre Berger s’applique à nous décrire une scène erotico-technologique teintée de mélancolie.



Sur un fond de paranoïa qui n’aurait rien à envier à Philip K. Dick, David Mons trace le portrait d’un tyran fou qui semble intouchable, avec quelques vaches-robot tueuses au passage (et oui, et pourquoi pas ?). On poursuit à couteaux tirés aussi avec Luce Basseterre et un robot capable d’imiter n’importe quel textile qui pourrait bien faire des envieux. Guillaume Lemaître, autre habitué mais aussi collaborateur de La Madolière peint un futur où les implants robotiques sont devenus une normalité, même si le coût du meilleur matériel fait que les indifférences sociales persistent. Sous m’avancer dans le scénario, qui part d’une étrange défaillante chez un cyborg de pacotille, j’ai beaucoup aimé tous les enjeux sociaux en arrière fond, et presque regretté que le format nouvelle ne permette pas d’en apprendre un peu plus sur ce monde. Plus léger, mais non moins glaçant, Alexis Potsche fait dans la simplicité apparente : un homme est très en retard à son examen, le contrôleur androïd d’un train pourrait bien tout faire rater. Court, et efficace.



Auteur que j’apprécie de suivre d’une anthologie à l’autre, Sébastien Parisot alias Herr Mad Doktor a encore réussi à sortir un texte bien loufoque de ses labos. Un savant fou a enfin mis au point un sérum, concentré de nanobots, qui doit le rendre invulnérable. Malheureusement, quand la mégalomanie touche le personnage d’une nouvelle de science-fiction, on doit toujours craindre les ennuis au tournant… Ensuite, vient donc mon texte sur lequel je m’attarde sur mon blog. Il est très agréablement suivi par Solveig Kulik, nouvelle débarquée qui mérite le détour avec son automate qui voulait devenir un humain. Ambiance plutôt « steampunk » cette fois, dans un XIXe siècle où pantins de bois et poupées de porcelaine n’ont rien à envier aux robots modernes. Un conte touchant, mais un peu cruel aussi. Jones Southeast est aussi un revenant, et c’est un monologue complètement délirant qui nous est servi à travers un narrateur un peu trop accro aux substances psychotropes, alcools et aux possibilités infinies de la technologie.



Retour au XIXe siècle avec Fanny Angoulevant qui nous emmène dans l’Angleterre Victorienne la plus convenue possible pour y faire atterrir une androïd perdue dans la timeline. Le ton passe progressivement de la romance à l’horreur et vu mon « amour » (très limité) pour ce qui touche au victorien, je ne peux qu’être interpellée. Je ne sais pas si c’est volontaire, mais le thème du robot créé pour incarner la femme parfaite m’a beaucoup rappelé L’Eve-Future de Villiers de l’Isle-Adam, comme la suite et les conséquences de l’expérience manquée – et déjà assez terrifiante – de ce roman. Plus sympathique, le robot de Frédéric Darriet, s’occupe de rescapés d’un univers post-apocalyptique et se prend d’amitié pour une petite fille.



Xavier-Marc Fleury propose d’une nouvelle d’anticipation sociale qui soulève aussi de nombreuses questions de fond. Nous voici dans un futur où il est possible de remplacer ses morts par des robots à leur image, en y transférant les souvenirs que gardent leurs proches d’eux. Evidemment, cette « mode » dérange et provoque de lourdes oppositions de la part de pro-humains. En fait, j’ai trouvé l’idée si passionnante que j’ai été un peu déçue du traitement très manichéen de la chose. Les pro-humains sont assimilés à des conservateurs du genre FN alors que je trouve pourtant difficile d’être du côté d’une société qui nie le deuil avec des machines. Ceci dit, ça donne à réfléchir, tout en présentant une jolie histoire et c’est bien le principal. Lilie Bagage nous montre comment un robot peut progressivement gagner une identité humaine et pour finir ce tour (plutôt long au final) Julien Chatillon-Fauchez entraîne le lecteur dans une jungle isolée où vit depuis des siècles un immense robot octopus qui a fuit les hommes pour ne pas finir démantelé. Sur ses traces, une journaliste au chômage va découvrir bien plus que sa curiosité ne l’espérait. La nouvelle clot le recueil avec quelques réflexions philosophiques et, surtout, une fin apaisée, véritable réconciliation entre l’homme et la machine, ce qui ne semblait pas toujours évident pendant ce voyage !
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Les Migrations du futur - Anthologie

Les Editions Arkuiris proposent régulièrement des anthologies regroupant des dizaines de textes sur des thèmes d'actualité. Patrice Quélard a regroupé ici seize nouvelles autour des Migrations du futur. Les auteurs et autrices présent.e.s dans cette anthologie ont chacun proposé un texte dans un futur plus ou moins proche, sur Terre ou à l'autre bout de la galaxie. Souvent cruels et cyniques ils ne laissent que peu d'espérance à l'humanité. Les déplacements de populations se font généralement contre le gré des migrants : catastrophes écologiques, guerres, espoir d'un avenir meilleur... sont le moteur de ces errances.



Au sommaire de cette anthologie je ne connaissais que Jean-Pierre Andrevon, Arnauld Pontier et Audrey Pleynet (et c'est surtout pour cette dernière que je me suis lancé dans ce receuil). Je suis loin d'avoir accroché à tous les récits présentés. Comme souvent dans ce genre de pêle-mêle on trouve de tout, des petits bijoux comme des ennuis profonds.



Le premier texte qui m'a marqué est celui d'Emmanuel Delporte, Olympus Mons, dont l'action se déroule sur Mars. La planète rouge est devenue l'Eldorado pour les hommes. La Terre est dévastée, laissée à l'abandon, la seule solution est de trouver un passeur qui vous emmènera sur Mars. Une fois sur place peu de migrants pourront accéder à la citoyenneté martienne. Escalader les pentes du plus haut sommet du système solaire peut être la clef de la délivrance. Mais à quel prix ? Une jolie histoire bien construite. La balade sur Olympus Mons vaut le détour. La fin est des plus cruelles. Un des meilleurs textes de l'anthologie.



Cette fin atroce est partagée avec de nombreux autres textes. C'est le cas avec la nouvelle de Xavier-Marc Feury, Oublier les étoiles. Retour sur Terre et plus exactement sous les océans. Face à l'obscurantisme grandissant, des scientifiques ont construit un dôme sous-marin afin de conserver les connaissances humaines. Sur Terre, les mouvements sectaires rejettent les technologies. Après l’avènement des désastres écologiques annoncés, le retour à la Nature est la priorité. Un jeune garçon, en compagnie de ses parents, va tout faire pour atteindre le dôme dans l'espoir d'un avenir meilleur. Glaçant.



Arnauld Pontier, l'auteur de Sur Mars, nous dresse avec Eden et caetera, un portrait sans concession de l'Humanité. Vaniteuse, arrogante, individualiste et égoïste, elle tombe dans ses travers les plus sombres même quand une entité extra-terrestre lui permet d’accéder à de nouvelles technologies et des savoirs incroyables. Avec quelques facilités scénaristiques et peut-être un peu de naïveté, l'auteur nous montre que l'Homme est le point faible de l'évolution. La lecture d'Eden et caetera m'incite à lire sa novella Dehors, les Hommes tombent qui sortira à la fin du mois chez 1115 Editions.



La meilleure nouvelle est sans contestation possible Fille de l'Espace d'Audrey Pleynet. Encore une fois l'autrice dépeint un monde original et intelligent. Dans un futur très lointain, les hommes ont colonisé des centaines de planètes. Selon l'astre sur lequel vous êtes né, votre vie sera plus ou moins difficile. C'est ce qui a déclenché la guerre des planètes et failli mettre fin à la civilisation humaine. Pour mettre un terme à ces inégalités et à la guerre, il a été décidé de transformer tous les Hommes en migrants, en créant le système de Cycle : tous les six mois, une nouvelle planète, un nouveau chez soi... et ceux qui refusent se voient assigner à vie sur un vaisseau ou au bagne sur une planète lointaine. L'autrice s'attarde sur le Cycle de Théana, une adolescente de seize ans, qui croise sur une station relais Mika, un jeune homme de son âge. Mais il est difficile de s'attacher à quelqu'un quand vous êtes baladé d'une planète à l'autre deux fois par an. Au gré de ses migrations elle aura l'occasion de le recroiser...

Audrey Pleynet aborde en très peu de pages de nombreuses thématiques avec sensibilité et intelligence. Très bien écrit et très bien construit ce petit texte regorge de bonnes idées, les personnages sont sympathiques, l'histoire prenante. Bref encore un sans faute de l'autrice. Seul petit bémol, une chute un peu trop convenue, l'autrice nous ayant habitués à des twists beaucoup plus renversants... mais je chipote. Ce texte vaut à lui seul l'achat de l'anthologie.



J'aurais également pu vous parler de La mutation c'est la vie de Jacob Galissard qui, si on exclut le postulat de départ improbable où une entité extraterrestre posséderait un ADN compatible avec le nôtre, est d'un cynisme parfait. Ou de Jean-Yves Carlen avec Le Mur, où la construction d'un mur sur la Méditerranée est une arme à double tranchant excepté pour les puissants qui seront toujours du bon côté du mur !





Comme pour toutes les anthologies, la diversité des textes amène une disparité des ressentis. Il y a de la qualité dans ce recueil, les auteurs français ont du talent, de l'imagination et Les Migrations du futur nous le démontre. Sur un thème fort, au coeur de l'actualité, ces textes replacent l'Homme au centre du jeu en démontrant que voulu ou subi nous seront tous migrants un jour.




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Riposte Apo

J'ai globalement passé un excellent moment avec cette anthologie, qui a comme fil conducteur pour de nombreuse nouvelles les fameuses tapisseries représentant l’apocalypse et que l'on peut observer à Angers.



Certaines nouvelles m'ont moins parler que d'autres parce qu'elles n'étaient pas dans l'univers post-apocalyptique que j'aime retrouver, ce qui ne veut donc pas dire qu'elles ne soient pas bonnes, elles ne sont pas pour moi c'est tout. D'autres nouvelles sont construites dans des univers riches et très travaillés qui pourraient présager des ouvertures comme celle de Christian Bergzoll « La peine Capitale »ou encore « Le Sérum » de Guillaume Bergey, où je plongerais facilement dans une autre nouvelle dans cet univers .... La suite sur le blog
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Robots domestiques

Un recueil sur l'intelligence artificielle et ses dérives possibles. Un très bon moment de lecture.
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Frontières

« Tout bien considéré, Il n’est vraiment question que de frontières, dans la science-fiction, le fantastique, la fantasy, et tous leurs cousins et descendants », annonce l’anthologiste Simon Bréan (maître de conférences en littérature française à l’université Paris-Sorbonne et spécialiste de la littérature de science-fiction) en préambule de cette anthologie.

Pour preuve, les treize nouvelles proposées sont autant de manières d’aborder les frontières dans des univers fantastiques, d’anticipation, post-apocalyptiques ou médiévaux. L’ensemble est d’un très bon niveau d’écriture et couvre différents genres de l’imaginaire. Preuve est à nouveau faite que la qualité narrative des auteurs de l’imaginaire n’a rien à envier à la littérature dite blanche. Voici six textes qui m’ont plus particulièrement accroché.

Un dessin ouvre chaque nouvelle, et je crois qu’ils permettent de les catégoriser en trois thèmes : le sextant pour de nouveaux horizons (au-delà des frontières ?), le globe terrestre pour les textes plus proche de fantasy (les dimensions parallèles ?), et le satellite pour la science-fiction.



Sujet 0 (de Azarian et Yohann Denuault)– Post-Apocalypse : voici un monde dans lequel non seulement la population de la surface est ravagée par un virus, mais de plus les rares survivants sont la proie de Machinas : ces créatures d’acier les traquent pour les enlever (ou les éliminer ?). Tych, une femme qui, étonnement, a survécu plusieurs années malgré son infirmité (elle est aveugle), se retrouve prisonnière d’un monde souterrain étrangement sophistiqué.

J’aborde toujours un texte post-apo avec prudence, car comme tous les genres surexploités (je pense aussi au vampirisme et aux Thriller policiers), il est difficile pour un auteur d’apporter « du neuf », car de nombreuses références approchantes peuvent prendre le dessus. Les auteurs (il s’agit d’un texte écrit « à 4 mains ») tirent cependant très bien leur épingle du jeu en traitant d’une frontière entre surface et souterrains, et grâce au personnage de Tych, à la fois novateur et attachant.



Garde-Frontière (de Stéphanie Courteille) : il n’existe pas de frontière sans gardien. On suit ici le quotidien et les réflexions d’un garde-frontière dès sa prise de fonction. Il tient seul un poste frontière et ne tarde pas à outrepasser sa fonction en laissant passer une émigrante « énigmatique ». Mais un jour, le nombre de migrant va considérablement augmenter et l'inciter à choisir. Un texte à relire plusieurs fois (avec plaisir) pour mieux le savourer.



La Crique (de Xavier-Marc Fleury) – Anticipation : Une cité située près de l’océan a mis en place une frontière infranchissable afin d’interdire l’afflux de migrants. Courants marins violents, rivages transformés en noman’s land, systèmes de détection sophistiqués… Mais un trio de jeunes insouciants brave ces interdits depuis des années afin de profiter de la liberté procurée par ce bord de mer déserté. Considéré comme un auteur « contre-humaniste », X.M. Fleury livre ici (une fois n’est pas coutume :) un texte qui se termine sur une note d’espoir.



Les roses de Novembre (d'Henri Bé) - Fantasy. Voici une histoire de gardien de porte. Si le dénouement laisse peu de surprise, le style d’écriture fluide, un poil romantique et empli d’humanité, et l’équilibre entre les descriptions, dialogues et introspection de la narratrice (qui reste malheureusement en retrait de l’histoire), font que le lecteur se laisse porter agréablement tout au long du récit, vers une fin frustrante, bien que très bien amenée.



Lucy(oles) in the sky (d'Anthony Boulanger) – Coutumier des anthologies, Anthony Boulanger a dû être publié par la majorité des revues et éditeurs qui proposent des anthologies, et c’est tout à fait justifié ! Un style sobre (ses textes sont généralement courts), une forte capacité à toujours poser un cadre original et crédible à la fois, (et réfléchi), des personnages bien caractérisés.. tout cela pour dire que c’est toujours un plaisir de découvrir un texte d’Anthony Boulanger. À part le clin d’œil du titre qui ne me semble pas très heureux, Lucyoles in the sky nous fait partir, en à peine douze pages, dans l’espace aux côtés de Véga.



Vertiges et frontières de la chair (de Jean-Louis Trudel) – la lecture de cette nouvelle m’a immédiatement donné envie de partir à la recherche d’autres textes de l’auteur ! Et j’ai eu le plaisir de découvrir que Jean-Louis Trudel a déjà écrit plusieurs nouvelles et romans. Ici, il prouve qu’aucune frontière ne peut rompre les liens entre des êtres chers, et surtout pas celle de la distance, (même lorsqu’on parle de distances interstellaires). Bon, dès qu’il y a de l’exploration spatiale, de l’humanisme et la découverte d’autres formes de vie, je m’emballe. Disons que cette nouvelle ne pouvait pas tomber mieux pour clore l’anthologie frontières et ouvrir sur de plus larges perspectives.



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Robots domestiques

Recueil de 18 nouvelles où autant d'auteurs explorent la thématique du robot, de son imbrication dans le quotidien de l'espèce humaine.

Intéressant de voir comment, au-delà des styles propres à chacun, différents aspects de cette cohabitation sont abordés, ou de quel côté (prisme humain ou robotique) chaque participant a choisi de plonger dans le thème. Amour, état de conscience, intelligence, praticité, confrontation, complémentarité : chacune des nouvelles apporte son lot de surprises, de questionnements, d'atmosphères bien distinctes les unes des autres.

Le texte intitulé Liberté Chérie (une fable du Non-Agir robotique), fruit de mon imagination, vient clôturer cette sélection et je suis très fier d'avoir pu participer à ce projet.

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Robots domestiques

Dix-huit auteurs nous donnent leur vision de la cohabitation entre humains et machines, avec chacun un éclairage particulier.

Des robots et des hommes : le titre auquel vous avez échappé.
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Tombé les voiles

Un très bon recueil ! Le sujet du concours est particulier et a su dérouter les auteurs pour mieux les encourager à des détours très appréciables en tant que lecteurs. Le principe d'allier nouvelles avec musique et illustration est une très bonne idée, je déplore seulement le fait que les musiques ne soient pas encore en ligne...

Puisqu'il s'agit là d'un recueil collectif, je pense que la meilleure façon de rendre hommage à chacun de ses auteurs est de parler de chaque nouvelle individuellement, ce que je vais faire dans l'ordre d'apparition dans le recueil :



Bison Blanc de Philippe Aurèle Leroux: Une bonne histoire policière. Il s'agit d'un genre que je ne lis pas particulièrement, mais qui a su m'intriguer et m'attirer, notamment grâce à son protagoniste.



Pandore Déconnectée d'Yvan Barbedette: En tant qu'afficionado des sociétés imaginaires, utopies, dystopies et autres, j'ai particulièrement apprécié le travail opéré dans la construction de ce monde tant intéressant que réaliste. Je recommande.



Noir de Xavier-Marc Fleury: Ce qui fait tout le sel de cette nouvelle qui reprend un scénario catastrophe, c'est la personnalité du personnage principal qui va tout changer à l'histoire. Rien que pour la chute je vous la recommande.



Edmotype d'Edward Noyce: J'ai eu plus de mal à entrer dans celle-ci. S'il y a eu une recherche originale dans le domaine des premiers pas de la photographie pour construire cette histoire, je ne me suis pas vraiment attaché aux personnages et l'histoire est somme toute relativement classique.



La machine à café de Johann Vigneron: Bon, d'accord, il faut l'avouer, le postulat de départ est drôle, ça c'est sûr. Ce n'est pourtant pas un coup de cœur, parce que peu crédible et un peu lourd parfois dans sa façon d'asséner ses scènes (à l'eau) chaude.



Indice de Récupération de Danü Danquigny: Encore une bonne société alternative, clairement dystopique contrairement à celle citée plus haut pour laquelle ce fait est plus discutable. Le fonctionnement de cette société est de prime abord réaliste, si ce n'est qu'elle va un peu loin dans ce qui est acceptée (mais au fond notre société ne fait parfois pas beaucoup mieux). Ce qui en fait une nouvelle très intéressante, que je ne saurais trop vous recommander, c'est le mystère derrière l'indice de récupération, très bien mené, et qui donne une dimension toute nouvelle à cette dystopie.



Enchanteur des Vents par Fabien Rey: une idée intéressante sur le fonctionnement de la magie qui intéressera les habitués de fantasy, et un personnage au caractère intéressant, malheureusement cela n'a pas suffi pour m'accrocher.



Macchabée Blues par Francis Jr Brenet: L'une des nouvelles noires du recueil, probablement l'une des mieux réussies. Toute la question de si la nouvelle vous plaira ou pas tient au personnage principal et à sa relation aux autres. L'univers est lui aussi plutôt intéressant avec les émissaires de la mort marchant dans la rue (une réponse intéressante à ceux qui trouvent que nous sommes trop nombreux sur cette Terre), et j'avoue avoir été assez intrigué par la chute de la nouvelle qui peut annoncer une suite intéressante en roman.



Choc d'Aaron Judas: Une nouvelle située dans un hôpital psychiatrique un peu spécial et, ma foi, vraiment bien menée! Le fait qu'il faille reconstruire la nouvelle comme un puzzle a été très bien travaillé et fonctionne de pair avec le cadre de la nouvelle. Je recommande chaudement!



Dame M. d'Audrey Salles: Une aventure sensuelle et particulièrement intrigante. L'auteure sait nous amener là où elle veut en terme de ressentis, et je vous assure que d'une façon ou d'une autre cette histoire ne saura vous laisser indifférent. J'apprécie également que tout comme le personnage éponyme, l'auteure parvient à nous donner assez pour nous intéresser sans répondre à toutes les questions que l'on pourrait se poser. Je recommande!



La déchirure Kostrowitzky de Gwenaël Bulteau: Il s'agit là de mes grands coups de cœur de ce recueil, une nouvelle qui a su élaborer des personnages particulièrement attachants et intéressants, un univers bien construit sans avoir besoin de nous asséner des pages et des pages d'exposition de l'univers. Je ne voudrais trop vous en donner, car je voudrais vraiment que vous découvriez par vous-même toute la richesse de cette nouvelle. Comme pour mes deux autres coups de cœur à suivre, j'ai très envie de voir une suite en roman pour en savoir plus sur cet univers fascinant!



Evolution de Philippe Deniel: Là en revanche la nouvelle elle-même ne sert presqu'uniquement qu'à de l'exposition. C'est le piège du recueil je pense: comme un vote majoritaire du public permet d'écrire une suite en roman, on veut préparer l'univers, l'introduire pour le présenter aux lecteurs. Mais je trouve ça mal mené dans cette nouvelle, était-ce un projet trop ambitieux pour une forme courte? Le tout donne une histoire déconstruite dans le mauvais sens du terme et qui continue d'exposer l'univers même dans les dernières pages.



L'œil du dragon par Rozenn Duchesne: De la tension, une question bien menée sur la différence et la xénophobie, des personnages complexes et attachants, un dragon... Cette nouvelle a tout pour plaire! Je recommande vivement la lecture, et même si je ne peux voter que pour trois nouvelles, j'aimerais beaucoup voir plus d'histoires dans cet univers qui se promet palpitant!



Le magasin d'Aaron Gooris: Là où certaines nouvelles m'ont déçu avec beaucoup trop d'exposition, je trouve que le seul vrai défaut de celle-ci est de ne pas être assez claire sur l'univers et ce qu'il s'y passe. Il m'est arrivé de relire plusieurs fois certaines phrases pour comprendre ce que cela voulait vraiment dire avec le lexique de l'univers. C'est dommage parce que l'ambiance de thriller installée une fois arrivé dans le magasin proprement dit est très bien menée, et que les personnages sont très intéressants, avec des retournements de situation intéressant et des dimensions inattendues. J'ai peut-être dit trop sur ce que je n'aimais pas de cette nouvelle mais je recommande tout de même.



L'esprit du péché par Barnett Chevin: Quelques bonnes idées, malheureusement elle ne fonctionne pas pour certaines raisons. Le narrateur-personnage arrive à suivre l'histoire par je ne sais quel miracle, le personnage principal s'horrifie bien vite pour quelqu'un qui a de la bouteille, et l'intrigue se résout presque d'elle-même. Toutefois, le cadre claustrophobique du couvent, le cadre historique de la famine en Irlande, sont bien réalisés.



Où se perdent les vents de Jana Rémond: Probablement ma nouvelle favorite de ce recueil. L'univers, décrit discrètement mais avec brio, la splendide poésie de l'écriture, et le message ô si positif, c'est exactement le genre d'histoires que je recherche! J'ai cru comprendre des interviews que l'auteure pensait écrire un recueil de nouvelles plus qu'un roman si elle gagne -ce que je lui souhaite- et ça me va très bien, je pense que ce serait la forme la plus adaptée à cet univers que je veux absolument voir plus à l'avenir.



Vague Mélodie par Thierry Soulard: Une très bonne chute, beaucoup d'humour et un univers ma foi plutôt intéressant! Les personnages sont uniques, tout particulièrement Requin, cela dit, le style épistolaire se justifie assez peu avec le contexte de la nouvelle. S'ils voulaient écrire sur le bateau, pourquoi se battent-ils autant pour du papier et de l'encre? et pour la plupart des personnages ce qui les pousse à écrire est assez obscur, presque forcé... Mais je pense que l'auteur le savait puisqu'il en rit à un moment de la nouvelle. Pas un coup de cœur, mais je recommande tout de même.



Sous un voile d'ombre d'Elie Darco: L'univers semble intéressant, malheureusement il ne rattrape pas le défaut majeur de la nouvelle: on s'arrête en plein milieu de l'intrigue! Je comprends l'importance de laisser le lecteur sur sa faim pour mieux le rappeler à soi, mais il n'y a juste pas assez dans cette nouvelle! On a l'impression qu'une moitié a été perdue en chemin, l'enquête n'est pas résolue, il n'y a pas de véritable chute... Quant au personnage principal je l'ai trouvé passablement inbuvable, et si cela donne un point de vue intéressant à certaines nouvelles, ici il m'a juste tapé sur le système.



Tartu et la Tombée de l'hiver par Nina Valin: Il y a de grandes chances pour que je voie dans cette nouvelle un message qui n'y est pas, mais comme il s'agit d'un point de vue personnel, je vais le donner: je n'ai pas pu lire cette nouvelle sans y voir ce que je déteste dans les discours écologistes extrémistes et défaitistes. On nous présente un monde loin d'être idéal, et celui qui est présenté comme celui qui veut y remédier le fait en créant un système autoritaire et dystopique??? Je n'ai pas compris ce qui pouvait justifier cela. Le personnage principal me sort par les trous de nez et l'évolution des personnages secondaires sort de nulle part et se justifie je trouve très mal. Bref non je n'ai pas aimé cette nouvelle.



Nul sauvetage / Futur Fermée: mon dernier coup de cœur! Une nouvelle fantasy très drôle dans l'esprit du Disque-monde de Terry Pratchett, un twist sur le langage qui peut sembler lourd pour certains mais qui m'a personnellement beaucoup plus. La narration elle-même est à se tordre de rire, et le mieux, c'est qu'au-delà (ou main dans la main) du caractère comique de l'histoire, l'auteur nous présente une réflexion sur la fiction avec un côté très métatextuel. J'aimerais beaucoup voir ce que l'auteur nous réserve d'autre avec un tel univers!



Un dernier point de vue de Frédéric Gobillot: Une réflexion très intéressante sur la foi et les croyances. La différence entre ce monde et le nôtre est assez floue pour m'intriguer sans me frustrer, et les personnages sont particulièrement intéressants. Je reconnais cependant que ma lecture de cette nouvelle a dû pâtir du fait que je la lisais en dernière, et j'ai eu beaucoup de mal à suivre la chronologie de l'histoire. Une bonne histoire de clôture, je recommande!



Je rappelle que tout cela n'était que mon point de vue, peut-être un peu abrupt parfois, et que je ne prétends pas détenir la vérité universelle sur ce qui est bon ou pas. J'espère vous avoir donné assez tant aux lecteurs qu'aux auteurs pour vous donner envie de lire ce recueil qui en vaut vraiment le coup!! Et surtout n'oubliez pas de voter pour vos préférées quand ce sera possible!
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Tombé les voiles

"Tombé les voiles" est une anthologie très stimulante pour tout lecteur amateur de fiction ; de plus, ce recueil peut aussi servir d'initiation aux autres lecteurs, car les nouvelles qui le composent nous plongent dans des univers très différents, mais tous également intéressants à découvrir.



"Bison blanc" (Philippe Aurèle Leroux) : cette histoire ravira particulièrement les fans du groupe Nirvana. L'intrigue, une enquête policière, est narrée de façon dynamique ; de plus, la nouvelle est teintée de mysticisme sioux, ce qui confère à l'histoire beaucoup de mystère. Ce texte contient également de vrais textes du groupe Nirvana (traduits en français).



"Pandore déconnectée" (Yvan Barbedette) : la nouvelle se déroule dans un futur lointain, dans une ambiance qui peut rappeler le film "Bienvenue à Gattaca" (pour l'atmosphère aseptisée dans laquelle semblent vivre les personnages) et "Matrix" (dans la présence d'un programme reliant les esprits de chacun, dirigeant leur mode de communication). Ce texte très efficace peut déranger certains lecteurs, principalement dans la description de la "famille" modèle. Le dénouement est assez surprenant.



"Noir" (Xavier-Marc Fleury) : une réflexion écrite sur la société humaine, esclave des cinq sens. Une démonstration de ce qu'il pourrait se passer si l'un d'entre eux venait à disparaître. Une nouvelle empreinte de précisions scientifiques, très dynamique, avec peu de personnages mais qui fait réfléchir...qu'aurions-nous fait, à la place du personnage principal ?



"Edmotype" (Edward Noyce) : cette nouvelle possède un style orné, précis et élégant ; un style qui correspond à la société décrite par l'auteur. On ressent la passion d'un inventeur génial tellement dévoué à son oeuvre que celle-ci précipite sa déchéance. Le mystérieux de cette nouvelle apparait assez tard, ce qui lui donne un puissant effet de surprise.



"La machine à café" (Johann Vigneron) : cette histoire peut déranger les possesseurs de percolateur à dosettes. Elle est néanmoins d'un cocasse rarement atteint, qui mène malgré tout au tragique, lors du dénouement. L'intrigue dispose d'un style très sensuel mais pétillant. C'est très agréable à lire une fois passée la surprise de la situation.



"Indice de récupération" (Danü Danquigny) : l'intrigue se déroule dans un futur lointain où la société contrôle la mémoire des individus (les similitudes avec "Pandore déconnectée" s'arrêtent là). L'atmosphère de surveillance incessante peut rappeler "1984". Le principe de trafic de mémoire peut faire penser au film "Total recall"...c'est également une réflexion profonde sur la nature fuyante des souvenirs. Ce texte se présente sous la forme d'un "journal de bord" dont les tenants et les aboutissants se mettent en place au fil de la lecture.



"Enchanteur des vents" (Fabien Rey) : une histoire de marins, de navires et de "sorciers". Le principe d'action de ces "sorciers" est, ce me semble, assez inédit et fort bien pensé. C'est aussi une réflexion sur le pouvoir des mots et leur utilisation. Un univers très agréable à visiter.



"Macchabée blues" (Francis Jr Brenet) : une atmosphère à la Raymond Chandler, une réécriture d'une figure de la mythologie antique, un monde gouverné par La Mort. A lire et à relire avec, en arrière-plan musical, Robert Johnson. Cette histoire est terriblement efficace.



"Choc" (Aaron Judas) : une tension continuelle durant toute la lecture, jusqu'à la "libération" finale. L'atmosphère psychiatrique et carcérale de cette nouvelle est pesante, glaçante. A ne surtout pas lire seul dans la pénombre, vous risqueriez d'entendre souffrir les patients torturés par la peur. L'efficacité de style a rarement été atteinte aussi pernicieusement que dans cette histoire. C'est réellement un "choc".



"Dame M" (Audrey Salles) : une incantation, un charme lancé pour que le lecteur s'y jette, à l'instar du personnage principal. A mon sens, la nouvelle la plus réussie au niveau de l'adéquation du texte avec le message qu'il véhicule. Le lecteur est subjugué, littéralement, par une mystérieuse femme et il se laisse happer petit à petit. Le malaise est là, mais la curiosité l'emporte. Chaque phrase mène indubitablement au coup de théâtre final, révélé tout en subtilité, alors que c'est trop tard pour le lecteur, sur qui le charme a opéré.



"La déchirure Kostrowitzky" (Gwenaël Bulteau) : Un début de XXe siècle industriel et steam-punk sert de décor à cette intrigante et poétique nouvelle. Les amoureux de poésie reconnaîtront dans ce nom aux consonances polonaises un célèbre auteur français mais ne se prendront pas moins au jeu de miroir que l'auteur instaure avec l'Histoire et la littérature.



"Evolution" (Philippe Deniel) : un environnement d'heroic-fantasy (avec elfes et nains) est ici proposé mais de façon surprenante et détournée. On rencontre dans cette nouvelle des fragments de mythologie nordique, mais surtout une réflexion sur la peur des puissants face au changement, face à l'étranger, face à l'inconnu. Comme dans "Macchabée blues", le personnage principal est porteur de mort, mais doit prendre, à la fin, une décision qui remettra tout en question.



"L'oeil du dragon" (Rozenn Duchesne) : cette nouvelle se déroule sur fond de guerre et de magie. Néanmoins, elle n'a rien à voir avec les oeuvres de fantasy "classiques", car elle mêle environnement assez contemporain et créatures mythiques. Le lecteur peut également se sentir mal à l'aise vis-à-vis de la xénophobie du personnage principal. La nouvelle raconte un moment d'urgence où la confiance envers la mauvaise personne peut mener à la mort. Ce récit est efficace et permet au lecteur de réfléchir sur sa propre appréhension.



"Le magasin" (Aaron Gooris) : un monde post-apocalyptique en reconstruction est décrit à travers la mission de l'héroïne. L'atmosphère est pesante dès le début, avec aucun moment de répit pour le personnage principal (ni pour le lecteur). Le seul espoir qui semble luire n'est qu'un autre piège, où règne un minuscule tyran. On se sent comme dans un film de David Lynch en lisant ce texte. Le style est vraiment prenant et rien ne peut présager du coup de théâtre final.



"L'esprit du péché" (Barnett Chevin) : Ce récit est intriguant et angoissant, un peu comme "Le nom de la Rose" d'Umberto Eco. La peste, des disparitions suspectes, un couvent, un enquêteur ; le lecteur se sent enfermé dans le mystère mais poussé en avant par une instance narrative très présente, mais d'une façon étrange. Le style est très agréable, la révélation de la vérité est efficace ; néanmoins, certains indices peuvent laisser présumer du coup de théâtre final...



"Où se perdent les vents" (Jana Rémond) : cette nouvelle pourrait être une suite probable de "Enchanteur des vents" (dans la même anthologie). C'est un récit court dans un univers entre "Mad Max" (environnement désertique total) et "John Carter from Mars" (autochtones de ce désert). Une réflexion sur l'espoir d'un homme qui n'a pourtant aucune raison logique d'espérer.



"Vague Mélodie" (Thierry Soulard) : une histoire de pirates, de sirènes, une véritable odyssée dont les méandres permettent au lecteur de croiser des références à "Peter Pan", "Moby Dick", "L'odyssée", "L'île au trésor" mais aussi au "Trône de fer". La mise en forme du récit, comme une bouteille à la mer remplie de messages à la recherche d'un interlocuteur est efficace et représente un bel hommage au style épistolaire. Le coup de théâtre est vraiment inattendu. C'est un voyage poétique et rude qui vaut la peine d'être entrepris.



"Sous un voile d'ombre" (Elie Darco) : Un monde post-apocalyptique "renversé", où l'homme sature chaque centimètre de terrain. Une société où tous les coups sont permis pour parvenir en haut de la pyramide. Un complot épais que le personnage principal comme le lecteur cherche à démêler. Une atmosphère lourde où l'ennemi peut surgir de n'importe où.



"Tartu et la tombée de l'hiver" (Nina Valin) : L'homme a défiguré le cycle naturel de la vie. Dans un futur assez éloigné, un immeuble plein de scientifiques offre un huis-clos efficace. Une réflexion sur la possibilité de réparer les erreurs des hommes envers la nature. Un récit très poétique et assez mystérieux.



"Nul sauvetage/Futur fermée" (Valentin Desloges) : une épopée qui ressemble à un jeu de rôle (Naheulbeuk), pleine d'humour, avec une instance narrative qui brise le quatrième mur sans restriction. Mais au delà de la farce brillante, ce récit représente également un jeu fin et constant sur le langage et sur la fonction d'auteur. C'est très agréable à lire, vraiment intelligent et la fin est surprenante.



"Un dernier point de vue" (Frédéric Gobillot) : Un récit aux influences verniennes, à l'atmosphère steam-punk, avec des accents scientifiques et métaphysiques. Le style est très agréable, l'histoire est très belle et poétique. On en sort émerveillé et surpris ; la fin est sublime et la proximité des réflexions de cette nouvelle avec la précédente ("Nul sauvetage/Futur fermée") offre un parallèle infiniment intéressant.



Bref, ruez-vous sur cette anthologie, la multiplicité des univers permet un grand dépaysement et stimule la curiosité de façon incessante. Un grand bravo à tous les auteurs. Je tiens à affirmer, néanmoins, que ces commentaires n'engagent que ma personne et ne reflètent que les sensations d'une lectrice lambda passionnée.

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Malpertuis VIII

La collection Brouillards des éditions Malpertuis propose chaque année, et ce depuis 2009, une sélection de textes fantastiques francophones. Exceptionnellement, il peut s’y glisser une nouvelle étrangère, c’est le cas dans ce tome huit avec le texte « Espace mauvais » de l’auteur américain Scott Nicolay (ici traduit par Christophe Thill, codirecteur de Malpertuis). La pérennité de cette anthologie (le onzième tome est sur le point de sortir au moment où j’écris ces mots, en mai 2020) prouve d’elle-même la constance du travail de sélection de l’anthologiste Thomas Bauduret. Elle offre depuis plus de dix ans une vitrine aux auteurs français de fantastique, qu’ils soient nouveaux ou confirmés. L’anthologiste s’est fait plaisir (et il a eu bien raison) en réunissant dans ce tome VIII vingt-quatre auteurs, ce qui est beaucoup pour ce type de compilation. On y traverse aussi bien des univers fantastiques traditionnels (« Le baptême » de Pascal Malosse) que des contextes incongrus (« Foutues taupes » de Simon Boutreux) ou qui renouvellent le genre avec bonheur (« Te haka Wakamutunga » de Nicolas Pagès). Si les thèmes abordés sont variés, plusieurs nouvelles posent la question du rapport au corps, qu’il soit hanté par des parasites, dupliqué ou d’une beauté impossible à assumer. Peut-être faut-il y voir le reflet d’une époque centrée sur l’individu ? Je présente ici dix textes qui me m’ont vraiment marqué.

Dix pesos, pas un de plus, de Claude Mamier : les pérégrinations d’un pauvre type dans la banlieue de Buenos Aires constituent une remarquable entrée en matière pour cette anthologie. Un modeste employé se voit offrir la possibilité d’occuper le corps de son choix, mais peut-on changer les règles du jeu lorsqu’on ne possède que les codes acquis dans une vie misérable ? Une intelligente relecture du thème faustien. Je ne connaissais pas cet auteur qui a pourtant un bon nombre de nouvelles publiées à son actif chez différents éditeurs indépendants.

L’espace mauvais, de Scott Nicolay. Ce texte rassemble ce qui me plait le plus en littérature fantastique : la description de vies ordinaires dans une ville ordinaire, et dans laquelle seul le personnage principal semble discerner l’étrangeté du monde alentour. L’ambiance et le rythme de ce texte m’ont fait penser au noveliste espagnol Santiago Eximeno. Je ne crois que d’autres textes de Scott aient à ce jour été traduits en français.

Le défi de Chronos, de Thierry Caspar : Dans ce texte résolument young adult, un jeune lycéen se voit entrainé dans une application de jeu sur smartphone dirigée par le Dieu Chronos en personne. La preuve qu’un texte fantastique n’est pas nécessairement lent et ampoulé.

Te haka wakamutumga, de Nicolas Pagès : l’humanité a été infectée par un virus dégénérescent, hormis la population polynésienne génétiquement préservée. Les rugbymen néo-zélandais sont livrés à un combat sans fin dans un stade transformé en arène. Un sujet surprenant traité de très belle manière.

Taïga, d’Alain Delbe : le fantôme de Soljenitsyne, mais aussi peut-être celui de Dan Simmons (dans son livre Terreur autour de l’Erebus) hante ces pages dans lesquelles il est demandé à un prisonnier du Goulag de décrire dans un courrier à l’intention de Staline les événements terrifiants qu’il vient de vivre. Un style classique et lent, mais qui parvient à nous immerger dans l’angoisse d’un camp russe d’exilés politiques perdu dans l’une des régions les plus glaciales au monde.

Sous la peau, de Marlène Charine : le sujet de la psychose autour d’un corps étranger hébergé à l’intérieur de soi me semblait rebattu jusqu’à ce que je lise cette nouvelle. Sans doute grâce à l’aisance d’écriture de l’auteur.e (les dialogues et des personnages sont très réalistes) et à la chute qui, bien que classique, garde tout son effet. J’avais déjà beaucoup aimé un autre texte de Marlène Charine, intitulé « Le club des montagnards pâtissiers cynophiles » paru dans Malpertuis VII.

Sur la route, de Xavier-Marc Fleury : cet auteur aime aborder des sujets très différents. Alors qu’il nous faisait côtoyer des créatures des abysses et des sirènes en guerre contre un empire européen dans l’anthologie Malpertuis VI, nous voici en voiture aux côtés d’un commercial engagé par erreur sur une étrange autoroute vers l’enfer.

La dernière sirène, de Christian Robin : il s’agit d’une histoire de fantasme marin qui entraîne un jeune pêcheur à la recherche d’une île paradisiaque peuplée de femmes. Si le thème semble déjà vu, la seconde partie du texte mène bien au-delà de ce à quoi on pouvait s’attendre et la chute ne manque pas de mélancolie.

Pyrophage, de Tesha Garisaki : on sait tous que le rôle de super héros est toujours à double tranchant, pourtant Tesha Garisaki aborde ce thème de manière originale (le personnage détient un pouvoir différent de tout ce qu’on peut lire dans les comics) et décrit de très belle manière la fragilité du personnage principal.

Chris, de Céline Chevet : l’histoire qui clôture l’anthologie part d’une idée originale forte : un homme nait divisé en deux corps jumeaux (l’esprit est détenu par l’un, la capacité physique par l’autre). Un très beau texte sur la relation à autrui et le manque de reconnaissance de ce qu’on peut être à l’intérieur de soi. Un bel exemple de la manière avec laquelle le genre fantastique peut nous faire réfléchir sur la perception de soi et des autres.

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Malpertuis VIII

Je termine cette anthologie que je lis pour la première fois à son volume 8. C'est donc a priori du fantastique qui regroupe les meilleurs textes d'auteurs amateurs francophones sélectionnés parmi près de 200 textes soumis. On a donc 24 textes très éclectiques qui sont globalement pas mal. le niveau de base est correct, il y a souvent du style ou des idées, rarement les deux en même temps.

Le thème de l'anthologie est seulement vaguement respecté ; on a un peu de sf, de fantasy, de gore et même un ou deux textes sans vraiment de fantastique. Cela reste toutefois globalement dans les littératures de l'imaginaire et principalement contemporaine dans son cadre.

Bien qu'il y ait 5 ou 6 textes vraiment pénibles, le tout est moyen et très lisible et 4 textes sont bons et prenants.

Le meilleur est, et de loin je trouve, Inari de Marianne Ciaudo. C'est presque de la littérature blanche et raconte une journée d'une visite touristique au Japon. En plus de sa sensibilité et de sa poésie, il réussit une narration à la deuxième personne qui vient parfaitement servir le récit — et pourtant d'habitude je déteste ce type de narration.

L'autre réussite est le texte d'Alain Delbe qui se passe dans un goulag stalinien et qui nous parle du chamanisme Evenk ; le tout est un peu couru d'avance, mais c'est bien raconté

Les textes de Claude Mamier (histoire d'un employé qui rêve de changer de vie dans le métro de Buenos Aires) et de Thierry Caspar ont tous deux une narration prenante et réussie même si leurs idées manquent un peu de souffle.

Au final, malgré quelques textes pénibles et beaucoup de médiocres on trouve de beaux morceaux pour tous les gouts dans ces 350 pages grand format — à 16 euros c'est pas mal du tout.

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Oublier les étoiles

--- La science-fiction à l’honneur ---



Entre anticipation, space opera et post-apocalyptique, ce recueil de nouvelles concentre différentes thématiques chères à la science-fiction comme le voyage dans le temps, la conquête spatiale, la robotisation ou encore les réfugiés climatiques. L’auteur pioche même dans la fantasy afin de mettre en scène des elfes et des nains. Original, toutefois les nouvelles que j’ai préférées sont les plus sombres, les plus sérieuses, les plus flippantes en un sens. Parce qu’elles questionnent, dénoncent et font réfléchir !



Rassurez-vous, la réflexion n’empêche pas le plaisir de lecture. L’auteur propose des personnages intéressants, développe une intrigue passionnante et, en quelques pages, crée une histoire qui tient la route. Avant chaque nouvelle, il explique rapidement la problématique qu’il souhaite aborder, et c’est une très bonne mise en bouche. J’étais chaque fois plus impatiente de découvrir ce qu’il me réservait !



--- Mon top 3 ---



Comme dans tout recueil de nouvelles, certaines sortent du lot. J’ai eu quelques difficultés à n’en sélectionner que trois (cela m’a fait mal au cœur d’écarter Soixante secondes chrono et La crique), mais c’est pour moi la preuve incontestable que j’ai apprécié ma lecture. Bien sûr, d’autres nouvelles m’ont moins emportée, mais c’est un ressenti purement personnel.



Alors, voici celles que j’ai choisi de mettre en avant afin de vous convaincre de lire Oublier les étoiles.



*Les Hébergeurs*



Alice n’est pas une petite fille comme les autres. Après l’accident qui lui a coûté la vie, ses parents ont choisi de transférer sa conscience (ou ce qu’il en restait) dans un corps d’androïde. Mais dans leur entourage, tous n’approuvent pas ce choix. Comment réagiront-ils lorsqu’ils retrouveront Alice ?



En lisant cette nouvelle, on ne peut s’empêcher de s’interroger. Peut-on vraiment sauvegarder la mémoire d’une personne dans une machine ? Celle-ci peut-elle apprendre à redevenir celle qu’elle était ? Et ressentir des émotions ? Voici autant de questions que X. M. Fleury aborde, sans pour autant apporter de réponses. Ce qui importe toutefois, c’est la réflexion à laquelle il pousse son lecteur.



*L’ami secret*



Grondée parce qu’elle s’est trop éloignée de la ferme familiale, la petite Loon attire l’attention de la mauvaise personne : celle du révérend Floy. Ce dernier veut savoir ce qu’elle faisait dehors, ainsi livrée à elle-même. Aurait-elle fait de mauvaises rencontres ? Découvert qui sabote les machines destinées à façonner cette planète nouvellement colonisée ? Une chose est sûre : le révérend est bien décidé à obtenir des réponses !



J’ai beaucoup aimé cette nouvelle, car elle pose une question à laquelle l’humanité a autrefois été confrontée : si je pose le pied sur cette terre, m’appartient-elle pour autant ? Parce qu’ils sont différents, les indigènes sont-ils forcément inférieurs ? Ah, le racisme, un thème universel…



*Jeu de guerre*



Nathan est un adolescent comme les autres… ou presque ! S’il passe ses journées à jouer à la console, son jeu vidéo n’a rien de virtuel. Le gouvernement lui fait confiance pour tuer les ennemis de la nation via des robots de combat qu’il peut contrôler à distance. Mais lorsque son robot domestique tombe en panne, il est loin de s’imaginer ce qui va se passer…



Autre nouvelle, autre ambiance ! Cette fois, l’intrigue est un brin déjantée, un peu dans l’esprit du film I, robot. Et oui, les robots domestiques s’invitent désormais dans tous les foyers, mais peut-on se fier aveuglément à la technologie ?



X. M. Fleury s’interroge également sur l’utilisation des jeux vidéo dans l’apprentissage de la guerre et ce, dès le plus jeune âge. Un bon moyen pour créer des soldats, non ? Encore une fois, une belle réflexion qui n’apporte pas de réponses, mais qui met en garde contre de potentielles dérives.
Lien : https://lesfantasydamanda.wo..
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Oublier les étoiles

Je suis tombée sur ce livre juste au moment de sa sortie, dans une librairie indépendante. J'aime surtout la science-fiction au cinéma, mais là, je dois reconnaître que l'ensemble m'a plu, même si la fin de certains textes est assez pessimiste. Les thèmes abordés sont variés et plutôt actuels, et mettent le doigt sur les contradictions liées au progrès : par exemple, des personnes "augmentées" technologiquement qui décident de renoncer à la vie moderne pour repartir à zéro dans une partie de la planète réservée à la forêt primaire, des colons qui terraforment une planète sans se soucier de la civilisation qui les a précédés, des humains qui luttent en vain contre une forêt "fantastique" qui enveloppe le pays entier. Il y a du rythme et pas mal de personnages attachants.
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