A la réflexion, j’ai été bête de penser qu’elle me soutiendrait pour la seule raison que nous sommes toutes les deux des femmes.
C’est ma grand-mère qui m’a broyé les pieds.
C’est ma mère qui nous a encouragées, ma soeur et moi, à nous vendre comme concubines pour que notre frère puisse s’offrir une épouse.
C’était toujours les tantines du village qui jugeaient le plus sévèrement les filles pas encore mariées, alors qu’elles-mêmes se plaignaient sans cesse de leurs époux.
Ensuite, elles félicitaient toutes les jeunes mères qui venaient d’avoir un garçon en leur disant que c’était « une bénédiction ».
Comment anéantir la combativité d’une moitié de la population pour la réduire à un esclavage volontaire ? Vous lui dites qu’elle est destinée à la servitude depuis sa naissance. Qu’elle est faible. Qu’elle est une proie.
Vous le lui répétez suffisamment souvent pour que ça devienne une vérité. La seule vérité possible.
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