Xiran Jay Zhao

C’est hilarant, à quel point les hommes désirent notre corps et haïssent notre esprit.

A la réflexion, j’ai été bête de penser qu’elle me soutiendrait pour la seule raison que nous sommes toutes les deux des femmes.
C’est ma grand-mère qui m’a broyé les pieds.
C’est ma mère qui nous a encouragées, ma soeur et moi, à nous vendre comme concubines pour que notre frère puisse s’offrir une épouse.
C’était toujours les tantines du village qui jugeaient le plus sévèrement les filles pas encore mariées, alors qu’elles-mêmes se plaignaient sans cesse de leurs époux.
Ensuite, elles félicitaient toutes les jeunes mères qui venaient d’avoir un garçon en leur disant que c’était « une bénédiction ».
Comment anéantir la combativité d’une moitié de la population pour la réduire à un esclavage volontaire ? Vous lui dites qu’elle est destinée à la servitude depuis sa naissance. Qu’elle est faible. Qu’elle est une proie.
Vous le lui répétez suffisamment souvent pour que ça devienne une vérité. La seule vérité possible.
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- […] l’amour ne résout pas les problèmes. Résoudre les problèmes résout les problèmes.

- Tu ne comprends pas. Il faut que ce soit moi qui le tue. J’ai besoin de venger ma grande sœur de mes propres mains.
Ses sourcils délicats se rejoignent au-dessus de son nez.
- Pourquoi ? Le karma se chargera de lui.
- Le karma n’existe pas, rétorqué-je comme si je voulais broyer chaque syllabe entre mes dents. Ou s’il existe, il n’en a rien à faire des gens comme moi. Certains d’entre nous sont nés pour qu’on se serve d’eux avant de les jeter. Nous ne pouvons pas nous laisser porter par le flot de la vie, parce que rien en ce monde n’est conçu pour nous ou ne penche en notre faveur. Si nous voulons quelque chose, il nous faut lutter pour le prendre par la force.
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Toute notre vie, nous déployons tant d'efforts, et les traces de notre passage s'effacent si vite, si rapidement...

Comment anéantir la combativité d'une moitié de la population pour la réduire en esclavage volontaire ? Vous lui dites qu'elle est destinée à la servitude depuis sa naissance. Qu'elle est faible. Qu'elle est une proie.
Vous le lui répétez suffisamment souvent pour que ça devienne une vérité. La seule vérité possible.

Être une fille ne m'a jamais rien apporté ; ça ne fait que restreindre mes libertés. Je n'ai pas le droit d'aller où que ce soit sans permission. De montrer trop de peau. De parler trop fort - ou même de parler tout court - si des hommes sont en train de discuter

- On aurait du mal à recruter des pilotes mâles... s'ils avaient peur que leur partenaire les tue... à chaque bataille.
- Parce que vous croyez que les filles n'ont pas peur ?
- Les filles... ont le sens du sacrifice.
La nausée me submerge.

[...] il est tout à fait possible de résoudre n'importe quel problème avec de l'argent. Si le problème résiste, c'est sans doute qu'on n'est pas assez riche pour le faire disparaître.

La honte et l'humiliation sont des émotions qu'on s'impose à soi-même, et à partir de ce moment je choisis de ne plus les ressentir.

Certains d'entre nous sont nés pour qu'on se serve d'eux avant de les jeter.

Ce n'est pas normal. Pas normal du tout. Lui et moi sommes les deux pilotes les plus puissants d'Huaxia, et de très loin.
Il devrait être le Roi de Fer et moi la Reine de Fer.
Pourtant, tout ce qu'on nous laisse être, c'est le Démon de Fer et la Veuve de Fer.
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J'imagine les luttes qui ont eu lieu à cet endroit. Les voix qui ont refusé qu'on les réduise au silence, les mains qui ont refusé qu'on les attache, les esprits qui ont refusé qu'on les brise. [...] C'est hilarant, à quel point les hommes désirent notre corps et haïssent notre esprit.

- Et tu as quand même préféré t’enrôler plutôt que rester avec lui ?
Je me radosse à ma chaise. Comment Li Shimin peut-il être aussi romantique et naïf ?
- Oui, parce que l’amour ne résout pas les problèmes. Résoudre les problèmes résout les problèmes.
Li Shimin jette un coup d’œil vers la cuisine, puis reporte son attention sur moi en secouant la tête.
- Pauvre garçon. Ne le laisse plus jamais filer.
Je gratte le bord de la table.
- Dommage, c’est avec toi que je suis coincée.
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- Absolument. Quand tu chéris quelqu'un pour son courage et sa volonté, tu ne l'arraches pas à ses racines pour le regarder se flétrir entre tes mains. Non : tu l'aides à déployer ses pétales pour réaliser son incroyable potentiel.

C'est hilarant à quel point les hommes désirent notre corps et haïssent notre esprit.

Peut-être est-ce précisément parce que nous sommes indispensables qu’on nous rabaisse. Le monde a peur de ne plus pouvoir nous contrôler et se servir de nous.

Comment anéantir la combattivité d'une moitié de la population pour la réduire à un esclavage volontaire ?
Vous lui dites qu’elle est destinée à la servitude depuis sa naissance. Quelle est faible. Quelle est une proie.
Vous lui répétez suffisamment souvent pour que ça devienne un vérité.
La seule réalité possible.

Je n'arrive pas à croire que j'ai commis la même faute dont j'accuse tous les autres humains : j'ai sous-estimé une femme.

Tu es mon étoile du berger. J’irai là où tu me guideras.