Je ne saurai pas pourquoi, je ne veux pas le savoir, ma bouche sur sa bouche l'arrête enfin. Et ça commence.
Tu as le droit d'avoir peur. Mais tu as aussi le droit de vaincre ta peur.
- Tu sais pourquoi on dit croque-mort ?
- Non.
- Parce que, avant, pour s'assurer que le mort était bel et bien mort, on lui mordait les doigts de pied, s'il criait, eh bien, il n'était pas mort.
Mon père sort de la salle de bains après s'être changé, puisqu'il porte maintenant un beau costume gris.
- Il ne fait pas trop "ministre des Finances de droite", ce costume ?
Grand-mère le regarde avec un oeil d'expert, bien qu'elle n'ait jamais été styliste :
- Mais non, mon grand chéri, tu ne feras jamais "de droite", et je ne dis pas ça parce que je suis ta mère, je suis l'objectivité incarnée. (p. 19-20)
Je m'essuie la bouche en regardant le reflet de ma mère dans le miroir. Je comprends pourquoi mon père est tombé amoureux d'elle : elle a un beau visage, un peu triste, elle aussi, mais il y a quelque chose d'émouvant chez ma mère, elle ressemble à une poésie. Avec des strophes, des rimes, des mots inconnus et des silences.
Mon frère est obsédé sexuel, sans doute parce qu'il a été allaité. Moi pas, je régurgitais.
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Je n'ai plus du tout mal au ventre. Je crois que ce petit déjeuner est le meilleur petit déjeuner de ma vie. Le plus grand des petits déjeuners.
Je fais mon sac pour quitter définitivement ma maison. C'est moi qui m'abandonne de mon propre chef.
– On verra Doudou, j'en parlerai à ton père.
– Non, je t'en supplie à genoux Grand-mère, Papa ne veut jamais. Il nous surprotège, j'ai peur qu'on devienne des inadaptés.