plonger à la racine n’est pas trouver
tel trésor et le travail
n’est vrai
que si je
rencontre un mot
qui lui-même me travaille
comme on dit d’un bois
quand il fait craquer
tous mes discours (mais c’est encore
une fiction) – et me travaille
dans mon aujourd’hui
un jour on reconnaît qu’on ne sait plus parler
que la parole est difficile
rouge extrême et tremblement
des joues comme de cordes vocales, barrière
dure à franchir des différentes trachées
des dents, nul mot et nul souffle
n’y passe, enfouis
en la gorge, alors il faut
se résoudre à ne plus parler
que par le ventre, à se mettre
les mains dans l’âme
en sortir à pleine poignée
cette pâte – ou s’extirper
sur les lèvres
un à un
les mots
la lumière s'insinue
sous le niveau
de la mer
jusqu'aux plaques
de sable & jusqu'à tes pieds nus
cette lumière
inverse au mauvais
rêve de la veille
quand l'eau était
parfaitement opaque
dans mon sommeil
p.14
Extrait 2
& comme les oiseaux n’y
vivent
que rien comme on va
& vient
& rebondissant
de nos à branches à
le vide et l’envol
ou l’écureuil encore
rapide entre les feuilles
ou le koala l’eucalyptus liés
les consonnes
ne mentent pas
c’est d’habiter que d’être distant
voici je viens
éblouissement est un bon mot pour commencer
quand lumière et son s’unissent
en désormais d’anciennes années
& quand
d’aucuns diront qu’ils dansent
sur des ruines parmi
l’écroulement d’un mur la fin
de l’histoire
alors que dansant ils
simplement continuent
le temps / comme on
l’a aussi continué
Extrait 1
& et plus tard aussi
l’élagage qu’il faudra forcément —
Membres fantômes
les branches
Ont comme des bras
amputés sentis palpitants
ou des étoiles
désormais muettes
mais
le renvoi
de saison à saison à saison
un mot n'est jamais seul
céruléen
peut s'assombrir aussi
et méditerranée n'est pas
qu'un bloc de bleu
encerclé par des terres
ce sont aussi
beaucoup d'histoires
ensevelies
p.21
Extrait 3
le corps se tient-il dans la finesse de l’écran, non seulement le tien mais le grouillant de tout, autour. on dira j’habite là, dans écrire maigre. mais le gras du monde déploie ses dimensions. like it or not, l’abondance du visible et le format svelte vont ensemble. la manipulation de la photo rejoint même l’hypertexte. là j’ouvre, je renvoie. j’accumule comme en creusant. j’épaissis en petites touches. j’avive des profondeurs imprévues ou j’élargis des mots. doigts dessus comme des ronds dans l’EAU, cercles concentriques, je touche à l’image comme à la matière.
…
la romance dépasse
les formes répétées
elle plonge
et déborde
ou amenuise
le chiffre 8
se fait infinie
p.44
larguons les amarres
la mer
est calme et petite
et l'aventure minime
mais a
la profondeur du palimpseste