Yann Moe

Ma sœur, comme beaucoup d’autres personnes, semblaient succomber à un phénomène récent. Les entrepreneurs faisaient dorénavant l’objet d’un véritable culte. Depuis quelque temps, ils étaient devenus les nouvelles rockstars.
Le startupper et la rockstar ont ceci en commun d’avoir commencé dans un garage, entre potes. L’un devant un ordinateur, l’autre devant un micro, une guitare ou une batterie. Tous deux, après quelques années de galère et de découragement, ont connu une ascension fulgurante, gagnant du jour au lendemain des sommes folles, et accédant à la notoriété en un temps record. Cependant, il ne faut pas oublier que pour quelques success-stories, neuf entreprises sur dix échouent… comme dans le rock. Très peu de groupes accèdent à la célébrité, la plupart des formations ne connaîtront que quelques concerts dans des bars, et des animations de bal.
Mais l’enthousiasme pour les entrepreneurs était bien là. Leurs conférences suscitaient autant d’engouement qu’un concert des Stones. Leurs moindres faits et gestes, leur moindre déclaration étaient scrutés, commentés. Les médias et les politiques leur déroulaient le tapis rouge. Ils étaient tour à tour considérés comme des exemples, des aventuriers, des sauveurs. Ils étaient ceux qui allaient résoudre les problèmes du monde, créer de l’emploi, sauver les états de la faillite. Et depuis peu, ils attiraient les plus beaux top-models de la planète. Fini les footballeurs, les acteurs, et les rockstars, les plus belles femmes s’intéressaient désormais aux créateurs de startups, aux dirigeants de licornes, du nom de ces entreprises valorisées à plus d’un milliard de dollars.

Si certains pensent que Dieu a créé le monde en sept jours, alors nous sommes à l'aube du huitième.