Elles étaient trois cités en gradins sur la colline du Forum, au nord de Marseille, trois résidences pour émigrés en transit. [...] la cité Dorée, la plus chaude en été, regroupait les déracinés de fraîche date : les clandestins, les fraudeurs, les mortifiés. Ils n'avaient jamais les bons tampons sur leurs permis, n'avaient plus de permis, de passeports, de travail, de fric. Ils vivaient en famille, oubliés des lois et des servitudes sociales, confinés dans un sentiment d'injustice qui tenait lieu d'honneur. Ils n'arrivaient plus d'aucun pays, impossibles à virer. Leur patrie d'origine : la nostalgie. Leur fierté : braver les flics. Leur idéal : survivre.