La Longue Chaîne de l'ancre /Presque dix-neuf sonnets
À L'AUTEUR DE « LA NUIT »
Il entra dans sa tombe avant sa mort.
C'était sa ville de chaque soir mais dépeuplée.
Noire la grande porte. Quelques passants
Au loin, encore. Puis personne, dans la nuit.
Il suivit une rue, puis d'autres, d'autres.
Une charrette, une fois. Mais sans yeux
Le cocher, ni visage. Et à nouveau
Ne retentit que l'écho de ses pas.
Grilles qu'il secoua à des cours fermées,
Sonnettes éperdument, dont la rumeur
Se perdait dans les escaliers de maisons vides.
Il descendit des marches, vers un quai
Où un reste du fleuve coulait encore.
Il écouta le bruit se défaire du temps.
p.118