En 1939, les nazis lancent un programme de liquidation de "la vie indigne de vivre" qui n'est rien d'autre que l'euthanasie des déficients mentaux incapables de travailler. L'Institut technique de la police judiciaire, fierté de Nebe, s'implique de façon décisive dans le projet en promouvant un mode d'exécution par l'oxyde de carbone pur. Presque plus terrible encore, lorsque, dans un procès ouvert contre un des anciens collaborateurs de Nebe en 1967, la question est posée de savoir si les exécutions projetées allaient concerner des hommes ou des animaux, le prévenu cite la réponse de Nebe :" Il ne s'agit ni d'hommes, ni d'animaux, mais d'animaux à forme humaine".
En 1904, le capitaine Lambing reçoit d'un des généraux attachés au grand état-major de Berlin des documents inestimables, parmi lesquels le plan d'invasion de la Belgique, le fameux plan Schlieffen, qui sera mis en oeuvre dix ans plus tard, sans qu'entre-temps (dix ans, un délai pourtant plus que raisonnable) l'état-major français ait été en capacité de mettre au point les contre-mesures qui s'imposent. Mieux ! En août 1914, les pièces livrées par le "Vengeur" (c'est le nom de l'informateur) sont brûlées "par ordre supérieur". Sans doute fallait-il faire disparaître les preuves de l'incurie de quelques-uns.
Par hasard, l'amiral Canaris se trouve dans le bureau d'Hitler quand celui-ci apprend la constitution du front anglo-franco-polonais. Oubliant la présence du chef de l'Abwehr, le dictateur entre dans une violente colère, telle que Canaris n'en a jamais entendu de semblable. Rentré dans son bureau, l'amiral reçoit Oster et lui déclare textuellement: "Je viens de voir un fou. Je n'en reviens toujours pas. Il est fou, fou, comprends-tu? fou."