Foire du livre 2016 La place de lillustration dans la littérature Jeunesse
Il ne fait nul doute que lillustration est un art à part entière, dont la vocation est notamment déduquer loeil des plus jeunes dans un monde ou ils sont saturés dimages. Plusieurs grands noms de lillustration contemporaine - parmi lesquels Alain Serres, Juliette Vallery, Éric Veille et Zaü - nous donnent leur point de vue sur la place faite à lillustration dans la production littéraire pour la jeunesse.
Cette émission sintitule « La place de lillustration dans la littérature Jeunesse », présentée par Raphaëlle Botte qui reçoit :
- Alain Serres pour son livre « La Souris qui sauva toute une montagne », aux éditions Rue du Monde
- Juliette Valléry pour son ouvrage « Patabulle cultive son jardin », aux éditions Encore
- Eric Veillé pour son livre « Lionel », aux éditions Actes Sud Junior
- ZAÜ pour sa publication « Jatteste contre la barbarie », aux éditions Rue du Monde
- PEF
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Abdellatif Laàbi
Variations amoureuses
1
Je técoute
et recueille les mots
sur tes lèvres
Pourtant
ce sont les yeux qui parlent
posément
distribuant les rôles
Aux paupières : les voyelles
aux narines : les consonnes
aux dents écarlates : les liaisons
Au fond
la langue qui me sert à écrire
c’est à ton école
- privée -
que je l’ai apprise
2
Dans les fruits du corps
Tout est bon
La peau
le jus
la chair
Même les noyaux
sont délicieux.
PLEIN AMOUR
Tes cheveux se dénouent sur mon corps
comme une moisson de blé perdue
au détour d'un champs de rosée
dans un matin qui n'a pas de bords.
Tu cherches mes lèvres avec la soif
de quelqu'un qui a traversé le monde
pour aller voir la neige fondre
sur des sommets moins hauts qu'un baiser.
Tu es vivante comme peut l'être
le cri d'un fruit qu'on mord.
En t'aimant, je prends tout l'or
qui veille à l'entrée de ta chair.
Lucien BECKER
La nuit et le vent
s'enlacent et s'emballent
la nuit et le vent
comme deux amants
Et jamais je ne veux perdre le goût
de cet amour qui imbibe nos mains.
COMME RÉSONNE LA VIE
Tu ouvres un livre et humes le papier
en mesures l’épaisseur
tu feuillettes les premières pages, déjà
tu sais la langue qui pétrit le désordre
la poussée des mots
sur les ombres nécessaires et leurs sauts de clarté
tu sais la solitude quand tu tournes les pages
les voiles qu’il faut abattre
sous les vents trop puissants, nos coeurs
à ouvrir, nos vies
que chaque amour agrandit
et les amarres
cèdent enfin
on laisse partir toutes choses.
Hélène DORION
On voudrait vivre là
dans ce petit matin frais
ensoleillé
le côté gai de la force
qui entre dans les veines
Septembre est un mois doux
J'ai besoin de ce temps
à regarder
rien
En compagnie de la lune
ou du vent
du chemin
Etre seulement dehors
dans les odeurs de menthe
la mire du papillon
à regarder
rien
et ce qui s'ensuit
Ce que j'aime par-dessus tout, moi, Youpala Impalapa, c'est sortir en cachette à la tombée de la nuit ; quitter ma case, aller m'asseoir à l'orée de la jungle, et écouter la chanson du vent dans les arbres, les cris des singes bagarreurs et les longs rugissements des lions qui partent en chasse. Et je rêve...
ne peux-tu marcher en silence
comme je le fais désormais
mais sans baisser le regard
fouillant vos passages, vos gestes
identifiant vos mimiques dépravantes
vous me faites pitié dans vos délires
je ne baisserai plus la tête
je plongerai mon regard dans vos vices
cherchant le moindre indice
je n'ai plus peur de vos bêtises
je n'ai plus peur de vos haines
je n'ai plus peur de vos moqueries
désormais c'est vous qui ne me supporterez plus
vous n'aurez plus le courage de fouiller dans ma vie
vous n'aurez plus le courage d'affronter mon regard
dans ce regard, vous vous mirerez dans l'océan
du mal que vous m'avez fait
je me tiens la tête haute et vous salue
vous m'aviez fait pleurer
vous m'aviez fait souffrir
vous m'aviez ôté la féminité
aujourd'hui j'affronte la vie
sans la moindre rancune
je suis une femme mûre
je suis une femme virtuele
je suis une femme guérie
je suis une femme bénie
et je vous remercie pour ce mal
pour tout ce mal que vous m'avez fait
je vous pardonne
vous êtes pardonnés
- Alexandrine, Ma douleur
Étrangère dans sa ville
Étrangère dans sa vie
Elle regarde la mer avec insistance
Comme si elle attendait des mots d'elle
Des mots qui disent « Te souviens-tu ?»
Elle ne se souvient de rien.
Et la mer ne lui dira rien du temps qui passe.
Etrangère à sa ville
Etrangère à sa vie
Elle s'approche des mers de ses ancêtres
Là où ils ont appris à nager, à pêcher
Ils ne savent plus qui elle est
Ils ne la reconnaissent pas
Peut-être sont-ils morts depuis trop longtemps ?
Ils ne lui diront pas les mots qui la tourmentent.
Etrangère à sa ville
Étrangère à sa vie
Les chemins tortueux de son avenir
N'existent que dans le bégaiement des vagues.
De la traversée d'un ciel trop haut
Les pas continuent à s'effacer
Comme si l'histoire était impossible à écrire
Comme si les mots s'effaçaient à leur naissance.
Alors comment feront-ils pour être ?
Comment feront-ils pour se reconnaitre ? Comment feront-ils pour s'aimer ?
Comment cessera-t-elle d'être étrangère ?
- Habida Djamine, Étrangère...