Rencontre avec Yves Pinguilly à la bibliothèque de Valognes - Le jeudi 27 février 2014
Avec Njobbô, Nyéba planta un noyau de jujube dans sa cour. Il devint vite un petit arbre. C'est près du jeune jujubier que le vieil éléphant dormait. Nyéba lui répétait :
– Tu n'as pas le droit de mourir avant que ne grandisse ici un grand jujubier, et que ses branches soient couvertes de bourgeons, de fleurs et de fruits. Promis ?
Longtemps après, le jujubier a fleuri, bourgeonné, ses fruits ont mûri. Et l'éléphant, une nuit, est parti.
" La fleur des vagues ne vint pas se ranger le long du quai. Le port resta vide, un peu triste. "
Soyez assurés qu'autrefois
Quiconque avait deux yeux
N'était pas aveugle, ma foi,
Et n'en voyait pas mieux.
Mais qui n'avait qu'un œil sans doute,
D'être borgne risquait fort,
Et, c'est bête ! devait faire deux fois sa route
S'il en voulait voir les deux bords.
chacun porte son toit
et c'est toujours
chacun pour soi
chacun chez soi
Mais un jour, au village et dans la forêt, ce fut comme si le père du vent et le père du tonnerre étaient devenus fous ! Comme si la mère du jour et la mère de la nuit étaient devenues folles !
Tous les cris et les bruits de la guerre arrivèrent et se fracassèrent là, avec toutes les peurs de la guerre !
Des hommes, mais aussi des enfants ayant à peine quelques saisons de plus que Zotizo attaquaient le monde entier, avec ses arbres, son ciel, sa terre, ses fleuves et ses hommes et ses femmes et ses enfants.
Enfants
migrants
dépatriés
damnés de la terre, noyés
dans les sables du désert.
Enfants
migrants
dépatriés
damnés de la mer, noyés
dans les vagues salées.
Enfants
migrants
dépatriés
damnés du ciel, noyés
Quels oiseaux
pour vous repêcher?
Un jour, Minata s'était éloignée du village. Elle était allée seule au champ pour y cueillir un, deux, trois flocons de coton, plus dix fois dix flocons de coton. Après, elle avait roulé sa récolte dans une feuille de mil. Enfin, avec un peu de fil et des morceaux de tige, elle faisait naître Aïssa, sa poupée.
Le temps passa, et un jour, un peu un peu, la pluie des mangues
tomba et mouilla le bout de la langue de Donali.
Alors, les arbres de la grande forêt qui protégeaient le village
fermèrent leurs yeux.
Plus aucune feuille ne bougea.
Alors, Donali entourée par les vieilles serra très fort les dents.
Et elle sourit ensuite, quand son bébé nouveau-né poussa son
premier cri.
- C'est un garçon !
« Ils ont peur. Ils sont captifs de leur peur et la peur ça éteind un peu le coeur... »
Comment démêler le vrai de ce qui ne l’est pas, quand tant de jalousie peut naître dès que la plus belle invente sa vie avec l’audace d’une ronce qui grandirait sans épines ?
La Ville d’Is.