Son père répétait à l’envi que les problèmes de la société moderne, particulièrement le chômage, étaient les conséquences directes du travail des femmes. Alors que leurs maris partaient chaque matin travailler, suivant ainsi l’exemple des dynasties hirsutes et gonflées de testostérone qui avaient jadis chassé le mammouth, elles avaient délibérément choisi de bosser, de conquérir leur indépendance, de forger leur identité féminine au détriment de l’équilibre de la société et de l’éducation des enfants. Il oubliait au passage de préciser que les femmes avaient été enrôlées dans les usines afin de pallier l’absence des hommes que d’autres hommes, puissants et ô combien courageux, avaient autrefois envoyé se faire trouer la peau à leur place dans des conflits toujours plus meurtriers.