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Poème d'Evariste de Parny mis en musique par Poé'Zic.
Apprenez, ma belle,
Qu'à minuit sonnant,
Une main fidèle,
Une main d'amant,
Ira doucement,
Se glissant dans l'ombre,
Tourner les verrous
Qui dès la nuit sombre,
Sont tirés sur vous.
Apprenez encore
Qu'un amant abhorre
Tout voile jaloux.
Pour être plus tendre,
Soyez sans atours,
Et songez à prendre
L'habit des Amours.
RAVEL - « Chansons madécasses » 1/3 - Nahandove (Parny) - Bruno LAPLANTE
Poésie d'Évariste de Parny - Enregistré à Montréal en octobre 1970 avec Jeanne Baxtresser à la flûte, Jean-Eudes Vaillancourt au piano et Jean-Guy Morin au violoncelle. bruno.laplante@icloud.com
1- Nahandove
Nahandove, ô belle Nahandove !
L'oiseau nocturne a commencé ses cris,
la pleine lune brille sur ma tête,
et la rosée naissante humecte mes cheveux.
Voici l'heure ; qui peut t'arrêter,
Nahahndove, ô belle Nahandove !
Le lit de feuilles est préparé ;
je l'ai parsemé de fleurs et d'herbes odoriférantes ;
il est digne de tes charmes,
Nahandove, ô belle Nahandove !
Elle vient. J'ai reconnu la respiration
précipitée que donne une marche rapide ;
j'entends le froissement de la pagne qui l'enveloppe ;
c'est elle, c'est Nahandove, la belle Nahandove !
Reprends haleine, ma jeune amie ;
repose-toi sur mes genoux.
Que ton regard est enchanteur !
Que le mouvement de ton sein est vif et délicieux
sous la main qui le presse ! Tu souris,
Nahandove, ô belle Nahandove !
Tes baisers pénètrent jusqu'à l'âme ;
tes caresses brûlent tous mes sens ;
arrête, ou je vais mourir.
Meurt-on de volupté,
Nahandove, ô belle Nahandove !
Le plaisir passe comme un éclair.
Ta douce haleine s'affaiblit,
tes yeux humides se referment,
ta tête se penche mollement,
et tes transports s'éteignent dans la langueur.
Jamais tu ne fus si belle,
Nahandove, ô belle Nahandove !
...
Tu pars, et je vais languir dans les regrets et les désirs.
Je languirai jusqu'au soir.
Tu reviendras ce soir,
Nahandove, ô belle Nahandove !
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RAVEL - « Chansons madécasses » 2/3 - Aoua ! (Parny) - Bruno LAPLANTE
Poésie d'Évariste de Parny - Enregistré à Montréal en octobre 1970 avec Jeanne Baxtresser à la flûte, Jean-Eudes Vaillancourt au piano et Jean-Guy Morin au violoncelle. bruno.laplante@icloud.com
Aoua ! Méfiez-vous des blancs,
habitants du rivage.
Du temps de nos pères,
des blancs descendirent dans cette ile ;
on leur dit : Voilà des terres,
que vos femmes les cultivent.
Soyez justes, soyez bons,
et devenez nos frères.
Les blancs promirent, et cependant
ils faisaient des retranchements.
Un fort menaçant s'éleva ;
le tonnerre fut renfermé
dans des bouches d'airain ;
leurs prêtres voulurent nous donner
un Dieu que nous ne connaissons pas ;
ils parlèrent enfin
d'obéissance et d'esclavage:
Plutôt la mort !
Le carnage fut long et terrible ;
mais, malgré la foudre qu'ils vomissaient,
et qui écrasait des armées entières,
ils furent tous exterminés.
Aoua! Méfiez-vous des blancs!
Nous avons vu de nouveaux tyrans,
plus forts et plus nombreux,
planter leur pavillon sur le rivage:
le ciel a combattu pour nous;
il a fait tomber sur eux les pluies,
les tempêtes et les vents empoisonnés.
Ils ne sont plus, et nous vivons libres.
Aoua! Aoua! Méfiez-vous des blancs,
habitants du rivage.
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Maurice Ravel (1875-1937) Chansons madécasses (sur des poèmes en prose d'Evariste de Parny)
Nahandove - Aoua - Il est doux
Les Chansons madécasses sont trois pièces (Nahandove - Aoua - Il est doux) composées par Maurice Ravel entre 1925 et 1926 pour voix (mezzo ou baryton), flûte, violoncelle et piano sur des poèmes en prose d'Évariste Parny. Elles sont dédiées à Elisabeth Sprague-Coolidge, mécène américaine du musicien.
Inspirées par le folklore poétique de Madagascar, les Chansons madécasses marquent une évolution du style de Ravel vers le dépouillement. La violence de la mélodie centrale s'oppose tant à la langueur érotique de « Nahandove » qu'à la douceur paradisiaque et simple du « Il est doux ». « Aoua ! », manifeste musical anticolonialiste, joue sur l'opposition entre le cri -- cet «Aoua ! » ajouté au poème de Parny -- et un récit dont la violence reste contenue par les ostinati des instruments. Au massacre des colons succède la revanche de la nature sur la culture imposée. Le cri ne perd sa puissance qu'une fois la liberté conquise : « et nous vivons libres».
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Évariste de Parny - Élégie