Mosquito [corriger]

Sean Kimberley est un irlandais qui combat pour la Grande Bretagne au cours de la Première Guerre mondiale. Lors de la bataille du détroit des Dardanelles, il sera sauvé par un sergent anglais, Georges Marshall. c'est un anglican qui vient de sauver un anglican.



Quelques années plus tard, Sean est de retour en Irlande dans le comté de Kerry. Si l'IRA, l'Armée Républicaine Irlandaise mène des attaques de plus en plus violentes contres les anglais, Sean lui, n'aspire qu'à mener une vie paisible. Mais un événement va changer la donne et entraîner Sean dans la spiral de la violence et de la vengeance.



La ferme de son frère , Arthur Kimberley, a été attaqué par des black et tans au service des anglais. La ferme a été détruite et Arthur tué. Sa femme, Nuala, veut se venger et va prendre les armes et rejoindre l'IRA. Elle ne comprend pas la frilosité de son beau-frère, Sean qui refuse de se joindre à elle. Mais Sean, après réflexion, va rejoindre l'IRA et participé à différentes actions contre les forces armées anglaises.



Sean et Nuala sont des membres actifs qui participent à des actions armées violentes où la vie des anglais importent peu. Après que les chefs de leur réseau local aient été tués par les Tans, Sean devient le chef de la rébellion dans le comté de Kerry. Avec Nuala, ils vont poursuivre les Tans pour retrouver le fameux sergent au pistolet à la crosse d'écailles.



Christian Peultier et Patrick Schneckenburger nous invitent en Irlande sur fond de révolte des Irlandais catholiques. Nous plongeons au cœur d'un groupe organisé qui mène des actions contre les anglais. Le tout sur un fond de vengeance, avec une histoire d'amour naissante entre un beau-frère et une belle sœur.



Les deux auteurs parlent d'amitié, de loyauté, de courage, de recherche de la liberté. Ils nous parlent d'hommes et de femmes prêts à tout pour leur idéal de liberté. C'est l'histoire d'une vengeance. mais la vengeance est-elle toujours possible ? Qu'est-ce qui pet faire disparaître ce sentiment ?



C'est aussi une histoire de trahison ( ce qui est fréquent quand on évoque l'histoire irlandaise, ancienne ou récente). On en saura pas pourquoi il y aura trahison. Trahison il y a eu et la seule solution est la mort, car les traîtres n'ont pas voix au chapitre.



Le choix de l'aquarelle sublime les paysages irlandais mais aussi les intérieurs. on a l'impression de marcher sur les landes de la verte Erin. Chaque case est magnifiquement dessinée et mérite que l'on passe du temps à l'explorer. Les différentes scènes sont décrites avec réalisme et avec beaucoup de sensibilité. Le dessinateur joue beaucoup sur les éclairages mais aussi sur les vêtements de ses personnages : on a l'impression de les voir bouger.



Tout au long de l'histoire, on sent la fin arriver. La vengeance peut-elle tout balayer sur son passage et faire oublier le passé . Peut-on perdre son âme pour une vengeance ?



C'est une très belle histoire (sur un sujet conventionnel et déjà traité en littérature, en film ou bien en BD). Elle est sublimée par la qualité graphique mais aussi par les couleurs. J'ai juste été déçu par la fin qui arrive très vite, trop vite pour moi. On aurait pu explorer davantage la psychologie des héros. C'est mon seul regret qui explique ma note finale.

Superbe recueil de bande dessinée. Avec cette BD, je découvre enfin Sergio Toppi, dont les dessins ambitieux et virtuoses m'impressionnaient lorsque je feuilletais ses albums. En plus d'être un brillant dessinateur, c'est un conteur talentueux. Cet album rassemble 4 histoires courtes d'une douzaine de planches chacune, créées par Toppi entre 1977 et 1993, qui dénoncent l'horreur et l'absurdité de la guerre.



Celle qui m'a le plus scotché est la première, qui donne son titre au recueil, et qui se déroule en 1742, sur un champ de bataille prussien. La chute de l'histoire est tout bonnement géniale. Il n'y a pas d'autre mot, c'est du pur génie. Je n'en dis pas plus. Le second récit prend place dans le désert égyptien, en 1943. C'est une méditation sur le respect des traditions, la guerre, la cupidité... et l'âme. Très belle histoire aussi, avec une fin particulièrement mélancolique.



Les deux derniers épisodes évoquent l'innocence bafouée par la guerre. La troisième histoire a lieu pendant la guerre du Vietnam, le héros est un jeune garçon de 8-10 ans. Une histoire où la violence est hors champ, à la fois très belle dans ce qu'elle dit de l'enfance, et très dure, dans ce paradis est-asiatique souillé par les armes et la mort. Enfin, la dernière histoire traite de la guerre en Yougoslavie, dans les années 1990. Le héros est un pré-adolescent qui voit son amitié avec un jeune de l'autre camp brisée par la guerre.



Ces quatre récits, maîtrisés à la perfection, donnent à penser sur la guerre, tout en ayant chacun un contexte précis et en offrant des pistes de réflexions différentes. Le fait de passer d’une époque à l’autre en changeant d’histoire n’est pas dérangeant, c’est même très bien vu, d’autant que c’est chronologique. Cela montre combien les conflits sanglants ont existé de tout temps, sous des formes diverses, mais de façon toujours aussi terrible et funeste pour l’humanité. Ce sont des méditations pleines de gravité, à la fois sublimes et déchirantes, qui résonnent longtemps en nous une fois la lecture achevée...



Cet album est à la fois très sombre par son sujet et ses dessins… Et en même temps, derrière le désespoir, surgit toujours quelque part une lueur d’humanité. En cela, Toppi, comme ses condisciples Pratt, Battaglia et Micheluzzi, est un humaniste, qui dénonce le mal sans perdre espoir, même si celui-ci est bien fragile. Je commence seulement à découvrir – enfin – l’immense œuvre dessinée de Sergio Toppi et je ne compte pas m'arrêter de sitôt.
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