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Jungle

Le thème de Jungle, selon moi, est la façon dont les gens ont besoin d'une identité. Même si cette identité n'a aucune base, les gens veulent absolument "être eux-mêmes" avec des opinions et des points de vue, une image, sinon ils ne peuvent pas vivre. Le livre parle de la folie qui sévit dans nos esprits. Inévitablement, une société créée par de tels esprits sera basée sur des bases fragiles et s'effondrera dans tous les domaines : économique, politique, climatique. L'homme s'étouffe lui-même.





"Jungle" a toujours un ton plein d'humour, un humour qui permet de voir très clairement l'absurdité de notre mode de vie. Heureusement, Vandecasteele ne pleure pas à ce sujet, comme le font tant d'écrivains du culte de la déprime, mais il parvient à formuler tout cela de manière amusante. Cela ne rend pas la réalité moins dure, ne vous méprenez pas : ce livre est très dur, mais aussi hilarant.





Il y a aussi un aspect surréaliste, mais il est moins surréaliste qu'il n'y parait. Notre monde réaliste dans lequel nous vivons est tellement fou qu'il frôle le surréalisme. Que penser, par exemple, des Maisons Impossibles dans l'histoire, lorsqu’on lit ensuite un article dans un journal sur le fait que la photographie de ruines inconnues, ou parfois d'intérieurs intacts, restés complètement "cachés" pendant des décennies au moins, est très tendance ? Ces photographes pénètrent en quelque sorte dans des lieux impossibles, et ce n'est pas toujours sans danger pour eux. Des maisons entières ou des usines peuvent s'effondrer sur eux. Quoi qu'il en soit, les dimensions se mélangent.





Vandecasteele a été critiqué pour avoir des "idées riches mais immatures" dans le livre. Immatures ? Selon moi, c'est de la pure philosophie. Celui qui prétend que ce livre est inachevé ne comprend pas "Jungle" ou ressent une certaine gêne, se sent offensé et ne veut pas comprendre. D'ailleurs, ne pas vouloir comprendre est aussi quelque chose à quoi Vandecasteele fait référence dans son livre.

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Le haut nid



+++++++ LE HAUT NID +++++++



C'est à l'automne 2012 que l'auteure avec son mari, leurs 3 bambins, un vieux berger allemand et leurs 3 chats ont fait leur entrée dans la belle demeure que vous pouvez admirer sur la photo de couverture. "Le Haut Nid", qui se trouve à Naarden, 25 kilomètres au sud-est d'Amsterdam, a été construite par le compositeur de chansons très populaires au Pays-Bas, Dirk Witte (1885-1932), en 1921, et a connu pendant la dernière guerre mondiale un passé particulièrement mouvementé.

Le meilleur programme de cabaret de l'année est aujourd'hui encore toujours couronné du Prix Dirk Witte.



Il s'agit du second roman de Roxane van Iperen, paru en novembre dernier, et bien que son premier "Schuim der aarde" - ou 'La lie de l'humanité' et situé dans les "favelas" brésiliennes - ait été un franc succès en 2016, il est peu probable que cet ouvrage soit traduit en Français. Comme l'histoire est extrêmement intéressante et qu'elle nous présente les soeurs Margot et Anne Frank, j'ai cependant estimé qu'un petit billet s'imposait. Surtout le nom archicélèbre de la petite Juive hollandaise incitera peut-être un éditeur en France à envisager une version française, ce que j'espère vraiment.



Après le décès de Witte c'est la famille juive Brilleslijper qui y va jouer un rôle central. Rebekka, surnommée Lien ou Lientje (1912-1988), qui vit avec le musicologue allemand antinazi, Eberhard Rebling et Marianne, surnommée Janny (1916-2003), qui épousa Bob Brandes et Jacob (1921-1944). L'aînée est également connue sous son nom de chanteuse Yiddish, Lin Jaldati. Sa fille, née en 1951, était aussi une "hazzan" ou chantre Yiddish , qui a performé sous le nom de Jalda Rebling.



Les soeurs Lien et Janny seront parmi les toutes dernières à avoir côtoyé les soeurs Margot et Anne Frank au camp d'extermination nazi de Bergen-Belsen, en février-mars 1945, mortes à l'âge de respectivement 18 et 15 ans. Ce fut Janny Brandes-Brilleslijper qui informa, par le biais de la Croix-rouge, Otto Frank du sort de ses filles.

Le "Journal d'Anne Frank" a été vendu à plus de 30 millions d'exemplaires en plus de 70 langues. Plus de 400 personnes en ont fait une critique sur Babelio.



Lorsque, le 10 mai 1940, la peste brune envahissait les Pays-Bas, après avoir sérieusement bombardé Rotterdam, le plus grand port maritime du monde, le pays comptait 160.820 Juifs, soit 10 % de la population globale, et la 3e plus grosse communauté juive d'Europe occidentale après celles du Royaume-Uni (300,000) et la France (250.000) - chiffres pour 1933 - La grosse majorité habitait Amsterdam, où vivaient depuis des siècles des Juifs séfarades espagnols et portugais (le grand philosophe Spinoza entre autres) à côté de Juifs ayant fui plus récemment l'Europe centrale et orientale. Les nazis ont essayé d'y établir un ghetto conforme au modèle polonais, mais le quartier juif ("Judenviertel") n'a jamais été plus qu'une fiction teutonique, malgré les "efforts" du Commissaire du Reich, l'Autrichien Arthur Seyss-Inquart (pendu à Nuremberg en octobre 1946), qui s'est rattrapé en organisant le départ des Juifs vers les camps de la mort.



Pendant la guerre 75 % des Juifs néerlandais sont morts dans des camps de concentration. Lire l'intéressant article de Sylvain Ephimenco "Le souvenir honteux de l'holocauste en Hollande" dans Libération du 10-03-1995.

Ce journaliste pied-noir, né en 1956 à Oran, est le premier Français à écrire directement en Néerlandais un roman "Façades", en octobre 1997. Après l'attentat des tours jumelles de New York en 2001, il a écrit une lettre ouverte aux musulmans dans laquelle il les exhorte à ne pas choisir le camp de la radicalisation et de la violence.



Le contexte dans lequel les soeurs ont organisé à partir de la villa la résistance contre les uniformes noirs et pour la sauvegarde de leurs coreligionnaires dans un environnement de plus en plus dangereux, à cause d'un renforcement quasi continu de la Gestapo et d'une peur qui s'est emparée de plus en plus de la population néerlandaise, prend chez Roxane van Iperen une dimension digne des meilleurs livres à suspense. Mais n'oublions pas qu'il s'agit ici d'une histoire véridique, dûment recherchée et documentée.



En l'été 1944 les soeurs furent trahies, arrêtées et insérées dans le camp de transit de Westerbork, au nord-est des Pays-Bas, où elles firent la connaissance des soeurs Frank, employées comme elles comme des esclaves. Et transférées toutes les quatre à Bergen-Belsen en octobre 1944.



Après la guerre, Janny a retrouvé son mari et enfants et est décédée d'une insuffisance cardiaque en août 2003, à l'âge de 86 ans. Sa soeur aînée s'est installée en 1952 avec ses 2 filles à Berlin-Est et s'est produite sur scène à Moscou, en Chine, Corée du Nord, Inde et Indonésie, Thaïlande et Vietnam, avant de mourir en 1988, à Berlin, à l'âge de 75 ans.



Un ouvrage fascinant, où le seul bémol constitue l'absence de photos. Quelques photos des 2 soeurs et leurs proches aides et collaborateurs n'auraient, à mon avis, nullement gêné la trame de l'histoire, ni son aspect tragique et/ou littéraire. Dommage, mais heureusement qu'ils y aient quelques photos des soeurs Brilleslijper sur le Net.

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