L`enfance des arbres [corriger]

Sous le patronage amical et poétique de François Cheng, notre ami Jean Lavoué nous offre un superbe travail d'artisan éditeur qui marie le dessin et la poésie.

La technique de Nathalie Fréour, qui a réalisé les illustrations, est assez particulière puisqu'elle dessine en blanc sur du papier noir. Certains de ces dessins sont proches de photos qui me font penser à celles de Jérémie Villet.

La poésie de Gilles Baudry se rapproche beaucoup de ces dessins car elle aussi, elle essaie de faire jaillir la lumière. Elle nous parle de silence, de présence, de patience, d'amour et d'attention à tout ce qui dans la nature et dans la vie peut nous conduire vers une seconde naissance.

Pour parler du camp de Westerbork où les juifs hollandais furent enfermés avant leur départ en camp de concentration, Olivier Risser emprunte une forme assez étonnante, celle du conte. Il répond ainsi à une "suggestion" d'Etty Hillesum qui est la fée du titre.

Pour découvrir Westerbork, nous suivons Sacha, un garçon infirme qui y est amené par traîtrise. Pendant que ses parents le cherchent, il survit dans la baraque des enfants, apprend les règles de ce lieu de désolation, se lie d'amitié avec d'autres enfants... en attendant le départ d'un convoi vers un camps de concentration. Etty Hillesum y est présentée comme une fée, une libellule, qui vole dans tout le camp pour consoler les prisonniers, les soulager, leur apporter un peu de lumière et leur dire que l'amour peut encore exister dans ce lieu.

Le récit présente parfois des extraits de textes d'Etty Hillesum et du journal écrit dans le camp par le journaliste Philip Mechanicus qui est, lui, présent sous la forme d'un petit automate. Il y a aussi quelques références historiques et littéraires. Le procédé ne m'a pas vraiment convaincu, ni la forme du conte.

Il y a déjà quelques années que j'avais été touché par la fulgurance de quelques-uns de ces très courts poèmes de Gilles Baudry. Je ne savais pas alors que ce recueil avait été édité par Jean Lavoué, qui est devenu depuis un ami.

La vision poétique de Gilles Baudry se nourrit des arbres et des fleurs, des oiseaux, du silence, de la lumière. Elle nous invite à l'émerveillement, à la beauté, à la transcendance. Son souhait est que notre "regard pollinise le monde."

A chaque texte bref de Gilles Baudry sur la page de gauche répond un dessin carré (ou parfois deux) de Nathalie Fréour. Il est vraiment dommage de ne pas pouvoir en faire des citations, tant il est vrai que poèmes et dessins se répondent, comme le dit le petit texte de Guo Xi en exergue de ce volume.