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Soufisme & Wahhabisme : Deux frères ennemis ?

Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,



Retour de lecture sur un ouvrage marquant : « Soufisme & Wahhabisme : Deux frères ennemis ? » du frère Thomas Sibille, aux Éditions Albouraq.



Ce petit ouvrage, préfacé par Shaykh Muhammad Karimi, est décidément le parfait écrit pour modérer les passions au sein de la communauté autour de ces deux courants de l’islam si sujets à controverse.



Après avoir introduit les objectifs de l’ouvrage, Thomas Sibille nous explique ce qu’est le soufisme (le tassawuf en arabe) . Il n’y a pas meilleure introduction que par la découverte des définitions, n’est-ce pas ? Surtout si elles sont données par les grands savants.



L’auteur nous les partage et développe cette notion de « tassawuf ».

Il apporte de la nuance aux idées : en effet , les soufis ne sont pas tous des mystiques exaltés.

Il déconstruit les préjugés sans nier les dérives.



Non , le soufisme n’a pas été entièrement condamné par les savants de la communauté, et oui, le soufisme a amené des dérives certaines qui elles ont été condamnées.



En réalité, on prête aux savants des avis qu’ils n’avaient pas : Shaykh Ibn Tayymiyah ou l’imam Al-Ghâzâli n’ont pas condamné le soufisme en tant que tel mais bel et bien les dérives du tassawuf.

De même que l’école juridique de l’imam Ahmâd Ibn Hanbâl n’a pas rejeté le soufisme. Bien au contraire, parmi les grands savants hanbalites on trouve Shaykh ‘Âbd al-Qadir Al-Jilâni, grand maitre soufi, agrée par Shaykh Ibn Tayymiyah par exemple et fondateur de la voie soufi Qadiriya.



En fait la voie soufie, qui est la voie de la spiritualité dans la religion musulmane, est une voie bien ancrée dans le sunnisme. Malheureusement, comme toute doctrine ou voie certains s’y affilient en ayant des pratiques qui sont contraires à ce qu’ils prétendent suivre.



Il en est de même pour la voie wahhabite, impulsée au XVIIIème siècle par le célèbre réformateur originaire du Najd, Shaykh Muhammad Ibn 'Âbd al-Wahhâb.



L'auteur explicite et déconstruit les préjugés sur la doctrine du shaykh du Najd. Il recontextualise avec les différents mouvements comparables de l'époque et explique le fondement de cette doctrine qui fait de la redécouverte du monothéisme pur un point capital.

C'est le retour à la croyance des pieux prédécesseurs, des premières générations de musulmans: les Sâlafs selon les wahhabites.



Alors d'une part , Shaykh Ibn 'Abd al-Wahhâb ne fait pas de l'anathème un pilier du mouvement et d'autre part , il ne condamne pas le soufisme dans sa globalité non plus. Il combat plutôt les déviances amenant à l'associationnisme ( shirk ) qui se sont installées dans les mœurs des sociétés de la péninsule arabique.



Assurément , le wahhabisme n'est pas une doctrine fondamentalement violente.

C'est une voie qui a été corrompue par ses affiliés. Elle a subi des modifications majeures qui ont conduit à la rendre extrémiste, c'est la résultante notamment de l'alliance politico-religieuse avec la famille Al-Saoud.

En réalité, selon l'auteur et ses sources, le wahhabisme a été dévoyé d'abord à cause des intérêts politiques.



Les enseignements du wahhabisme se sont parfois radicalisés, ce qui a engendré de grandes confrontations entre musulmans. Les Ottomans autrefois qualifiés de mécréants par les wahhabites en est le parfait exemple .



En bref, la doctrine du Shaykh Ibn 'Abd al-Wahhâb n'est aujourd'hui pas totalement fidèle à ses enseignements. Elle possédait à l'origine des éléments de l'ordre du détail pouvant poser problème.

Ceux ci ont pris de l'ampleur du fait des propres enfants, petits-enfants et disciples du fondateur.



Chacun de ces deux courants a été diabolisé, incompris et attaqué. Ils se sont confrontés et ont eux-mêmes subi des attaques d'autres courants. En somme, la vérité est faite de subtilités et Thomas Sibille a bien su expliquer ces nuances dans l'ouvrage.



Alors non , le soufisme n'est pas parfait et connait des dérives. Non, le wahhabisme n'est pas parfait et connait des dérives. Néanmoins ils font tous deux partie intégrante des courants du sunnisme. Ils portent tous deux, en eux, des éléments de solutions à des problématiques précises dans les sociétés musulmanes.



C'est un petit ouvrage extrêmement utile afin d'avoir une meilleure compréhension de ces sujets et pour déconstruire les préjugés que nous portons. Des idées préconçues qui sont sources de divisions et de confrontations au sein de la Ummah alors qu'ALlah dit dans Son Livre : « Et ne vous divisez pas. » (Coran 3/103).



Merci à Thomas Sibille ainsi que la maison d'édition Albouraq pour cet ouvrage incontournable pour la communauté, spécialement francophone !

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Paul Pascon: Un été dans le Haouz de Marrakech

Paul Pascon est une figure éminente de la sociologie marocaine. Plus de trente ans après sa disparition, nous avons choisi de présenter à partir d’un corpus photographique consacré aux moissonneurs dans le Haouz de Marrakech une facette inédite de son métier de chercheur.

Ces photographies portent également le rêve des indépendances et des réformes qui s’expriment ici dans le labeur, la mise en valeur de la terre et sa modernisation… Un horizon d’attentes pas encore atteint de déprime et un rêve de possibles.

Paul Pascon, un été dans le Haouz de Marrakech est né aussi d’une envie de partager l’imagination sociologique et documentaire que ce chercheur a déployée tout au long de ses recherches. Une invite dans sa « cuisine » de chercheur foisonnante d’inventivité. Documents, manuscrits, cartes, croquis, dessins, journaux de terrain, photographies, enregistrements sonores… en composent les ingrédients. Toute une matérialité de la recherche qui dessine la trame de relations riches entre terres, terrains et territoires saisis d’une intelligence sensible dénotant un art de la mesure.

Ce livre souligne l’importance de la préservation et de la transmission des archives de la recherche scientifique dans des conditions maîtrisées. En effet, elles représentent cette part vivante de la recherche sur le terrain et invitent à de nouvelles appropriations vivifiantes de ce patrimoine.

Abdelmajid Arrif

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