« L’ère du vide »(1) ou de la pauvreté intérieure, époque où l’on assiste presque impuissant à l’effondrement tragique des hauteurs, à la dévitalisation de la conscience critique, à une crise sans précédent de la spiritualité, où la pensée manque cruellement d’épaisseur et où l’école se contente de fabriquer des citoyens dociles et conformes au système capitaliste. C’est le triomphe de l’ « homme-masse »(2), cet « enfant gâté » qui ne trouve rien à désirer en dehors de lui, et qui contente son esprit d’un répertoire d’idées toutes faites sans regard critique sur le spectacle que lui offre la société. On baigne ainsi dans la culture clash et du buzz où certains « intellectuels » ne ressemblent à rien d’autre qu’à des outils de divertissement sur les plateaux télévisés, à de simples agitateurs payés pour râler, autrement dit, à des polémistes qui ronchonnent sur commande. L’esprit de polémique a remplacé celui du dialogue et du débat d’idées. En effet, on ne retient d’une émission que les quelques minutes de clash entre deux invités : nous assistons presque impuissamment à une dangereuse stratégie de crétinisation lucrative de la société où les vedettes ne sont plus les penseurs ou les intellectuels véritables, mais les stars du ciné, de la téléréalité, du sport et de la chanson. On « enseigne l’ignorance », pour reprendre la formule de Michéa, parce que l’ignorance est source de profit.
Les prédateurs de notre société se nourrissent de l’abêtissement d’un peuple devenu un auditoire qui applaudit au show démagogique des politiciens, d’un troupeau électoral qui n’existe que dans l’isoloir, autrement dit, d’une masse de consommateurs qui vit au rythme des soldes, préoccupée par des besoins purement matériels pour ne pas dire artificiels. On chante les louanges du « progrès » à l’heure où l’humanité décline : « jadis l’esprit était Dieu, puis il s’est fait homme, à présent il devient canaille. »(3)
Ceci dit, pour fuir l’angoisse des conséquences des crises actuelles, chacun s’est replié sur lui-même en surinvestissant son espace privé. Plus rien n’existe en dehors de l’univers personnel du consommateur. L’Histoire ne semble plus avoir de sens pour lui. Céline, avec sa plume singulière, avait dénoncé cet individualisme en dévoilant l’imposture des liens sociaux et les duperies de langage dans les sociétés modernes. Plus d’aventure vers la sagesse, la fraternité, mais un « voyage au bout de la nuit » où l’on fait désormais l’expérience de l’individualisme, où chacun découvre ce que signifie être un pur individu au-delà du lien social.
(1) Gilles Lipovetsky, L’ère du vide, Folio Essais.
(2) José Ortega y Gasset, La révolte des masses, Les Belles Lettres.
(3) Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, p. 353, dans Œuvres, Flammarion. (pp. 29-30)
Ne prends jamais parti pour une personne qui commet une injustice quand bien même serait-elle de la même religion ou de la même origine que toi. Surtout, ne jamais donner raison à une personne qui a tord uniquement parce qu'elle serait marocaine, algérienne ou musulmane comme toi. Sois juste, toujours.
Muhammad - salallahu alayhi wa salam - joyau de la prophétie. Il est dans ses actes et ses propos : un guide vers chaque bien, un avertisseur de chaque mal, celui qui appelle vers Allah et un flambeau éclatant par Sa permission..
Ce manifeste n'est pas à la portée des acteurs agités du système.
La modernité, la démocratie, la laïcité doivent cesser d'être conçues comme des horizons indépassables.
L’Homme universel se distingue en ce sens de ce qu'lbn 'Arabî appelle « l'homme-animal », c'est-à-dire, en termes nietzschéen, du « dernier homme », en imprimant en lui les Noms et Attributs divins ou, plus clairement, en se réalisant par l'actualisation de la puissance divine qui l'habite. Chez l'homme ordinaire, la nature divine demeure virtuelle et ne devient actuelle qu'après avoir effectivement réalisé toutes les vérités universelles qui se reflètent dans sa forme. Ainsi, en revêtant la nature humaine, Dieu se révèle à travers les facultés sensitives de l'homme et agit par ses moyens d'action. Quand la nature divine devient le contenu de la nature humaine, chaque qualité humaine devient un aspect du divin, comme l'enseigne une célèbre tradition divine exprimée par la bouche du Prophète : « Mon adorateur ne cesse de se rapprocher de Moi, jusqu'à ce que Je l'aime ; et quand Je l'aime, Je suis l'ouïe par laquelle il entend, la vue par laquelle il voit, la main avec laquelle il saisit et le pied avec lequel il marche. » Ainsi, le soufi est celui qui a anéanti sa condition d'homme pour laisser place à l'irruption du Divin, celui qui, en d'autres termes, s'est vidé de lui pour laisser place à Dieu.
Penser la société, ce n’est pas penser l’institution. C’est penser l’éducation.
La modernité est avant tout un paradigme, c’est-à-dire un système de croyances et de valeurs dominantes qui déterminent une mentalité, en l’occurrence celle de notre époque. Commençons donc par dire des choses sans fard ni artifice: la modernité est, fondamentalement parlant, une pensée philosophique qui croit être investie de la mission de rendre l’homme maître absolu de sa destinée en brisant toute filiation divine.
Le message du prophète Muhammad n'est pas hostile à la vie, bien au contraire, il invite à savourer les bienfaits de l'existence terrestre, à palper la beauté du monde, à sentir les vibrations poétiques de la création, autrement dit à prendre pleinement part au monde sensible. Le Coran, en effet, décourage cette forme d'ascétisme funeste et permet au croyant la jouissance lucide des bienfaits de ce bas monde.
L’abolition de la spiritualité a réduit l’homme à une existence centrée sur lui même.
Quand il n’y a plus de principe supérieur on déchaîne les possibilités les plus inférieures de l’homme.
L’individualisme se résume à ne compter que sur soi car il n’existe rien au delà de soi.
Ainsi le citoyen ne prend plus part activement à la vie en société car son intérêt privé passe avant le général, ainsi en déléguant le pouvoir à un représentant, le représenté se dépassionne de la chose publique.
Rousseau écrit “ils nomment des députés et restent chez eux”. La démocratie a fabriqué des consommateurs passifs. En installant l’individu dans les illusions les plus aveuglantes de la consommation, on neutralise toute forme d’opposition, ainsi l’individu n’oppose aucune résistance à la corruption institutionnalisée du système en échange d’un confort purement matériel.