Quel culot ! Et quelle performance ! Il faut être féroce pour réussir ce tour de force. Égrener, épuiser, varier sur l’unique sujet des nuits sans sommeil. Chaque page, inlassablement, offre une nouvelle déclinaison de cette récurrence, « Un jour, j’ai pas dormi de la nuit », avec sa saveur du moment, ses idées noires obsédantes, ses trucs de patience, sans succès, dans l’attente du matin. Il y a dans cette collection qui confine à l’expertise un jeu à la Queneau, un exercice aussi rugueux que la permanence de l’insomnie. Outre l’empathie que la lecture ne manquera pas de déclencher, on trouvera dans ces nuits noires une densité nouvelle, des collusions saugrenues, des détournements épatants, en un mot, de l’humour durable.
Un jour, j'ai pas dormi de la nuit
immobile à outrance
j'ai impressionné le matelas avec mon minimalisme
[…]
Un jour, j'ai pas dormi de la nuit
le reste du monde poursuivait sa course boiteuse
tout valsait dans la grande gangrène généralisée
[…]
Un jour, j'ai pas dormi de la nuit
je crois que j'avais des sentiments pour vous
blancs comme une fleur de lyrisme
[…]
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