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Ficelle n°142 : A fleur de peau - Interview

Une poésie de la mémoire… Ainsi pourrions-nous qualifier ce nouveau recueil. Dans la lignée du premier opuscule publié[1], Catherine Andrieu se livre à une forme de confession en vers libres, évoquant les différents âges de sa vie, et plus particulièrement l’enfance, qu’il s’agisse de chimères griffonnées, portes vers l’imaginaire, ou de souvenirs plus réels, souvent plus douloureux :" À l’école le Monsieur/N’a pas le droit de te toucher/Là, tu sais, entre les jambes". On ne saurait, pour autant, parler d’autobiographie au sens strict, soit d’un récit ordonné et exact, avec un début et une fin. Sous la lumière tout est flou, et, de fait, la chronologie semble totalement bouleversée, comme si l’auteur nous livrait un flux de conscience d’où la notion de temporalité, d’exactitude, semblait bannie. Les souvenirs se télescopent, se confondent, s’entremêlent en un subtil maelstrom brassant époques, figures, et lieux. Tantôt, nous voici dans la chambre de la maison familiale, tantôt nous sniffons de la poudre blanche, au milieu du rêve. Ut pictura poesis, le tout s’incarne en une série de tableaux plus ou moins précis, parfois de simples croquis littéraires. Peinture et écriture demeurent indissociables chez Catherine, poète ET plasticienne.



Les allusions, les histoires, semblent nimbées de mystère, et demanderaient une initiation. Parfois un étrange mysticisme affleure, notamment à travers cette singulière prêtresse africaine, prêchant dans le désert…Que signifie ? S’il nous est interdit de tout comprendre, il reste permis de se laisser porter par les mots, la métaphore. Car le ton, lui, demeure simple. La plume procède de la pure figuration, refuse l’abstraction, la complication. Limpide, le style de Catherine tend parfois vers la naïveté, sinon le prosaïsme. Mais ni cette douce musicalité, ni le lyrisme, ni la construction d’un monde, ni les réminiscences heureuses, ne semblent prémunir du désespoir. Les jouets sont partis, les chats, chers compagnons, sont emportés, la cocaïne n’est que vaine pharmacopée, l’amour échoue, et, dès l’enfance, la magie s’est envolée : À dix ans, je ne crois pas en toi ! Si, pour reprendre Dagerman, Notre besoin de consolation est impossible est rassasier, comment survivre ? La culture, les rêveries de monsieur Hugo, les œuvres de Dali, ou la mythologie antique, très présente chez Catherine, apportent un baume. Et plus encore la poésie, si elle ne guérit complètement, demeure un compromis, une voie lucide, l’unique exutoire : "Je ne suis pas belle ma jeunesse se fane/Mais j’ai le secret du cœur et de l’Univers/Gravé sur le visage et les mains/Et les bêtes m’écoutent aussi/À fleur de peau."



[1] Poèmes de la mémoire oraculaire, éditions du Petit Pavé, 2010.



Article d'Etienne Ruhaud (reproduit en préface)
Lien : https://pagepaysage.wordpres..
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