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Frontières

« Tout bien considéré, Il n’est vraiment question que de frontières, dans la science-fiction, le fantastique, la fantasy, et tous leurs cousins et descendants », annonce l’anthologiste Simon Bréan (maître de conférences en littérature française à l’université Paris-Sorbonne et spécialiste de la littérature de science-fiction) en préambule de cette anthologie.

Pour preuve, les treize nouvelles proposées sont autant de manières d’aborder les frontières dans des univers fantastiques, d’anticipation, post-apocalyptiques ou médiévaux. L’ensemble est d’un très bon niveau d’écriture et couvre différents genres de l’imaginaire. Preuve est à nouveau faite que la qualité narrative des auteurs de l’imaginaire n’a rien à envier à la littérature dite blanche. Voici six textes qui m’ont plus particulièrement accroché.

Un dessin ouvre chaque nouvelle, et je crois qu’ils permettent de les catégoriser en trois thèmes : le sextant pour de nouveaux horizons (au-delà des frontières ?), le globe terrestre pour les textes plus proche de fantasy (les dimensions parallèles ?), et le satellite pour la science-fiction.



Sujet 0 (de Azarian et Yohann Denuault)– Post-Apocalypse : voici un monde dans lequel non seulement la population de la surface est ravagée par un virus, mais de plus les rares survivants sont la proie de Machinas : ces créatures d’acier les traquent pour les enlever (ou les éliminer ?). Tych, une femme qui, étonnement, a survécu plusieurs années malgré son infirmité (elle est aveugle), se retrouve prisonnière d’un monde souterrain étrangement sophistiqué.

J’aborde toujours un texte post-apo avec prudence, car comme tous les genres surexploités (je pense aussi au vampirisme et aux Thriller policiers), il est difficile pour un auteur d’apporter « du neuf », car de nombreuses références approchantes peuvent prendre le dessus. Les auteurs (il s’agit d’un texte écrit « à 4 mains ») tirent cependant très bien leur épingle du jeu en traitant d’une frontière entre surface et souterrains, et grâce au personnage de Tych, à la fois novateur et attachant.



Garde-Frontière (de Stéphanie Courteille) : il n’existe pas de frontière sans gardien. On suit ici le quotidien et les réflexions d’un garde-frontière dès sa prise de fonction. Il tient seul un poste frontière et ne tarde pas à outrepasser sa fonction en laissant passer une émigrante « énigmatique ». Mais un jour, le nombre de migrant va considérablement augmenter et l'inciter à choisir. Un texte à relire plusieurs fois (avec plaisir) pour mieux le savourer.



La Crique (de Xavier-Marc Fleury) – Anticipation : Une cité située près de l’océan a mis en place une frontière infranchissable afin d’interdire l’afflux de migrants. Courants marins violents, rivages transformés en noman’s land, systèmes de détection sophistiqués… Mais un trio de jeunes insouciants brave ces interdits depuis des années afin de profiter de la liberté procurée par ce bord de mer déserté. Considéré comme un auteur « contre-humaniste », X.M. Fleury livre ici (une fois n’est pas coutume :) un texte qui se termine sur une note d’espoir.



Les roses de Novembre (d'Henri Bé) - Fantasy. Voici une histoire de gardien de porte. Si le dénouement laisse peu de surprise, le style d’écriture fluide, un poil romantique et empli d’humanité, et l’équilibre entre les descriptions, dialogues et introspection de la narratrice (qui reste malheureusement en retrait de l’histoire), font que le lecteur se laisse porter agréablement tout au long du récit, vers une fin frustrante, bien que très bien amenée.



Lucy(oles) in the sky (d'Anthony Boulanger) – Coutumier des anthologies, Anthony Boulanger a dû être publié par la majorité des revues et éditeurs qui proposent des anthologies, et c’est tout à fait justifié ! Un style sobre (ses textes sont généralement courts), une forte capacité à toujours poser un cadre original et crédible à la fois, (et réfléchi), des personnages bien caractérisés.. tout cela pour dire que c’est toujours un plaisir de découvrir un texte d’Anthony Boulanger. À part le clin d’œil du titre qui ne me semble pas très heureux, Lucyoles in the sky nous fait partir, en à peine douze pages, dans l’espace aux côtés de Véga.



Vertiges et frontières de la chair (de Jean-Louis Trudel) – la lecture de cette nouvelle m’a immédiatement donné envie de partir à la recherche d’autres textes de l’auteur ! Et j’ai eu le plaisir de découvrir que Jean-Louis Trudel a déjà écrit plusieurs nouvelles et romans. Ici, il prouve qu’aucune frontière ne peut rompre les liens entre des êtres chers, et surtout pas celle de la distance, (même lorsqu’on parle de distances interstellaires). Bon, dès qu’il y a de l’exploration spatiale, de l’humanisme et la découverte d’autres formes de vie, je m’emballe. Disons que cette nouvelle ne pouvait pas tomber mieux pour clore l’anthologie frontières et ouvrir sur de plus larges perspectives.



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En dessous

Après la relative déception de l'anthologie précédente publiée par Parchemins&Traverses ("Le Corps"), j'ai pris beaucoup de plaisir avec celle-ci. A une exception près, toutes les nouvelles m'ont plu d'une manière ou d'une autre... Dans le détail, voici mon impression sur chacune d'entre elles :



Revoir les étoiles, Tepthida Hay

Parfaite pour démarrer l'anthologie en douceur, une nouvelle agréable à lire, qui vaut surtout pour son contexte culturel, rarement exploité en SFFF : celui des peuples du Sud-Est asiatique.



Cénotaphe, Fabien Clavel

A l'inverse de la nouvelle précédente, au cadre spatio-temporel clairement identifiable, celle-ci cultive le flou, ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose : même si au bout du compte je ne suis pas certain d'avoir tout saisi, il demeure après cette lecture de belles images, ainsi qu'un goût de sable sur la langue. Je pense que c'est une nouvelle qui appelle une seconde lecture pour être pleinement appréciée.



Le Terrier, Johan Scipion

Je suis toujours bon client quand il s'agit de relectures des contes et autres grands motifs littéraires, j'ai donc aimé cette variation moderne sur le thème d'Alice et du Lapin Blanc. Je mettrais juste un bémol sur la fin du texte : l'article de journal nous exposant le destin de l'étudiante perdue est une chute en elle-même, et son impact est amoindri par un dernier paragraphe sans doute superflu, ou du moins trop explicatif.



Le Système d’extinction, Laurent Salipante

Parmi les règles à la noix qui pullulent au sujet de l'écriture de nouvelles, il y a la nécessité de respecter une certaine unité de temps. Ici l'auteur n'en fait qu'à sa tête, avec une construction alternée jonglant avec les milliards d'années... Et cela fonctionne parfaitement ! Cette nouvelle est pour moi une vraie réussite, à tous points de vue, avec, cerise sur le gâteau, un message qui me parle.



Dans la merde jusqu’au cou, Sylvain Johnson

Une nouvelle sur un tel sujet, il allait oser ! Bien répugnant comme il faut, j'ai apprécié ce texte, qui pour moi est une réussite... jusqu'à la révélation finale. Celle-ci n'est pas mauvaise en soi, mais elle aurait mérité d'être amenée de manière différente, d'être suggérée et non assénée au lecteur sur le mode "ce que vous venez de lire était faux, voilà ce qui s'est réellement passé". En outre, avec cette explication ne laissant subsister aucune zone d'ombre, le texte perd tout aspect SFFF.



La Marche des Endogés, Guillaume Mézin

Le style de l'auteur est maîtrisé, son univers post-apo peut être intéressant... Mais je suis passé à côté de ce texte, qui me laisse l'impression paradoxale d'une nouvelle interminable qui, une fois sa lecture achevée, paraît n'avoir jamais vraiment débuté.



Le Roi d’Automne, Anthelme Hauchecorne

Il y a dans cet en-dessous arrageois quelque chose du Neverwhere de Neil Gaiman. Un texte inventif, foisonnant... mais peut-être trop : cette nouvelle a beau être très longue, elle mériterait sans doute de l'être davantage afin que chaque idée soit exploitée à son maximum. Un peu trop foutraque à mon goût pour que j'adhère totalement, mais une bonne lecture malgré tout, au final les soixante et quelques pages passent comme une lettre à la poste.



Ascendance, Thomas C. Durand

Un texte aux thèmes assez proches de la "Marche des Endogés", avec cette remontée graduelle vers la surface remuant le passé et les souvenirs... Mais à l'inverse de la nouvelle sus-citée, "Ascendance" m'a captivé de la première à la dernière ligne. Tout comme Laurent Salipante, je ne connaissais pas du tout Thomas C. Durand, et ces deux auteurs sont pour moi les deux très bonnes surprises de cette anthologie.



L’Appel de Sirannon, Raphaël Boudin

Une conclusion un peu décevante n'entache pas la bonne qualité globale de cette nouvelle. Le format "journal à la première personne" est un choix souvent risqué, mais ici l'ensemble sonne juste. J'ai apprécié le ton employé par le narrateur et, plus globalement, l'écriture de l'auteur, en dépit d'erreurs un peu gênantes ("se faisant" pour "ce faisant", "flan" pour "flanc", "répudier" pour "répugner"...)



Maintenant, je passe mon tour pour l'anthologie suivante, mais j'essaierai d'être là pour "Frontières"...
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Afrique-s

Il n’existe pas beaucoup d’ouvrages, en SFFF (= Science-Fiction Fantastique Fantasy), qui font la part belle au continent noir. C’est dommage, car ces terres disposent d’un terreau légendaire riche et propice aux histoires. C’est en raison de cette thématique peu fréquente que je me suis laissée tenter par l’anthologie Afrique-s parue aux éditions Parchemins & Traverses. Une fois refermé le livre, j’avais d’abord eu un sentiment de déception. Pourquoi ? Parce qu’aucun texte n’appartient au genre de la fantasy, alors même que j’aurai cru en trouver, au vu des nombreuses légendes africaines. Mais, passé cette déception – momentanée, il faut l’avouer ! – j’ai eu envie de me replonger dans ces textes, sans autre attente, cette fois, que de goûter à nouveau à l’Afrique vue par ces auteurs. Ce qui est plutôt bon signe ! Avoir envie de relire, cela veut dire, pour ma part, que j’ai aimé ma lecture.



Et c’est une fort belle anthologie que celle-ci, ancrée dans l’avenir ou dans le fantastique, où la magie de la savane se mêle aux tragédies d’aujourd’hui, où le sang versé hier à des conséquences sur le présent. Si fantasy il n’y a pas, enchantement, émotion, y sont, et c’est bien là le principal ! :) Oui, passé cette petite déception, Afrique-s m’a bien plu, et c’est pourquoi je partage ici mes impressions.



En avant pour une revue texte par texte :



Toumaï transfert de Don Lorenjy : le texte d’ouverture trouvera sa conclusion dans un texte en avant-dernière position, Toumaï tango. C’est pourquoi je me garderai de résumer même en deux phrases, de peur d’en dévoiler trop. Quant à ce que j’en ai pensé, autant le dire tout net : je n’ai pas aimé. Du tout. Même en ayant la clé du mystère. Trop cynique pour moi ? Sans doute. En tout cas, je n’y ai trouvé aucun plaisir de lecture, aucune autre émotion que du dégoût ou de l’ennui. Comme ouverture, ça commençait mal…



Les crimes des aïeux de Réjane Durand : Nantes, belle ville de France, fit jadis partie de ces villes par où passait la traite des esclaves… Un commerce odieux qui hante encore les lieux. On rehausse tout de suite le niveau avec cette belle nouvelle qui prend au coeur, où les atrocités passées se répercutent sur les bourreaux, même plusieurs siècles après. Une nouvelle fantastique qui évite avec brio l’écueil du manichéisme pour un résultat tout en émotions et humanité.



Au pied du fromager de Ebatbuok : quant l’auteur d’un poème cherchant sa rime touche au coeur de l’âme africaine, cela donne un récit surréaliste, où le réel se mêle au fantasmé, où l’on ne sait plus où trouver ses repères mais où l’on se perd avec délice dans ce dialogue entre le narrateur, une divinité (enfin, je crois que c’en est une) et une autre vie. Un joli texte, aussi enchanteur et tremblant qu’un mirage, mais un mirage qui vire au vrai.



La reine de Kaily Caine : en voyage au Maroc où vécut, enfant, son compagnon, Claire n’arrive pas à suivre le troupeau de touristes guidé par le voyage organisé. Malade – mais l’est-elle vraiment ? – elle est en proie à des visions étranges… Dans ce texte qui pointe du doigt la dictature apparaît l’âme du pays. Une nouvelle sous le signe du fantastique, sur une femme qui refuse de fermer les yeux et qui rencontre bien plus qu’elle ne pensait durant ce voyage sous tension. Entre folie et vérité, une nouvelle que je place dans mes coups de coeur.



Ebola de Eve Oemor : le titre est assez évocateur à lui tout seul pour qu’il n’ait pas besoin de résumé. Triste écho aux actualités, cette nouvelle agite le spectre de la pandémie avec le virus du titre. Un virus redoutable, dont le berceau est en Afrique et contre lequel n’existe aucun traitement. Inutile de dire qu’entre la situation actuelle (une épidémie sévit à ce jour dans certains pays du continent noir) et la tension induite par l’auteur, Ebola est un texte qui fait mouche. Hypocondriaques, s’abstenir.



Yurugu de Gabriel Féraud : ma préférée de l’anthologie ! :) Un homme blanc, élevé par des Dogons, est mis au défi par un Malien après une discussion où ce dernier affirme que tout Blanc, même élevé dans la brousse, ne sentira jamais les mystères du continent noir. Une nouvelle très prenante, par laquelle transpire toute la magie africaine, au travers de ce duel peu commun. [Lire la suite de la critique sur le blog]
Lien : http://lullastories.wordpres..
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