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Le chant de Salomon

Toni Morrison fait partie de mes écrivain.e.s préféré.e.s.

Et ce roman formidable ne me fera pas changer d’avis, bien au contraire.



Un roman riche de nombreux thèmes traités avec cette manière d’écrire extraordinaire de l’auteure, une écriture quasi-orale, faite souvent de dialogues assez crus, mais pleine d’images et d’une dose de magie, mais aussi d’humour mêlé de tragique.



Parmi ces thèmes, il y a bien sûr la condition des noirs marquée par la ségrégation en cette première moitié du vingtième siècle avant l’arrivée de Rosa Park, Martin Luther King, Malcom X et bien d’autres. Et aussi la condition des femmes et leur aliénation, et ce d’autant plus qu’elles sont des femmes de couleur.

Et l’extrême pauvreté des noirs dans le Sud des Etats-Unis.

Mais aussi, ces croyances magiques, souvent si poétiques.



Mais ce sont surtout deux thèmes principaux qui m’ont marqué et qui traversent ce roman.



D’abord la famille et notamment dans ce qu’elle peut avoir de dysfonctionnel. On connaît la célèbre phrase de Tolstoi (qui savait de quoi il parlait!) et qui commence Anna Karenine « Toutes les familles heureuses se ressemblent. Les familles malheureuses le sont chacune à leur façon ».

Ici, c’est la famille du jeune Malcom Mort, le troisième du nom, un nom porté aussi par son père et par son grand-père. Son grand-père qu’il n’a pas connu, et à qui l’on a donné ce nom suite au réponse hasardeuses qu’il a donné lorsqu’il a été affranchi.

Un famille dont le père, qui a réussi dans l’immobilier est un tyran domestique, qui méprise et bat sa femme Ruth, interdit presque tout à ces filles, Corinthiens Uns et Magdalena qu’on appelle Lena. Et le petit dernier, Malcom, que l’on surnomme Laitier (je ne vous dis pas pourquoi, ça ne manque pas d’humour), « couvé » par sa mère, et bien que ses rapports avec son père soient difficiles, va rapidement travailler avec ce dernier. Et puis il y a sa tante Pilate, sœur de son père avec lequel il est fâché (on découvrira pourquoi il lui en veut), dont la petite-fille, Agar, est follement amoureuse de Laitier. Le roman nous raconte, en faisant des allers-retours dans le temps, l’histoire difficile de toutes et de tous, une histoire pleine de rancœurs, du couple haine-amour si fréquent dans les familles.



Mais ce roman est aussi un magnifique roman initiatique, dans lequel Malcom dit Laitier va, dans sa recherche d’un hypothétique trésor, découvrir le vrai trésor qui est celui de ses racines, et pouvoir reconstituer avec émerveillement l’histoire de ses ancêtres et le mythe de Salomon. Et lui, l’enfant des villes venu du Michigan, découvrir des personnages hauts en couleurs (sans mauvais jeu de mots!) et tout un monde d’une grande pauvreté, ayant un rapport prodigieux avec la nature. Et puis toute cette histoire a parfois l’allure d’un conte avec la découverte par Malcom/Laitier d’une grande bâtisse délabrée, une sorte de château tenu par une vieille femme (plus que centenaire, dit-on!) aux allures de sorcière, avec la recherche d’une grotte qui devrait contenir un sac d’or, et ne renferme que des ossements, tout cela a une valeur symbolique, mythique.



Enfin, c’est un roman d’amour et de mort, la mort injuste du premier Malcom, mais surtout la mort comme perçue comme une délivrance, un aller sans retour vers un monde meilleur. Et comment l’amitié, l’amour sont si ambigus, et peuvent conduire dans leur folie à donner, à se donner,, la mort.



Et puis il y a la façon unique de raconter, de faire ressentir les lieux et les gens, la musicalité des phrases qui sont parsemées souvent de comptines, tel ce chant de Salomon que notre héros arrivera à décrypter et à comprendre qu’il évoque le mystère de ses origines.

Voilà, j’espère vous avoir donné l’envie de lire ce livre de la grande Toni Morrison, plus facile à lire que Beloved, mais tout aussi beau, je trouve. Enfin, à vous de vous faire une opinion.

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