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Le chenil

Le cauchemar du chenil ou la confusion du discours. Entre appréhension, prémonition et réalisation de la crainte atavique du débordement d'une sauvagerie domestiquée, Laurent Margantin livre un récit étouffant, onirique mais dont la portée symbolique, heureusement, toujours s'esquive. Le chenil par sa prose cumulative, son monologue halluciné, contamine et transmet cette sourde inquiétude au centre de la parole littéraire.
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Le chenil

"Le chenil" de Laurent Margantin est un ouvrage fort déroutant et très à part : d'un côté extrêmement peu de personnages et une histoire tout à fait particulière, de l'autre côté un style et un langage remarquablement réussis.

Le livre, qui compte tout juste 177 pages, est subdivisé en 2 parties : la première (83 pages) intitulée "La mère" et la deuxième également intitulée "Le chenil".



Dans la première partie, les protagonistes se limitent à 3 : une mère, son fils et Ivan, l'ami du fils, une source d'information extérieure. Le fils est, en fait, le narrateur, qui appelle sa mère invariablement "LA mère", comme s'il s'agit d'une étrangère. Au bout de quelques pages on comprend pourquoi et cela ne fait que s'empirer ! Normalement une mère évoque des sentiments de bonté et d'amour pour ses enfants et pour lesquels elle multiplie, parfois mine de rien, à longueur de journées des petits et grands soins. La mère de notre narrateur se trouve carrément à l'opposé : une mégère épouvantable, abominable et effrayante, qui martyrise son fils constamment. Pas seulement verbalement en le traitant de tous les noms, mais également physiquement en le frappant, le griffant et en inventant des scénarios sinistres pour le faire souffrir un maximum. Dans sa méchanceté elle ne manque pas d'imagination !

Le grand absent dans l'histoire est le père, un bûcheron et braconnier à ses heures, qui est parti et que notre jeune héros n'a jamais vu.



Dans son esprit cruel, la mère se réjouit d'avoir trouvé une solution miraculeuse pour ce fils qui lui inspire "une haine viscérale" : le faire recruter par le service communal de la gestion de l'errance animale. Car comme au XIVe siècle, du temps de la peste noire, où les rats pullulaient et propageaient la mort, la ville est envahie par des hordes et meutes de chiens de toutes les races : du teckel et caniche nain allant aux puissants bergers allemands, dobermans et rottweilers . Au début ces "clebs" sont relativement inoffensifs, mais au fur et à mesure que leur nombre s'accroît et qu'ils deviennent affamés, la menace et puis le danger s'installent.



Dans une clairière au milieu d'une forêt de sapins en dehors de la ville se trouve un grand chenil, où les chiens sont transportés quotidiennement par la grosse brute Jaspers (un ancien professeur d'éducation civique) et Kerr, son adjoint chétif, par camions pleins. Sur place, c'est Krumm qui dirige les opérations. Notre jeune héros est chargé de nettoyer, armé d'une pelle et d'un seau, les cages horriblement sales, d'où se dégage une puanteur indescriptible.



Comment la situation inquiétante évolue en ville, ce qui arrive finalement aux chiens et aux divers personnages et surtout à notre malchanceux héros et sa mère ignoble, je vous laisse découvrir.



L'auteur de ce conte quelque peu apocalyptique, Laurent Margantin, lorsqu'il n'est pas en train d'apprécier vos billets et chroniques sur Babelio, écrit des poèmes et des romans ou assure des traductions littéraires de l'Allemand.

Il est diplômé en littérature comparée et a passé une dizaine d'années à Tübingen en Allemagne, où il a présenté un doctorat sur l'oeuvre de Novalis, pseudonyme du baron Georg Philipp von Hardenberg (1772-1801), figure de proue du romantisme allemand, de qui il a écrit une biographie et traduit plusieurs ouvrages. Dans un tout autre registre, L'auteur a aussi traduit en Français des oeuvres de Franz Kafka (1883-1924) - qui n'a guère besoin d'être présenté ici sur notre site - entre autres : "À la colonie pénitentiaire" et "Chacun porte une chambre en soi".



Laurent Margantin est, en outre, l'auteur du livre à succès "Aux Îles Kerguelen" et de son tout premier roman "L'enfant neutre" de 1990, qui sera ma prochaine lecture de lui.



Je ne peux qu'avoir de l'admiration pour quelqu'un qui combine d'une part la solidité pour s'attaquer à des écrivains pas exactement faciles comme Goethe, Novalis et Kafka et d'autre part l'aisance de nous dépeindre cet archipel français au sud de l'Océan Indien et de nous raconter ce conte original et angoissant qu'est "Le chenil".





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Le chenil

Je viens de finir cette histoire il y a à peu près deux minutes seulement et je dis chapeau à l'auteur pour la narration oppressante du personnage principal, Sylvain, rien qu'au ton donné par les phrases courtes qui s'enchaînent les unes après les autres. Le chenil raconte l'histoire d'un homme battu et effrayé par sa mère, qui n'est ni plus ni moins qu'une sorte de monstre de campagne, alors qu'une meute de dobermans inquiétants et affamés semblent semer la terreur en ville. Poussé par sa mère, le narrateur doit travailler dans un chenil, où, au fur et à mesure, l'arrivée des chiens-monstres se fait imminente.

Le récit est divisé en deux parties, ce qui nous laisse le temps de bien se familiariser avec le cadre spatio-temporel, qui ressemble à un futur proche. La première partie se focalise sur la mère, personnage sans humanité, cruelle et violente avec son fils jusqu'à la transition avec la deuxième partie qui se concentre sur le chenil où le narrateur travaille et où, de plus en plus "bastonné" par mère, il est sujet à d'étranges visions.

Je dis merci à Laurent Margantin pour ce récit cru, haletant et rythmé! :)
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