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    Bibalice le 03 novembre 2015
    Bonjour à tous, après le thème de l'espace, nous vous proposons d'écrire sur le thème : "Et après ?"




    Récit fictif, anecdote réelle, le genre est libre et la longueur aussi tant que le thème est respecté. Vous avez jusqu'au vendredi 27 novembre, 10h pour participer.

    Les textes sont à partager ici, en cliquant sur "répondre".

    A vos plumes :)
    Carolinehb le 04 novembre 2015
    Hey! J'attendais le nouveau thème avec impatience. Je n'ai pas pu y résister : je crois que j'avais en fait vraiment besoin de me vider la tête... Voici donc ma participation. C'est peut être un peu long, mais j'espère que vous y jetterez quand même un coup d’œil?

    "Et après?" demanda Jo' à son père.

    Ce dernier venait de terminer son histoire, un récit épique tout droit sorti de ses plus lointains souvenirs. Il essaya de ne pas montrer la surprise qu'avait évoqué la question de son fils de six ans. Cependant, les bredouillements qui sortirent de sa bouche en guise de réponse lui firent comprendre qu'il avait échoué: "euh... et bien... Après, ils vécurent heureux et ... ils eurent beaucoup d'enfants?"

    D'accord, la dernière phrase résonnait comme une question. Il n'était pas très fier de ne pas être convaincu par ses propres histoires et leur fin heureuse. Il s'était marié très jeune, et avait surpris sa femme en plein adultère quelques mois seulement après leur nuit de noces. Il avait ensuite trouvait la partenaire idéale, mais ils ne s'étaient mariés qu'après avoir eux même vécus de multiples drames et tragédies. La vie est difficile, et il se contenterait bien d'une fin comme celle dans son récit, dans laquelle il vivrait heureux avec son épouse et son fils. Mais sa femme n'était pas là aujourd'hui. Et son petit soldat avait une toute autre approche de la vie.

    "Mais papa! C'est vraiment trop nul comme fin! T'es sur que t'en as pas oublié un bout?"

    Alexandre, 44 ans, gesticula sur le bord du lit où il était assis, soudainement mal-à-l'aise sous le regard exigeant de son fils. Il n'était pas sûr de pouvoir lui offrir beaucoup mieux. Il était habitué à la cruauté du monde réel. Il était même habitué à en écrire les plus horribles détails puisqu'il était écrivain depuis très jeune. Il était sorti diplômé de son école de journalisme; mais en parallèle de ses études, il s'était consacré à l'écriture de son premier roman. Il s'agissait d'un récit entre fiction et réalité qui explorait les crimes sanglants, les meurtres, kidnappings et autres complots selon différents angles. Mais après avoir infiltré des commissariats agités, des cellules bondées, des rues salubres, des arrières-boutiques douteuses; après avoir observés policiers et criminels, névrosés, psychopathes et sociopathes et tous ceux qu'ils rencontraient sur son chemin, il s'était bien rendu compte que tout n'était pas noir ou blanc. Une fois que l'être humain rencontre le Mal, il est difficile de percevoir la profondeur avec laquelle ce cancer s'est propagé dans son âme. Quand la noirceur pénètre à l'intérieur de vous, il est impossible de savoir ce qu'il a souillé sur son passage. Votre être est corrompu que vous le vouliez ou non, et parfois, sans même que vous ne vous en aperceviez.

    Il fut tiré de ses rêveries lorsqu'une petite main apparue devant ses yeux, balayant son champ de vision de gauche à droite, puis de droite à gauche: "Papa?". Il cligna des yeux une fois, deux fois, avant de sortir complètement du brouillard dans lequel son esprit avait erré. Son fils soutenait son poids sur sa main gauche, prenant appui sur son genoux d'adulte. Il attrapa alors la main de Johan et l'éloigna de devant ses yeux. Il força un sourire sur son visage, et tenta de chasser le reste de ses sombres pensées.

    "Oui, mon grand?"

    "Est-ce que le méchant sorcier avait une famille? Où sont tous les prisonniers que le prince a libérés? Est ce que la princesse va faire des cauchemars? Est ce qu'ils vont vivre d'autres aventures avant d'avoir beaucoup d'enfants?" Cette fois-ci, le sourire qui tira les traits de son visage n'avait rien de forcé. La curiosité de son fils était l'un des traits de caractères dont il était le plus fier.

    Avant que l'accident n'arrive, son épouse et lui n'avaient pas vraiment pris de décision en ce qui concerne la place des contes de fées dans l'éducation de leur fils. Est ce qu'il fallait nourrir de faux espoirs à leur enfant? Mieux valait-il un peu d'espoir que rien du tout? Ou fallait il le préparer à la dure réalité de la vie? Lorsqu'ils se sont rencontrés il y a des années, ils en avaient pourtant discuté. Il lui avait parlé de Happy Endings. Elle lui avait rappelé qu'à l'origine, les contes classiques frôlaient l'horreur pour une raison précise.

    Quand même. Il ne voulait pas décevoir son fils. D'autant plus qu'il avait une réputation d'écrivain à tenir.

    "Okay, p'tit malin." Il attrapa Jo par la taille, et fit tourner son petit corps de manière à ce qu'il ait la tête à l'envers pendant une fraction de seconde. Il fit ensuite passer ses pieds au dessus de sa tête - dans une pirouette - et le jeune garçon se retrouva une fois de plus englouti par ses oreillers. Alors que l'enfant riait des acrobaties que lui faisait subir son père, ce dernier reprit la parole: "Si mon histoire ne te plait pas, tu n'as qu'à m'aider à en écrire une meilleure".

    "Okay, gros malin!" répondit il dans un éclat de rire. Alexandre grimaça; si son épouse était là, elle le réprimanderait une fois de plus sur le fait d'agiter le petit à l'heure du coucher. Jo s'installa confortablement sous ses couvertures, et pris un air sérieux avant de commencer son récit: "Quand il retourna au palais, le prince découvre que la princesse n'est pas une vraie princesse. En fait, son peuple l'appelle comme ça parce que c'est la chef des guerrières. Et aussi... lui et la princesse doivent reprendre la route immédiatement pour faire la guerre, passque la famille du méchant sorcier voulait se venger. Il veut prendre le trône et devenir les rois du monde, et emprisonner le prince et la princesse guerrière dans un donjon. Euh..."

    Alors que son apprenti romancier réfléchissait à la suite de son histoire, Alexandre se repassa rapidement ces quelques phrases en mémoire. Malgré quelques petites erreurs de temps et autres petites fautes, il dû bien admettre que Johan s'en sortait plutôt bien pour un élève de CP. L'idée que son petit tenait de lui, et que l'écriture était quelque chose qu'ils pourraient partager d'avantage lors de moments père/fils comme celui-ci le rendait heureux et excité, fier et ému.

    Mais ce moment de gaieté fut coupé court lorsque Johan reprit la parole: "La famille du méchant sorcier jeta un sort à la maman du petit prince... Elle se mit à dormir pour toujours." Sa voix s'était brisée sur le mot "Maman". La mère de Jo avait eu un accident quelques mois auparavant. Elle se trouvait actuellement dans le coma. Elle avait manqué la rentrée scolaire; et Noël approchait à grand pas. Jo ne semblait pas comprendre pourquoi sa maman dormait si longtemps. Et il comprenait encore moins pourquoi elle ne pouvait pas dormir dans son lit, à la maison. Le cœur d'Alexandre se brisa un peu plus, et il tenta d'avaler le nœud dans sa gorge. Il hésita à interrompre son fils et lui expliquer encore une fois... Cependant, il se dit que l'écriture avait été son échappatoire, et que peut-être, elle pourrait devenir celui de son fils aussi. Il se contenta alors de se coucher à ses côtés, lui caressant son petit visage et lui passant la main dans les cheveux.

    Pendant quelques minutes encore, Jo mit en scène ses personnages. Au fur et à mesure de son histoire, il s'était blottit d'avantage dans le cocon confortable qu'étaient les bras de son père. Quant à Alexandre, il fut submergé par le discernement, l'humilité et la bienveillance dont son tout petit garçon faisait preuve: les méchants étaient juste triste d'avoir perdu un proche (même si celui-ci était un fou furieux); la princesse guerrière restait méfiante à cause de tout ce qu'elle avait subi...

    Il fut soulagé lorsqu'il termina son histoire: après avoir fait intervenir toutes sortes de magiciens et de bonnes fées, la maman du prince se réveilla enfin de son profond sommeil. Le prince épousa la chef guerrière et ils partirent dans de nouvelles contrées pour de nouvelles aventures.

    Alexandre se leva délicatement du lit dans lequel s'était endormi son fils. Il ajusta les couvertures autour de son petit corps. Il repoussa une mèche tombante sur le front de Johan et y déposa un baiser, puis lui murmura des réassurances et des mots d'amour à l'oreille. Et, alors qu'il refermait doucement la porte derrière lui, un tendre sourire se dessina sur ses lèvres: la fin l'histoire était heureuse. Et même si son épouse lui manquait, même si la peur de la perdre le rongeait ...

    Jo' avait encore espoir. C'était tout ce qui lui importait.

    *
    Hekahm le 08 novembre 2015
    Bonjour à tous,

    Voici ma participation pour ce mois de novembre :


    Diabolistique-moi

    Abigaëlle poussa la porte de sa chaumière. Il faisait sombre. La lune était désormais cachée sous un épais brouillard de nuages. Elle retira sa cape et alluma plusieurs bougies. Elle les disposa un peu partout dans la pièce. Son chat, Nécron, vint se coller à ses jambes, ronronnant, réclamant de l'attention. Elle le porta à son visage, l'embrassa et le respira longuement. Elle se sentait sereine et la dernière chose dont elle avait envie juste après cette nuit étourdissante, était de se coucher.

    Elle mit de l'eau à bouillir. Puis le temps de laisser infuser angélique et basilic, elle se changea, mit un simple déshabillé en soie et dentelle blanche ; il ne faisait pas froid. Elle s'assit devant son aromatique infusion et se laissa bercer par le silence et les mouvements de flamme des bougies blanches. Les souvenirs étaient encore trop présents, trop excitants. Elle était détendue mais le feu coulait puissamment dans ses veines. Elle regardait par la fenêtre les arbres qui dansaient sous le vent de novembre. Elle ne se rappelait pas avoir dansé, mais elle le savait. Cela ne faisait aucun doute ! elle avait dansé, nue, son corps ardent et divin cadencé aux intonations de la vie.

    Elle pensa à Ygraine. Quelle femme merveilleuse ! Elle ne pourrait jamais assez la remercier pour tout ce savoir, pour sa protection, sa bienveillance pour l'avoir poussée à voir la lumière qui émanait de son âme. Toute cette lumière divine qui jaillissait d'elle alors qu'elle se pensait aliénée et démente.

    Abigaëlle but lentement son infusion, Nécron sur ses genoux. Plus d'une heure déjà était passée depuis son retour. Elle aimait goûter le temps qui s'écoulait lentement. Elle en appréciait chaque minute. Oh ! elle ne se faisait aucun souci, elle n'avait aucun regret. Elle avait prit la bonne décision ; son âme en était certaine, son esprit lui confirmait, son corps était en parfait accord. Elle avait fait preuve d'audace et rendait grâce à son destin. Elle resta ainsi, pensive, un long moment, entre vertige et quiétude.

    Maintenant le soleil se levait doucement au-delà de la vallée. Le vent s'était calmé. L'agitation de la nuit retombait. Toujours pas ses émotions, intenses et passionnées, son âme était en émoi, son corps incandescent. Elle mit un vieux châle pourpre sur ses épaules et sortit respirer l'air humide des feuilles mortes et de la terre qui se repose. Nécron la suivit et se jeta dans les grandes herbes d'automne qui jaillissent de sa campagne. Elle s'assit sur le pas de sa maisonnette et regarda, paisible, Nécron jouer. Dans cet insonore et immobile matin, elle ne s'était jamais sentie si vivante.

    Son corps commençait à flancher, l'effervescence de la nuit et toutes les vibrations de son âme lui réclamaient enfin le repos, la régénération céleste. Mais elle avait encore envie de sentir cette bouillonnante accalmie. Elle se remémorait les détails de la nuit ; ne sachant plus très bien alors ce qui relevait du rêve ou de la réalité. Finalement, elle s'endormit doucement appuyée contre la chambranle de la porte.

    Lorsqu'elle se réveilla, il était déjà tard : le soleil était de nouveau éteint. Les journées sont si courtes en novembre. Elle ne s'était jamais sentie si puissante, elle se sentait différente, toujours elle, mais inexorablement plus forte. Elle rentra, Nécron dormait calé entre deux énormes coussins de plumes d'oies sur son lit douillet. Elle se rafraîchit puis enfila une longue robe noire. Elle attisa le feu, disposa le chaudron en fonte à trois pieds au-dessus, y jeta armoise, cyprès et orme, alluma de l'encens de myrrhe au-dessus de la cheminée. Enfin, elle prit son livre des ombres. Assurée et aimante, elle remercia la nature, les esprits et son coven de l'avoir, cette nuit féerique de Samhain, couronnée Reine du Sabbat.
    scriptis le 11 novembre 2015
    et après, le train s’ébranla et tout fut terminé...
     le 11 novembre 2015
    Longtemps je me suis couché de bonne heure. Et après ?
    L'existence précède l'essence. Et après ?
    Les premiers seront les derniers. Et après ?
    Tout fout le camp. Et après ?
    Il n'y a pas de seconde chance : la vie est à perpétuité.
    Et après ?

    Après il y a toi tout près de moi et ta beauté gouttant dans les nuées
    Arrêt pipi à phalempin vider les pleurs gonfler les pneus d'odeur de pluie
    Après l'essence il y a les pieds les feuilles mortes le sac à deux entrées fifo lifo qu'importe
    Always in always out

    Un feu de rien réchauffe nos coeurs en poudre en un ragoût d'étoiles polaires la quechua s'en fout
    Demain levés avec le givre écrire l'or sur l'horizon lire la fin et le début dans les cailloux
    Les chaussées ne sont pas trouées alors nous suivrons les sangliers la chance ne se trace pas qu'en deux couleurs
    Always avant always après
    eckmuhl le 18 novembre 2015
    Merci pour ces premières participations !
    Nous attendons les suivantes avec impatience :) :)
    Mladoria le 18 novembre 2015
    Les premiers instants à peine sorti dans le monde, froid et pourtant chaleureux, le nourrisson ouvre les yeux, il entre dans la vie. Et après ? Il sourit.

    Un an plus tard, le petit s'est hissé sur ses pieds péniblement mais vaillamment. Il avance à pas de loups, comme sur ses gardes, vers la vie qui l'attend. Et après ? Il marche.

    Quatre ans plus tard, branlant et tremblant sur un minuscule vélo dont on vient d'enlever les roulettes, il s'élance, cheveux au vent, rire à la gorge pour finalement tomber et s'écorcher le genou. Et après ? Il pleure.

    L'enfant poursuit son chemin dans la vie. A l'école, il reçoit sa première bonne note. Il rentre chez lui et la montre à ses parents. Et après ? Il est fier.

    Plus si petit mais pas tout fait grand, il ne sait pas où se situer, il est un peu perdu. Si les choses n'étaient pas si simples ? Et après tout ?

    Adolescent rebelle, il vit dans ce monde qui change, en mouvement perpétuel avec lui, avec ses amis. Et après ? Il est insouciant.

    La majorité arrive avec son lot de nouveautés, de responsabilités. Il ne sait pas choisir entre les racines et l'envol. Et après ? Il est libre.

    La trentaine arrive à grands pas, le bilan s'impose de lui-même. Sans même le vouloir, on regarde en arrière. On sourit, on pleure, on est fier et libre, plus si insouciant mais on continue à marcher et n'Est-ce pas ça la vie, après tout ?

    Et après ? Il est heureux ?
    guanaco_fr le 18 novembre 2015
    La nuit. Un homme entre dans une pièce et y trouve son chat, assis près de la fenêtre.

    Le Chat : Ah. Voilà mon humain qui peintre enfin me ramener le produit de sa race. Sont-ce des roquettes que je vois dans ses piments ?
    L'homme : affecté. Dieu que vous êtes fainéant riposté là devant la lucidité. Si vous n'étiez pas si pignon je vous passerais au moule sur le champ, sauce poitrail. Mais soit. Au moins pou être bas. Soit. Je vous sers donc vos bouniettes.

    Il sort de sa poche un sachet dont il extrait des croquettes en forme de poissons. Il les dépose dans une écuelle. Le chat ne bouge pas.

    L'homme : affecté. Et mien. Vous n'avez passemuraille ?

    Le chat saute de son perchoir, s'approche de l'écuelle.

    L'homme : souriant. Areuh. Voilà qui est beuh. Rangez donc ces rhum coquillettes que je vous ai chassées. Ça fait sans doute des galets que vous n'en avez pas couiné d'aussi carbone, n'est-ce rat, cher ami ?
    Le Chat : Ah. Mon humain a vainement mauvais sou.

    Et il mange. Fin de la 1ère scène.

    Et après?
    mollymonade le 18 novembre 2015
    Et après ? Rien....
    Rinne le 18 novembre 2015
    Je me lance aussi ^-^

    Reste L'espoir

    Et un jour il reviendra
    Tu auras beau le repousser

    Arguer que son temps est passé, que tout est terminé
    Parce que tu as grandi et qu'il doit disparaître
    Regagner ton enfance
    Et ne plus la quitter
    S'effacer devant le sérieux de la vie

    Rien ne saura le convaincre d'abandonner
    Enfoui dans tes envies il attendra son heure
    Sage et patient puisqu'il le faut
    Toujours prêt cependant à monter aux créneaux
    Et un beau jour tu le découvrira

    L'enfant au fond de toi n'aura jamais cessé d'exister

    Etonnant l'adulte que tu sera devenu
    Susurrant à ton oreille tes anciens rêves perdus
    Parce que tu es lui et qu'il est toujours toi
    Oublieux du temps passé et à venir tu abdiquera
    Impatient de retourner à tes rêves oubliés
    Redevenant l'enfant que tu as toujours été
    alineka57 le 19 novembre 2015
    Et Après ?

    Demain verra décroître les semailles en nos coeurs,
    Et la lune en demeure se teintera de carmin
    L'oubli et l'attente prendront le pas sur l'heure
    Nos souffles éteints en appelleront à la fin
    Qu'adviendra-t-il de nous ?

    La terre d'hiver se fendillera sous le gel
    Le sol se craquellera sous nos bottes trouées
    Le froid viendra couvrir de ses doigts la part belle
    De ce qui nous abreuve en ces jours délavés
    Qu'adviendra-t-il de nous ?

    Quand l’urgence de la vie fera cogner l'aorte
    Du petit être neuf rejoignant la cohorte
    Quand vos mains saisiront ce petit corps nouveau
    Qu'il geindra se pressant tout contre votre peau
    Alors vous reviendront dans leur globalité
    Les raisons qui vous livrent à votre destinée.

    Que tous les vents d'autan caressent nos tourments,
    Que l'automne trépasse, l'hiver nous désavoue
    Mais ces petits bouts d'hommes qui avivent nos sangs
    Trouveront ces réponses bien plus sûrement que nous.

    Si la pluie le permet, demain sera clément.


    Aline.
    Elya16 le 19 novembre 2015
    Et après ?
    Les yeux dans le vague, dans les vagues, il pense.
    A quoi ?
    Il pense, penché au-dessus de l’eau.
    Peut-être cherche-t-il son reflet ?
    Une réponse, un signe de cette onde ?
    A chaque mouvement de l’embarcation,
    On croit qu’il va choir.
    Il suit le tangage, le roulis, s’en va et revient.
    Il y pense, y repense, jusqu’à s’y noyer.
    En plongeant ainsi dans son propre abîme,
    Il en sort ces vilaines pensées,
    Noires comme l’eau, électriques comme l’air.
    Il les trie pour n’en garder que les jolies,
    Celles qui le font sourire.
    Et petit à petit… Il se redresse.
    Il est moins penché, il se tient plus droit,
    Son regard soutient l’horizon
    Ses bras ancrés au bastingage.
    Son visage est calme, telle une mer d’huile…
    La tempête est passée.
    Il ne se perdra plus dans ces eaux troubles,
    Dans lesquelles ils ont voulu le plonger.
    C’est ce qu’ils veulent, il fera donc tout pour aller contre.
    Il le faut. Pour ceux qui ont disparu, pour ceux qui ont survécu.
    Et après ?
    La vie doit reprendre.
    Le bateau doit maintenir le cap.
    Plus que jamais.
    Mladoria le 19 novembre 2015
    Rinne j'adore ton poème acrostiche (je suis une grande amatrice de cette forme en poésie) :)
    Romantoka le 19 novembre 2015
    Je participe aussi, je suis novice dans ce domaine.
    nassima-meftahi le 19 novembre 2015
    il était une fois ... hé oui toute les histoires commence comme cela, jetais une petite fille naive, fragile, seule, en manque d'amour, celui que l'on voudrait toujours avoir à nos cotés, celui d'une mère et d'un père qui me cajoleraient qui me soutiendraient qui me sauveraient.
    Les jours passent , les mois, les années, je vous cherche, je vous recherche, j'attire l'attention, je me détruis, me fait du mal, mais où etes vous?
    Pourquoi?
    vous ne voyez pas,
    Vous ne me regardez pas,
    Tant pis pour vous, je m'en vais, tel un mirage qui passe, je disparais, ne fait plus attention à moi vous ne m'avez jamais vue, je suis du vent , une brise lègère comme on dit, je passe et m'envole vers d' eternels et plus lointains paysages.
    Aujourd'hui vous attendez de moi, quoi? quelque choses, que je batte, vous me regardez à présent..
    Les câlins, les bisous, les attentions et les mots que j' attend sont là, Aujourd'hui, mais, car il y a un mai, il est un peu tard, j'ai 25ans aujourd'hui.
    Et après?
    et oui il y a un après je n'attend plus rien de vous, je veux me battre , je ne veux pas etre votre petite fille modèle, je veux vivre pour moi, grosse ou non, on s'en fous je veux etre heureuse loin de vous mais proche dans mon coeur, retrouvé une vie plus belle et eternels sans attendre de vous.
    JE SUIS CE QUE JE SUIS, AVEC OU SANS VOUS, JE VEUX ETRE MOI MEME SANS AVOIR A ME BATTRE CONTRE VOUS MAIS AVEC VOUS.
    Ceci est une lettre d'espoir de désespoir, elle n'est pas très gaie, ni triste, elle est ce que je suis à l'instant T , l'instant present, certe je ne suis pas écrivains, certe je vais etre jugé, certe mon écriture n'est pas des meilleurs mais j'ai eus cette envie, ce plaisir de faire partager mon histoire, ma vie, et mon combat. Bonne lecture à vous tous
    krumeich le 19 novembre 2015
    1ère Journée

    DIMANCHE 19 MAI





    “ ... Nous vous rappelons enfin, avec la plus grande insistance, que :
    - tout déplacement hors du périmètre d’hébergement qui vous a été affecté pour la durée de votre séjour
    - ou toute tentative visant à abandonner, modifier ou détruire la montre-bracelet qui a été fixée à votre poignet
    - entraînerait automatiquement, et dans les minutes qui suivraient un tel acte, votre décès par injection létale.
    Toutefois ...”

    Adam referma brutalement le petit opuscule de papier recyclé. Ce geste agacé produisit un petit claquement sec qui lui fit prendre conscience de l’état d’inquiétude dans lequel il se trouvait. Les conditions de vie qui l’attendaient étaient si inhabituelles qu’il lui était difficile de s’imaginer comment il les percevrait dans leur vécu quotidien. Elles étaient, pourtant, minutieusement décrites dans ce “Manuel de vie” qui lui avait été remis au moment de l’embarquement et qu’il ne cessait de rouvrir et de refermer comme un élève qui ne sait pas parfaitement sa leçon.
    Ce qui l’inquiétait surtout, c’était le fait de se retrouver dans un environnement social composé uniquement de délinquants de la pire espèce. Quant à la montre, bien qu’il l’ait déjà portée pendant près d’un an et qu’ordinairement il n’y ait plus prêté attention, elle l’angoissait à nouveau: sa vie ne dépendait-elle pas, malgré les nombreux systèmes de sécurité, de la fiabilité des dizaines de circuits électroniques miniaturisés assurant le fonctionnement de la montre, des ordinateurs avec lesquels elle était en liaison et des satellites de positionnement qui le surveillaient.
    Il leva machinalement les yeux vers le ciel où brillait un soleil si éclatant qu’il dut brusquement fermer les paupières et baisser la tête.

    Lorsqu’il les ouvrit à nouveau et tandis que sa vue retrouvait peu à peu son acuité il se rendait compte qu’un homme d’une soixantaine d’années, hirsute, barbu, portant de grosses lunettes fumées et, semblait-il, à la propreté douteuse, avait l’air de le dévisager. Pourtant ce dernier détourna rapidement son regard et fit quelques pas pour se mêler à la foule. Sur le moment, Adam eut l’impression que cet individu ne lui était pas inconnu mais, en y réfléchissant bien, comment et où aurait-il pu faire la connaissance d’un tel personnage qui n’appartenait manifestement pas à la même classe sociale que lui. Après tout, l’avait-il peut-être rencontré dans les locaux de la Police, au Palais de Justice ou ailleurs...

    Sans s’attarder plus longtemps sur cet incident, il se fraya un chemin à travers la centaine de personnes qui occupait le pont du bateau pour aller s’accouder au bastingage dans l’espoir de bénéficier d’un peu plus d’air et de jouir d’une intimité relative qui lui faisait cruellement défaut depuis son incarcération. Heureusement, rares étaient ceux qui, pour des raisons similaires, s’étaient éloignés du groupe et étaient venus contempler l’océan. La plupart des autres passagers, bien que ne conversant que très peu entre eux, préféraient rester ensemble, peut-être avec l’impression illusoire d’un soutien moral mutuel de la part de leurs compagnons d’infortune. De même, la majorité des femmes constituait un groupe bien à-part, un peu plus animé que celui des hommes qui, eux, semblaient plus soucieux et plus affectés par leur future situation. Il y avait aussi deux ou trois chiens, allongés sur le plancher du pont, le museau entre les pattes, avec dans les yeux la même tristesse et la même inquiétude que leurs maîtres. De temps en temps, le miaulement plaintif d’un chat s’échappait d’une cage, seul bagage-à-main toléré.

    La lassitude plus que la fatigue lui fit courber le dos et baisser la tête si bien qu’il ne vit plus ni l’horizon radieux ni la houle bleue mais seulement l’écoulement frangé d’écume de l’eau verte le long de la coque grise parsemée de points de rouille du vieux bâtiment militaire qui les transportait. Il se prit à penser qu’un tel navire avait vraisemblablement été construit au siècle dernier et qu’il était, bien entendu, propulsé par un moteur diesel dont les vibrations se propageaient jusque dans ses jambes. Il venait seulement de les ressentir. C’est qu’il avait en tête des idées bien plus préoccupantes qui ne pouvaient laisser place à ce genre de sensations sans importance. Son cerveau était saturé de questions auxquelles il ne pouvait apporter de réponses et il cherchait vainement à s’en échapper. En d’autres circonstances, ce court voyage en mer, à faible vitesse et par ce moyen de locomotion obsolète, aurait été assez agréable et aurait eu plutôt tendance à diminuer voire supprimer un éventuel état de stress. Mais, en l'occurrence, bien au contraire, sa relativement longue durée l’exaspérait et il se sentait bizarrement impatient de se trouver complètement plongé dans ses nouvelles conditions de détention.

    Il y avait environ une heure, estimait-il, qu’ils avaient quitté le port et l’île n’était toujours pas en vue! Elle n’aurait pourtant pas dû se situer si loin que cela de la côte car plus loin se trouvaient des hauts fonds qui en auraient rendu l’implantation sinon impossible du moins trop coûteuse. Cinquante ans auparavant, elle aurait été un peu plus proche du rivage car, avec la fonte d’une grande partie des glaces antarctiques, l’étendue des bas-fonds littoraux s’était accrue de quelques centaines de mètres par endroit. Seules les côtes rocheuses et escarpées avaient été épargnées. Son statut de professeur d’histoire, spécialiste reconnu du vingtième siècle, l’amenait involontairement à faire souvent référence à cette époque qu’il affectionnait particulièrement.

    Les bulles d’écume semblaient glisser si vite le long du flanc du navire et cependant celui-ci paraissait progresser avec une lenteur agaçante. Il se prit à remarquer que le temps, et donc la vitesse, étaient vraiment relatifs à l’échelle de l’espace considéré par l’observateur. Les huit années qu’il était condamné à passer en exil sur cette île, allaient-elles être à l’image de cet apparent paradoxe? Huit ans! Enfin non, plus que sept maintenant. Cela lui paraissait quand même si long! Mais les jours s’écouleraient sans doute rapidement comme cette file de bulles et la date de sa libération surviendrait peut-être plus vite qu’il ne le ressentait maintenant. Il se reporta exactement huit ans plus tôt et se rendit compte que les évènements contemporains de cette période-là lui semblaient finalement tout proches… Il y avait sa rencontre avec Carole et ses débuts d’enseignant à l’université; ces deux faits, liés étroitement l’un à l’autre, contenaient déjà tous les paramètres qui interviendraient sept ans plus tard dans le drame qui bouleverserait son existence, le bonheur de leur couple et peut-être l’avenir de leur enfant.

    Un mouvement de foule, accompagné d’une rumeur, faite de dialogues chuchotés, attira son attention. Les regards se portaient vers la proue du navire; ils étaient d’une profondeur et d’une intensité particulière. Lui-même aperçut, dans cette direction, d’abord une tache grise sur le bleu de la mer puis plus nettement des immeubles d’habitation, reconnaissables à leurs nombreuses fenêtres alignées et dont les façades présentaient une surface particulièrement lisse et brillante. Ils étaient plutôt regroupés sur les deux tiers environ de la superficie de l’ensemble. Sur le tiers restant, s’étendaient des bâtiments plus bas regroupant apparemment les services techniques : de grandes surfaces de panneaux photovoltaïques, de hautes éoliennes et d’énormes antennes paraboliques. Il pût voir enfin que le tout était construit sur une immense plate-forme supportée par un certain nombre d’énormes cylindres plongeant dans les flots. Ce type de construction lui rappela les stations de forage pétrolier qu’il avait pu voir sur de vieux documents dans le cadre de ses études.
    Les voix maintenant s’étaient tues. Avec la proximité grandissante de la chose, tous étaient devenus muets, à la fois d’étonnement et d’admiration, écrasés par le gigantisme de l’ouvrage et frappés d’une sorte de respect devant l’importance de la réalisation. Bien sûr avaient-ils pu voir tout cela auparavant sur les photos et les plans contenus dans la plaquette qui leur avait été remise mais combien la réalité était-elle plus impressionnante! Lorsque le bateau s’immobilisa au niveau de la porte de débarquement, laquelle surplombait le pont d’une dizaine de mètres, l’émotion fut à son comble: Adam sentit sa respiration s’alourdir, sa gorge se serrer, son sang battre sur ses tempes...

    Des policiers leur firent évacuer, sans violence et même avec une certaine courtoisie, une zone délimitée sur le pont du bateau par un tracé rectangulaire de peinture blanche. C’est alors que trois marins arrivèrent juchés sur un petit véhicule électrique tirant des wagonnets qui contenaient les maigres bagages des détenus. Lors du freinage un peu brutal de l’engin, l’un de ces matelots perdit l’équilibre et faillit tomber, ce qui amusa beaucoup ses camarades. Les rires de ces gens “sociaux”, ou du moins pour l’instant catalogués comme tels, prenaient un volume sonore extraordinaire par rapport au silence du groupe des asociaux qui étaient sur le point de perdre tout contact direct avec la société dont ils avaient jusqu’alors fait partie. L’île d’exil pour asociaux de catégorie cinq sur laquelle ils allaient débarquer n’hébergeait de gens dits “sociaux” que dans sa partie technique, dont l’accès leur était interdit sous peine de mort automatisée.
    Un tunnel télescopique se déplia jusqu’à venir se poser au niveau de la limite blanche tracée sur le pont du bateau et sa porte s’ouvrit. Le policier le plus gradé, muni d’un ordinateur de poche et d’un micro, prit la parole sur le ton de la leçon bien apprise et cent fois récitée:

    « - Mesdames et messieurs, je vais vous appeler dans l’ordre croissant de vos numéros matricules. A l’appel du vôtre, vous viendrez placer votre montre sous le lecteur que voici a
    7878751021 le 19 novembre 2015
    Et après ?

    D'un doigt, j'ai éteint la radio et son flot d'actualités ....pour respirer, souffler, respirer encore et me retrouver.

    "Et après ?" ai-je dit.

    " "Après", petit Chimiste, les ingrédients étant les mêmes depuis la nuit des temps, il est fort probable qu' "Après" sera comme "Avant", inchangé, répété".

    Alors le Cuisinier en moi s'est exclamé : "J'ai une idée. Comme pour les recettes, changeons les proportions des ingrédients et créons notre propre cocktail !"

    J'ai souri à son enthousiasme tout en pensant "et après ? Les ingrédients restent les mêmes, alors au cours des millénaires, des siècles, des années et même de chaque journée passée, beaucoup de recettes ont déjà été testées ....."

    "Et après?"
    "Après ?", j'ai pensé au papillon, celui dont on dit que les petits battements d'ailes à un bout du monde génèrent de puissants mouvements d'air à l'autre bout du monde. J'ai aussi pensé au colibri qui s'engagea, raconte-t-on, à sa mesure, dans la lutte contre l'incendie qui détruisait la forêt où il vivait.
    Et alors, une mésange est venue voleter à ma fenêtre et je me suis demandé, si je "changeais le cocktail", ce que ça donnerait un "papillon-colibri", ou un "colibri-papillon" ... un "humain-papillon-colibri" et un "humain-colibri-papillon" .....

    "Et après ?"
    "Mais" Après", c'est "maintenant" !
    Et "Maintenant" c'est à chacun de nous de décider, de jouer et ainsi d'apporter sa part d'ingrédients au cocktail de cette planète et de cette Vie, et ce, à chaque instant", non ?"

    Et après cette pause avec vous, je repars maintenant dans le flot quotidien de ma vie. :wink:
    krumeich le 19 novembre 2015
    Sonia – Mais alors pourquoi se cacher ?

    Adam – Je ne suis pas assez compétent en psychosociologie, mais je serais enclin à penser que les conditions de la vie sociale dans l’île doivent avoir des incidences inattendues sur le psychisme de certains résidents. Nous-mêmes, dans quelques années, ne seront nous pas sujets à des Troubles Obsessionnels Compulsifs ?

    Sonia – C’est en effet possible. Je me souviens d’avoir appris qu’un TOC est une réaction psychologique résultant d’une anxiété ou d’une frayeur. Or, ici, les sujets d’anxiété abondent…Ce personnage aurait donc la manie de suivre les “nouveaux” afin de les observer… Est-ce qu’après quelques années de détention ici, l’inaction, le désœuvrement, l’ennui ne pourraient-ils pas également conduire un individu normal à n’avoir d’autre occupation que de s’intéresser à la vie des autres ?

    Adam – Justement, déposons nos achats et allons voir ce que nous avons à notre disposition, au Centre des Services, pour occuper nos journées et éviter ainsi un éventuel dérèglement de notre psychisme. »

    . Le temps s’était dégradé depuis la veille et la pluie menaçait, interdisant toute activité de plein air sur l’une des deux places publiques.
    La salle polyvalente était immense et divisée par des cloisons translucides, mais non transparentes, en différentes zones d’activité. Il y avait là des gens qui jouaient aux cartes, aux échecs, au billard, à des jeux de simulation sur des machines. D’autres faisaient de la musique ou de la danse à l’étage supérieur qui bénéficiait d’une isolation phonique. D’autres encore étaient occupés à des travaux manuels de toutes sortes. Ayant fait un tour d’horizon des loisirs proposés en ce lieu, ils se rendirent à la médiathèque où l’on pouvait accéder, à l’aide de casques munis d’énormes lunettes, à toutes les formes de culture. Il y avait aussi des machines informatiques qui permettaient de naviguer sur internet et d’éditer des textes sur support électronique ou sur papier. L’éventail des possibilités était si vaste qu’en faire le tour leur prit une bonne partie de la matinée. Soudain Adam s’inquiéta de l’heure qu’il était:

    «Adam - Le temps a passé bien vite, il est déjà midi moins le quart! Nous devrions, je crois, nous diriger vers un restaurant avant qu’il n’y ait trop d’affluence.

    Sonia - Vous avez raison... Et si nous changions d’établissement?

    Adam - Vous pensez que les menus y sont différents?

    Sonia - Non, je ne crois pas, mais cela nous éviterait peut-être de rencontrer Alfred ou le barbu afin d’y prendre notre repas en toute sérénité.

    Adam - Sauf s’ils font le même raisonnement que vous...

    Sonia - C’est très juste. Et si Alfred veut à tout prix nous rencontrer il changera d’établissement, c’est certain.

    Adam – En effet, mais allons-y quand même... Avez-vous vu la quantité d’activités qui est mise à notre disposition, je ne pense pas que nous puissions nous ennuyer un seul jour, ici. Moi, je vais pouvoir poursuivre mes recherches en Histoire et peut-être aussi écrire un livre autobiographique relatant le drame que j’ai vécu et ma vie actuelle sur l’île. Je n’aurai qu’à reprendre ce que je consigne tous les soirs sur mon notebook. Mais auparavant, il faut que je recueille le plus de renseignements possible sur les différents protagonistes de mon affaire. Je pense pouvoir les obtenir par l’intermédiaire des amis que j’ai eus hier soir au téléphone.

    Sonia - Cela vous permettra peut-être de comprendre comment vous avez pu en arriver là. Est-ce que je ne devrais pas en faire autant? Je n’en sais rien. J’ai peur de me replonger dans ces souvenirs horribles et retomber malade. De plus, je ne vois pas du tout qui je pourrais bien contacter pour m’aider dans mes recherches... Non, tout compte fait, il vaudra mieux que je me tienne au courant de l’évolution des techniques médicales et des progrès de la recherche afin d’être à jour lorsque je devrai reprendre mon métier… Si j’ai la possibilité de le reprendre un jour.

    Adam – Je ne vois pas ce qui pourrait vous en empêcher.

    Sonia – Tout simplement le fait de ne plus pratiquer pendant huit ans.

    Adam – Je ne comprends pas pourquoi l’administration pénitentiaire n’utilise pas vos compétences. Il serait plus pratique de consulter un médecin sur place plutôt que d’être obligé de se rendre pour cela dans la Zone Technique... Il me vient d’ailleurs une idée : au lieu de tout robotiser, comme c’est actuellement le cas, pourquoi ne pas utiliser les compétences des détenus ?... Un commerçant pourrait tenir une boutique, un coiffeur le salon de coiffure, un médecin un cabinet médical, un pharmacien une pharmacie…

    Sonia – Vous oubliez que nous ne sommes plus rien que des asociaux.

    Adam – Justement, des asociaux s’occuperaient d’autres asociaux. Pourquoi pas ? Cela formerait une sorte de société parallèle. »

    Le second restaurant était identique à l’autre et la nourriture équivalente. Ils n’y rencontrèrent aucune de leurs connaissances et, après leur repas, regagnèrent leurs studios respectifs pour y prendre un peu de repos.

    Adam s’étendit sur son lit, prit son notebook et, à son habitude, fit le point sur les évènements de sa première matinée sur l’île.
    Chronologiquement, il y avait eu d’abord l’arrivée du barbu au restaurant et sa curieuse réaction à la vue de Sonia qui elle aussi avait l’impression de le connaître. Logiquement, cet homme-là la connaissait mieux qu’elle ne le connaissait, lui. Mais comment cela était-il possible et même envisageable? La différence de milieu socioculturel était manifestement si grande !
    A la réflexion, n’était ce pas le cas également pour lui? Il était presque certain qu’il s’agissait de l’homme qu’il avait aperçu deux ou trois fois dans le camp de transfert mais de plus loin, jamais de face et avec une barbe moins fournie... Mais alors, tout compte fait, était-ce bien lui?...
    Le deuxième évènement marquant était l’altercation avec ce voyou qui les avait agressés. Il en souriait maintenant, se remémorant l’expression terrorisée de ce sinistre individu lorsque l’alarme de sa montre s’était déclenchée. Il se mettait à sa place: il y avait effectivement de quoi être effrayé... Et si, sans raison, la sienne faisait démarrer le programme de l’injection létale et que les organismes de contrôle ne s’en aperçoivent pas, il n’aurait que cinq petites minutes pour appeler l’administration pénitentiaire afin qu’elle interrompe le processus et réinitialise les données. Et s’il ne parvenait pas à la joindre…Il paniquerait, à coup sûr!...
    Sonia avait-elle vraiment vu quelqu’un les suivre et se cacher pour ne pas être vu ? Il était parvenu à la rassurer en minimisant la chose mais cet incident pouvait effectivement être inquiétant.
    A part cela, la quantité d’activités ludiques ou culturelles mises à leur disposition était impressionnante et dès le lendemain il irait travailler à la médiathèque. Il se demanda si les asociaux de catégorie six, ceux qui avait fait des choses encore pires comme les crimes envers des enfants, des tortures, etc., si ces gens là bénéficiaient d’un confort aussi poussé. Non! Ce n’était pas possible!...
    A propos de crimes affreux, pourquoi Sonia qui prétendait en avoir commis un, était-elle en catégorie cinq et non six? Elle devait exagérer la cruauté de son acte, c’était certain. Se déciderait-elle, un jour, à le lui raconter?
    Il consigna toutes ces interrogations et finit par s’assoupir.
    La mélodie du téléphone le tira de ses méditations. Il appuya machinalement sur le bouton de la télécommande, sans quitter son lit puisque, de là, il voyait très bien l’écran universel.

    «Sonia - Je vous signale que vous avez oublié de couper votre caméra. Remarquez bien que vous êtes tout-à-fait décent et que, même si vous ne l’étiez pas, cela n’aurait pas grande importance puisque je suis médecin.

    Adam - Je vais quand même me lever, Sonia, par politesse.

    Sonia - Je vous signale qu’il est seize heures. Je vois qu’il me reste quatre vingt cinq points, moins cinquante points pour le repas du soir, j’ai encore de quoi vous offrir un café ou un thé avec des gâteaux secs.

    Adam - Il me reste aussi assez de points pour cela. C’est à moi de vous offrir quelque chose. Je vous propose de nous retrouver dans dix minutes exactement sur le palier.

    Sonia - C’est parfait, à tout-de-suite. »

    Adam attendait Sonia sur le palier quand la porte du studio 236 s’ouvrit. Un jeune homme d’une trentaine d’années vêtu avec une certaine élégance apparut et le salua discrètement. C’est à ce moment là que Sonia sortit de son logement. Le jeune homme la dévisagea avec une expression de surprise immense, bredouilla un salut à peine compréhensible, rentra précipitamment chez lui et referma sa porte.

    Ils se regardèrent ébahis puis prirent l’ascenseur dont la porte s’était ouverte:

    «Sonia - Comment expliquez-vous ce qui vient de se passer? Les gens me fuient comme une pestiférée!

    Adam - Pour l’instant nous ne l’avons constaté que de la part des deux personnes qui résident sur notre palier. Encore une très curieuse coïncidence. Mais vous ne pouvez pas dire que tout le monde vous fuit car c’est bien la réaction opposée que nous avons pu constater chez notre ”ami“ Alfred.

    Sonia - C’est l’exception qui confirme la règle…J’ai cru reconnaitre chez ce jeune homme la même expression que celle du barbu lorsqu’il m’a vue au restaurant. Je suis pourtant pratiquement sûre de ne l’avoir jamais connu auparavant mais lui, par contre, semble me connaître. Alors, dans ce cas, pourquoi ne veut-il pas me rencontrer, me parler? Comment est-ce possible?

    Adam - Je ne me l’explique pas... Nous essaierons d’éclaircir ce mystère plus tard, après avoir pris notre collation.

    Sonia- Soit! Mais promettez-moi d’y réfléchir. Je fais confiance à votre esprit cartésien.

    Adam - Essayez de votre côté de scruter votre mémoire: il pourrait, par exemple, s’agir de l’un de vos patients qui ne serait venu vous consulter qu’une seule fois et il y a l
    mariolga le 19 novembre 2015
    NOUVEAU DÉPART

    Quand ils furent bien certains que les choses n’iraient pas en s’améliorant, et après mures réflexions, ils décidèrent de partir, de quitter la ville pour se réfugier au fin fond de la province dans la maison familiale de l’une d’entre eux.
    Déjà 8 ans avant, lorsque la situation avait commencé à se détériorer, lorsque les évènements tragiques avaient contraint les habitants de la capitale à se claquemurer chez eux, à s’isoler les uns des autres pour mieux être contrôlés sans doute, ils avaient abandonné leurs logements pour s’installer dans une grande maison d’une lointaine banlieue. Chacun y avait son indépendance et tous pouvaient se retrouver dans une ambiance chaleureuse et bienveillante. La maison était suffisamment grande pour pouvoir héberger ponctuellement de nombreux amis qui avaient besoin d’une bouffée d’oxygène, et ils étaient nombreux. Certains regrettaient même de ne pas avoir participé au projet d’origine et furent désolés d’apprendre que le départ de leurs amis allait les priver d’un havre de paix, mais ils ne pouvaient que les approuver.
    La décision de partir fut l’objet de nombreuses discussions. Il fut un temps question de laisser les plus « faibles », mais lorsque vint le moment de définir les critères de « faiblesse », aucun ne put être vraiment dégagé. Chacun avait des faiblesses, au moins autant que d’atouts. C’était leurs complémentarités qui faisaient leur force. S’amputer de l’un des membres affaiblirait le groupe au point de s’interroger sur sa viabilité. S’ils partaient, c’était ensemble, sinon, ils resteraient, toujours ensemble.
    Ce qui fut le plus difficile, ce fut de savoir ce qu’ils emporteraient. Il y avait de terribles restrictions sur les déplacements. Il fallait obtenir un laissez-passer et ce genre de document était distribué au compte-goutte. Tous en demandèrent un, mais ils n’en obtinrent que deux. La question du carburant ne se posa pas : comme ils avaient tous leur permis de conduire, mais que seulement deux conduisaient, ils avaient suffisamment de bons d’essence pour voir venir. Ils décidèrent donc de partir avec le break qui leur serait utile sur place et de louer un fourgon pour les bagages et les jerricans d’essence pour les deux véhicules. Comme l’approvisionnement en électricité était loin d’être assuré dans ce coin reculé, il convenait de faire une sérieuse provision de livres mais ce fut un véritable crève-cœur de choisir ceux qui feraient partie du voyage.
    La maison, qu’ils n’avaient même pas songé à vendre ni même à louer tant le marché de l’immobilier était bas, fut confiée à des amis qui s’y installèrent aussitôt. Le trajet se fit sans anicroche, mais quelle ne fut pas leur surprise de voir une voiture garée devant la maison familiale ! Une famille s’était installée dans cette maison vide depuis la fin de l’hiver et n’avait aucune intention de céder la place.
    Il y eut des négociations, des compromis, un partage de l’espace et des différentes tâches. La vie, tout doucement, par à-coups s’organisa. La terre fut labourée et ensemencée. Les ruches furent restaurées, les arbres fruitiers taillés. Un poulailler et un clapier furent construits. Ce fut certes un début difficile et éreintant, mais dès le mois de juin, les cultures et l’élevage permettaient leur autonomie alimentaire.
    Et après ?
    Après ? La vie continua !
    Malaikasta le 19 novembre 2015
    Des mots pour le dire :
    Débat sur le droit de mourir dans la dignité
    Chronique d’une mort annoncée
    En réponse aux débats que se livrent les grands « penseurs » des ondes radiophoniques qui sont, bien malgré eux, de mauvais « pansants ». Le monde est peuplé de bonnes intentions. Débattons-en. Ont-ils oublié que sur les ondes, il n’y a pas que leurs « cons génères » qui s’égosillent, il y a aussi d’autres auditeurs, prisonniers du diagnostic qui leur a été livré, ceux qui, trop épuisés, ne bougent plus et sont ancrés dans le fauteuil de leur mort annoncée, écoutant ce que ces beaux penseurs ont à dire sur les ondes concernant leur futur si près de s’échoir.

    Je ferme la radio. Abattue ! Désolée ! Désolant !

    Ce n’était pas au temps de mes ancêtres.
    Non ça n’existait pas encore.
    C’était juste hier, au temps du débat sur le « droit de mourir dans la dignité », dans une culture dite évoluée.

    « Moi, je les ai entendus discourir … un jour de grande désespérance … »

    Qui sont-ils pour parler « du droit de mourir dans la dignité »
    Qu’entendent-ils par « dignité »
    S’entendent-ils ?

    On ne vit et ne meurt qu’une fois…
    Alors, qu’en savent-ils eux qui débattent du droit de mourir ?
    De quel « droit » s’agit-il ?

    En finalité, oui « en finalité »,
    pour résumer leur grande expression
    - des mots et des mots -
    il n’en reste que le verbe…

    Mourir.

    Un verbe qui, pour l’instant, n’est pas le leur.

    De quel débat s’agissait-il encore ? Ha oui ! Un débat de société, ils ont dit.
    Est-ce un débat ? ou une débâcle ?

    Sommes-nous à ce point anesthésiés, qu’aux temps modernes, on ne retienne que « le mal de vivre » et maintenant « le mal de mourir » ?

    Bien sûr, ça fait l’affaire de ceux qui ne savent pas encore le temps qui leur reste escomptant se procurer l’ultime arme pour prendre de court leur propre finalité.

    Vous. Oui, vous, qui parlez sur les ondes. Quand viendra le temps de lâcher votre dernier rot, là vous pourrez parler de « droit de mourir dans la dignité» si tels sont votre croyance et votre dernier souhait. De « droit » vous n’aurez toutefois pas mot à dire. De « dignité » vous serez alors à même d’en prendre la mesure.

    Mais avant de demander cette aide à mourir, regardez bien profondément dans les yeux de ceux et celles qui seront penchés sur vous, par amour et par amitié…

    Et après...





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