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Expert théâtre

Cet insigne distingue les amoureux de la scène, du théâtre antique à la Comédie Française en passant par Brecht ou Shakespeare.
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Titus n'aimait pas Bérénice

Un peu déçue par ce roman qui, pour moi, n'a pas tenu dans sa longueur toutes les promesses de son début...

Je n'ai d'abord pas vu l'intérêt de faire un récit-cadre, une Bérénice moderne quittée par un Titus trop fidèle à sa femme Roma. J'ai bien compris que le but était de montrer que les histoires d'amour mal (en général), qu'il faut souffrir pour sublimer ses larmes en mots et se transcender ensuite dans l'écriture, que c'est la force des passions qui donne à la vie son intensité... Certes, mais ce n'est ni original, ni subtil. Comme si l'autrice n'avait pas osé écrire directement la biographie de Racine, et qu'il lui fallait un prétexte, à savoir un personnage qui va lui-même se renseigner sur Racine après avoir aimé son œuvre.

J'ai beaucoup aimé le début sur la jeunesse de Racine à Port-Royal - même si rien n'est clairement dit de Port-Royal : ce n'est pas un roman historique explicatif, l'institution est présentée par le silence et l'effacement, tel celui du visage de la tante tant aimée qui couvre ses cheveux et sa tendresse. Dans ce monde clôture et de lois, le jeune garçon se passionne pour la grammaire et ses règles. Ces passages étaient fascinants : par une écriture elle-même épurée, l'autrice réussit à parler de grammaire et de versions latines ou grecques pour expliquer les origines de la poétique racinienne.

Néanmoins, j'ai moins aimé la suite du roman. Racine projette ensuite une fascination sur le roi - qui est présenté, lui, comme un personnage de théâtre, non comme un être vivant ; comme si ses œuvres et sa langue ne comptaient plus face à la louange du "plus grand roi du monde" ; les mots deviennent alors l'encens d'un nouveau dieu. Pour moi, d'un point de vue historique, cette proximité en miroir avec Louis XIV n'est pas réaliste.

Un peu dommage donc, le début et le style d'écriture annonçaient un roman que j'aurais aimé plus apprécié dans son entièreté.

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Le mandat

Nicolaï Erdman est un dramaturge russe dont la principale qualité est d'être un libre penseur irrévérencieux qui clamait "Un théâtre sans scandale n'est pas un théâtre".

Il le prouve avec "Le mandat" une pièce aussi comique que subversive écrite en 1924, dans la nouvelle Russie soviétique à l'aube du stalinisme, qui ne fait pas appel à l'esprit de sérieux mais à celui de l'intelligence, de la sensibilité et surtout du jeu et de l'humour.

J'ai eu la chance de voir la pièce au théâtre de la Tempête à la cartoucherie de Vincennes dans une mise en scène de Patrick Pineau et j'ai vraiment apprécié.



Dans cette tragi-comédie politique tout le monde en prend pour son grade. Après la chute du tsar, les Goulatchkine, une famille bourgeoise, tente de conserver leur place dans une société en mutation. Ils sont propriétaires et posent au mur des tableaux à double face, Jésus-Christ d'un côté, Karl Marx de l'autre, qui n'est retourné que dans le cas d'une visite des communistes.

Nadejda Goulatchkine, la mère, est veuve et souhaite marier sa fille au fils Smetanitch, des nostalgiques de l'époque tsariste qui cherchent à faire entrer un communiste dans leur famille par intérêt. C'est Pavel Goulatchkine qui va servir de dote à sa sœur en adhérant au parti et obtenir un mandat comme justificatif. Pour cela, il doit prouver qu'il connait des personnes de la classe ouvrière mais ne sait pas où trouver des prolétaires de louage.

Une série de quiproquos va mener Pavel à exercer un pouvoir qu'il n'avait pas jusque-là quand Tamara Leopoldovna vient demander à Nadejda Goulatchkine de cacher une grande malle en osier qui contient tout ce qui reste de Russie en Russie.



Loin d'une opposition binaire entre classes sociales et politiques, on n'en finit pas d'avoir des surprises dans cette pièce à rebondissements. Dommage que le troisième et dernier acte sonne moins que les autres comme une joyeuse effronterie. Il n'en reste pas moins que les personnages sont pris dans des mécanismes qui les dépassent totalement en montrant aux spectateurs le fonctionnement d'une société ou les communistes et anti-communistes sont moqués avec la même radicalité.





Challenge Riquiqui 2024

Challenge XXème siècle 2024

Challenge ABC 2023-2024

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Maladie ou Femmes modernes

On retrouve la question du genre abordée dans son roman "La Pianiste" (et peut-être tout l'œuvre de Jelinek ?) Les deux personnages féminins sont des vampires, des êtres qui vivent dans une société qui les ignore, des êtres presque morts qui résistent quand même en se situant dans un entre-deux monstrueux. Rien n'est pourtant catégorique chez Jelinek. Elle n'encense pas la Femme comme une valeureuse victime, courageuse face à l'adversité et la violence. Les situations sont plus complexes quand certaines s'épanouissent dans cette subordination et ne font rien pour que les choses changent. Il y a enfin une tonalité toujours satirique où Jelinek grossit le trait pour mieux nous montrer l'absurdité de certaines pratiques sociales.
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Ombre (Eurydice parle)

Elfriede Jelinek donne une nouvelle dimension au mythe d'Orphée en offrant à Eurydice une voix puissante et subversive. Le récit se renverse et la femme, longtemps silencieuse et invisible, prend le pouvoir.



Jelinek libère Eurydice du carcan du mythe traditionnel pour en faire une femme complexe et pluridimensionnelle. Elle n'est plus la simple victime tragique, mais une individu en quête d'identité et d'expression. Sa parole, longtemps étouffée, se déverse dans un monologue ininterrompu, révélant ses pensées, ses désirs et ses frustrations.



Son ouvrage déconstruit l'imaginaire romantique du couple parfait et de l'amour fou. Orphée, figure centrale du mythe originel, est relégué au second plan, tandis qu'Eurydice s'affirme comme le véritable sujet de l'histoire. Sa mort, loin d'être une fin tragique, devient une opportunité de libération et de renaissance.



Le texte d'Elfriede Jelinek souffre de quelques faiblesses qui entravent son impact. En effet, la densité de l'ouvrage est particulièrement excessive : la complexité et la longueur du monologue peuvent s'avérer ardues pour certains lecteurs. Un travail de synthèse aurait pu améliorer la fluidité du récit.



Le langage riche et les références culturelles peuvent en rendre la compréhension difficile pour un public non averti. Malgré la thématique intéressante, la pièce peut manquer de clarté par moments, laissant le lecteur perplexe face à certains passages obscurs.



Ainsi, le texte d'Elfriede Jelinek offre une vision stimulante du mythe d'Orphée. Cependant, sa complexité et sa densité risquent de rebuter certains lecteurs. Un travail d'édition plus serré et une meilleure accessibilité auraient pu renforcer son impact.
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Meurtre dans la cathédrale

"Meurtre dans la cathédrale", ça sonne bien polar, non ? Ça pourrait être un petit Agatha Christie méconnu, un P.D. James qui se déroulerait au sein de l'épiscopat britannique…

C'est presque ça.

Sauf qu'on sait d'emblée qui est la victime, on sait qui a commandité l'assassinat, on connaît même les noms des meurtriers (et une partie est racontée par eux-mêmes).

Y a plus d'intrigue alors, me direz-vous.

Euh… disons que l'intrigue n'est pas le propos de Thomas Stearns Eliot.

Ce qui l'intéresse, c'est la personnalité de la victime et le cadre historique.

Ah oui, parce que j'ai oublié de le préciser : le meurtre a eu lieu en 1170, dans la cathédrale de Cantorbéry, et la victime est l'archevêque Thomas Becket.

Fâché avec le roi Henri II, il s'est exilé en France pendant des années, et la pièce (oui, c'est du théâtre) raconte son retour en Angleterre : il sait qu'il se condamne ainsi à la mort, il affronte des tentateurs qui lui font miroiter d'autres issues plus gaies, n'empêche qu'il y va.

Si vous vous intéressez à l'Histoire de l'Angleterre (ou si vous avez lu "Les piliers de la Terre" de Ken Follett) vous connaissez déjà l'histoire : l'affrontement entre le pouvoir royal et celui de l'Église.

Si la question du sacrifice et de la rédemption vous passionne, si vous voulez savoir comment on fabrique un saint, cette pièce répondra à vos attentes.

Sinon, vous risquez comme moi de vous ennuyer un brin à la lecture, heureusement entrecoupée par les interventions poétiques et bucoliques d'un choeur à l'antique – qui ont été à mes yeux les passages les plus beaux.

Traduction de Henri Fluchère.



Challenge Nobel
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La Cantatrice Chauve - La leçon

Lu il y a environ 25 ans au lycée, j'en gardais un bon souvenir et je pensais naïvement que, lors de cette relecture, j'allais retrouvé cette oeuvre drôle et décalée.

Il faut croire que j'ai mal vieilli, que je suis devenue ch*ian*te, ou alors je suis trop confrontée à l'absurde dans mon quotidien pour encore savoir apprécier une telle lecture.

Texte très court heureusement, je n'aurai pas tenu plus longtemps.
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