Vingt ans après
Un jeune homme de 25 ans, fin des années 70 à Bordeaux, vit dans un immeuble grisâtre en apparence mais très ensoleillé par la pittoresque Constança (concierge portugaise aimant les livres et Jacques Brel).
Il s'appelle Fred Victor et vit avec son chat Victor pur gouttière.
Il a deux potes, Bob issu de la DDASS et Jimmy Sénégalais musicos. Tous des éclopés de la vie.
Fred veut évoluer et pour cela changer de boulot. C'est à ce moment-là que le destin frappe à sa porte et que Victor veille.
La construction du livre peut dérouter le lecteur mais si celui-ci accepte le jeu, il sera vite entraîné dans cette belle histoire, particulière où il se sentira chez lui .
Qui n'a jamais fait ce voyage intérieur face à sa vie?
La règle du jeu est la suivante:
— 13 octobre 1978: un vendredi
— 11 octobre 1978: le destin toque à la porte de Fred
— 12 octobre 1978: seulement quelques heures pour faire un choix parmi :
1. Une vie banale, triste reproduction de la vie qu'il a lui-même subi enfant…
2. Une mauvaise vie, celle d'un caïd qui finit une balle dans la tête…
3. La voie de la gloire avec ses 2 copains, la musique, le nomadisme et sa mort à 54 ans…
* La voie non numérotée, mémoire remise à zéro, la résilience, tout est possible…
Laissez-vous aller, sortez des sentiers battus devenez lecteur actif, vivez l'histoire et souvenez-vous quel choix avez-vous fait…
Ce livre est original, cela devient rare, bien écrit, une vraie tonalité.
Comme l’auteur j’ai donné un coup de blush à ma recension Le choix de Victor qui contrairement à moi n’a pas pris une ride, et reflète encore mon ressenti sur cette étrange histoire.
Le commissaire Plaziat défie Viloc avec ce cas d’école pour sa huitième enquête quoi de mieux qu’un Cold case pour mettre ses petites cellules grises en mode in ?
« L’initiateur, le créateur, le coupable, celui qui a imaginé ce scénario est soit psychopathe soit un génie de la mise en scène, mais de toute façon il est instruit le zèbre. » c’est Lily qui vous le dit et elle s’y connaît côté esprit qui carbure.
Pourquoi le flic de l’époque Lacorde (pour un presque pendu) a-t-il échoué à résoudre cette énigme ?
Petit rappel :
« Les Parques sont, dans la religion romaine, les divinités maîtresses de la destinée humaine, de la naissance à la mort. »
Dans cette seconde partie ce n’est pas seulement la résolution d’une énigme c’est avant tout une façon de croquer des portraits, le notaire pittoresque qui fait connaissance avec Lacorde dans une chambre d’hôpital, Fred et sa nouvelle vie, Lily encore et toujours, le monde de Castéja et le bassin dans toute sa splendeur.
Parfois Guy Rechenmann se fait aquarelliste mais il jubile à dérailler dans le monde expressionniste de Munch dans sa crise d’angoisse existentielle.
En refermant le livre je me dis que Guy est le Gavroche de la littérature et qu’il continue à chantonner d’un air plein de malice :
« Il est tombé par terre, c’est la faute à Voltaire
Le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau
Si tu n’es pas notaire, c’est la faute à Voltaire
Tu es petit oiseau, c’est la faute à Rousseau »
©Chantal Lafon
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