Durant ses onze années en Nouvelle-France (1664-1675), Nicolas a beaucoup voyagé, parcourant le territoire de la pointe extrême ouest du Lac Supérieur à Sept-Îles, au Québec, et de Trois-Rivières jusqu’en territoire iroquois, au sud du Lac Ontario, sans compter ses nombreuses visites à Québec. Si tous ses voyages lui avaient été imposés par ses supérieurs, un de ses périples qu’il situait en « Virginie » (au sud du lac Érié) semble bien avoir été issu de sa propre initiative. Plus tard, il fera deux cartes géographiques pour donner une idée de ses voyages : une de la vallée du Saint-Laurent, l’autre du bassin du Mississipi (sa « Manitounie »). Comme d’autres cartographes de son temps, Louis Nicolas remplira sa carte de notations topographiques et de noms de lieux. En plus, sur sa carte de la Manitounie, il dessinera deux énormes bêtes : un « poisson armé » et un « serpent à sonnette ».
Les dessins de Louis Nicolas, maintenant réunis dans le Codex canadensis, font partie des meilleurs exemples de l’art colonial en Nouvelle-France. Alors que la majorité des œuvres d’art en Nouvelle- France consistaient en des œuvres religieuses ou des portraits de dignitaires, l’art de Nicolas, au contraire, représentait les peuples autochtones, ainsi que les plantes et les animaux qu’il avait pu observer durant son séjour de onze ans dans la colonie. Comme tels, ils se distinguent des autres représentations européennes de l’Amérique du Nord. Les dessins de Louis Nicolas sont une précieuse ressource pour les historiens de l’art et pour les spécialistes en histoire naturelle.