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Critique de horline


La femme des sables fait partie de ces romans qui me laissent l'impression curieuse de ne vraiment les lire qu'à la seconde ou troisième lecture. de la première, je garde le souvenir d'avoir éprouvé une certaine résistance malgré sa force méditative et sa qualité littéraire. Ou peut-être à cause d'elles.
L'âge aidant, aujourd'hui j'ai pris plaisir à relire ce texte d'une incroyable densité qui voit un homme se débattre avec le sable qui le retient prisonnier dans un village singulier.
J'aime ce genre de littérature qui nous plonge dans un monde romanesque dont l'intense étrangeté vous saisit sans que vous y preniez garde. Kôbô Abe sait naviguer aux frontières du surréalisme avec un personnage profondément cartésien qui se retrouve coincé dans un monde en apparence irrationnel.
On a ainsi affaire à un narrateur entomologiste qui, à travers une observation minutieuse et un incessant flux mental, tente opiniâtrement de trouver un sens à un environnement hostile et absurde. Les réflexions bondissent, se ramollissent, puis repartent puiser dans le cerveau la force de combattre la condition de prisonnier de ce «mur de sable souverainement dressé» qui corrode tout, les usages de la vie ordinaire n'ayant plus court. Rien ne semble interrompre le monologue intérieur de cet homme réfléchi, si ce n'est les révélations fortuites lâchées au cours des rares dialogues avec la femme qui l'héberge.
Le récit est donc celui d'un homme qui consacre toute son énergie à élaborer un plan d'évasion... et si la libération était d'abord intérieure ?
Avec un texte qui se concentre sur une description minutieuse du processus psychologique et réflexif du héros, on est facilement tenté d'y déceler de multiples interprétations symboliques de la condition humaine. Et c'est tout l'intérêt de ce roman inclassable dont l'écriture baroque est néanmoins susceptible d'en décourager quelques uns.
Roman passionnant.
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