Les Fantômes de Gaunt - Cycle 2, tome 3 : 30 centimètres d'acier

Sur le long terme, un homme ayant du muscle est moins dangereux qu'un homme ayant de la cervelle.

Du sang contre du terrain; le commerce de la guerre.

Attendre c'est la plaie. C'est la plaie pour un mec qui a faim dans la queue de la cantine. C'est doublement la plaie pour un marié avant ses noces. Et c'est la double triple quadruple plaie pour un soldat comme votre humble serviteur.

On peut faire confiance à un Aexegare dans trois domaines : faire l'amour, faire la guerre, et rendre grâce à l'Empereur. Des trois, c'est à la guerre que nous sommes le mieux exercés. Nous nous battons depuis quarante ans. A mon avis, vous admettrez que nous nous sommes fait la main.

- Un père a de la peine parce que son fils pleure la mort de l'animal de la famille, un chat : le petit garçon se plaint de s'en être bien occupé, de l'avoir soigné, de l'avoir nourri, et pourtant, le chat est mort. Pour lui faire plaisir, le père achète un nouvel animal pour son fils, un petit chien. Et il est horrifié de voir son fils pousser le chien du haut de leur balcon. Le garçon est triste une fois encore, et il dit à son père : "Celui-là non plus, il ne savait pas voler."
Biota les regarda.
- Le chien, c'est nous, dit-il.

La fin de sa phrase mourut dans sa gorge. Il réalisa à quoi aurait du ressembler un fleuve bombardé depuis quarante ans. Les berges, les environs, le lit en lui-même n'auraient plus été qu'un champ de ruines déchiqueté. Mais l'eau continuait de couler. Là où autrefois un fleuve majeur traçait fièrement ses méandres entre les pâtures et les villages endormis, dans son long trajet jusqu'à la mer, il ruisselait à présent du paysage meurtri comme le sang d'une coupure. La guerre lui avait pris sa forme et son tracé originels.

- L'Empereur nous garde.
Larkin murmura quelque chose que Caffran n'arriva pas à saisir, et prit le petit aquila d'argent qui lui pendait autour du cou pour le porter à ses lèvres.
- Des fois, dit-il, j'ai l'impression qu'Il prend même pas la peine de nous regarder.

Ils s'étaient faits aux routines:les circuits de patrouille,les expéditions de dépêches télégraphiques, les drainages de fond de tranchée,les observations.Vider les seaux des latrines par-dessus le rebord de la sape de communication ,ramener la nourriture des cantines ,dans d'autres seaux "Je suis sûr que la plupart du temps ,ils doivent se gourer de seaux" commençait à se plaindre Rawne.Ils s'étaient habitués à ce que Corbec appalait "le pas de tranchée":marcher plié en deux, tête baissée,pour ne rien laisser dépasser au-dessus du parapet.