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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pigeon, vole est avant tout une histoire de famille, celle de Rozsa et Miklos Kocsis. Les parents quittent la région de la Voïvodine située au nord de la Yougoslavie (ou au sud de la Hongrie) pour tenter leur chance en Suisse. Après plusieurs emplois, des années de galère, ils font venir leurs filles, Idliko, la narratrice et Nomi qui étaient dans un premier temps restées avec leur grand-mère Mamika.
" Allons Rozsa, ce qu'on voulait, c'est que les enfants aient une meilleure vie que nous."
Mais le statut d'immigré est difficile, il faut s'intégrer, passer le concours de naturalisation et être accepté par la municipalité.
"ici, nous n'avons pas encore un destin digne d'un être humain, nous devons le conquérir à force de travail."
La famille réunie s'investit dans la gérance d'un café. Là se mêlent les serveurs de différentes parties des Balkans et des clients suisses. Idliko et Nomi sont maintenant de toutes jeunes femmes, elles vivent leurs expériences dans ce nouveau pays. Si Nomi est plus sociable, naturelle, Idliko perçoit davantage la difficulté de vivre l'exil. Elle pense à sa famille restée au pays en état de guerre, à ses cousins enrôlés d'office dans l'armée yougoslave, à ses tantes et oncles qui connaissent la faim. Et elle s'éprend d'un jeune serbe, Dalibor très marqué par son exil lui aussi.
La lecture est complexe car l'auteur entremêle les paragraphes sur la vie en Suisse et les souvenirs des retours au pays pour des évènements familiaux. Chaque fois, Mamika fait découvrir aux deux filles, des épisodes de la vie de leur père, de leur grand-père. C'est une occasion pour l'auteur de décrire l'histoire du pays depuis la seconde guerre mondiale avec la période fasciste puis la période communiste et la guerre des Balkans.
Mamika joue un rôle important de transmission de la mémoire et après son décès, Idliko en parle en utilisant le "vous" qui est à la fois une marque de respect mais aussi peut-être une intention de reproche dans le fait que c'est Mamika qui les a amenées en Suisse pour rejoindre les parents.
Le style de l'auteur n'est pas forcément très fluide puisqu'elle mélange parfois dans la même phrase le déroulé des gestes et les pensées ou paroles des personnages. Se mêlent aussi les mots étrangers.
Mais l'ensemble donne une vision très pertinente sur la douleur de l'exil et les difficultés d'intégration. Si l'histoire de famille prime sur la grande histoire, l'auteur dresse tout de même un aperçu très intéressant et enrichissant de ce pays éclaté.
La narratrice, Idliko est un jeune fille tiraillée entre l'amour pour son pays, ses souvenirs de famille et sa nouvelle vie en Suisse où elle découvre ses premiers émois. C'est une jeune fille sensible, qui sait nous conter les épisodes comiques comme les périodes de doute.
L'auteur confie ainsi sa propre expérience, sans exagérer les informations politiques mais en contant une histoire de famille, de sa propre famille dans un rythme personnel et particulier.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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La famille de la narratrice, Ildiko, est originaire de Voïvodine, région de l'ex-Yougoslavie, aujourd'hui Serbe. Elle fait partie d'une minorité hongroise. Les parents décident d'émigrer en Suisse pour offrir une vie meilleure aux enfants. Ils partent d'abord seuls et les deux filles les rejoignent quelques années plus tard.

Roman sur l'exil, la séparation, la difficulté, voire l'impossibilité de se faire accepter, même en travaillant plus que les autres, mais avant tout récit familial, probablement d'inspiration très autobiographique. Ildiko, l'aîné, n'a au fond jamais supporté de quitter sa grand'mère chérie, sa Mamika, auprès de qui elle était heureuse et tout le roman est parcouru par la douleur de cet arrachement.



Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Pour paraphraser le titre d'un essai récent, nous pourrions nous demander, à l'issue de la lecture de l'ouvrage de Melinda Nadj Abonji, ce qu'est une intégration réussie pour des immigrés.

C'est d'abord, nous dit l'auteure, encore et toujours une immense souffrance, une déchirure toujours douloureuse .Certes, l'intensité de cette douleur est variable, elle n'en est pas moins une constante : c'est le cas de la famille Kocsis, dont les parents Rosza et Miklos quittent la Voïvodine pour la Suisse alémanique, en compagnie de leurs enfants Ildiko et Nomi.

La province dont ils sont originaires, est une contrée d'expression magyare, rattachée à la République populaire de Yougoslavie, puis à la Serbie, après l'éclatement de la Yougoslavie.
L'auteure décrit ainsi les tests et multiples pièges dont un immigrant candidat à une future citoyenneté suisse doit sortir vainqueur ; tests sur la langue allemande, sur l'histoire suisse , l'observances des règles de propreté , dont ce pays est si fier …Elle dépeint magnifiquement l'angoisse générée par la réponse des autorités du pays d'accueil : « Je n'étais pas depuis longtemps en Suisse, et je me souviens de nombreuses nuits sans sommeil (…) Aujourd'hui encore, j'entends sa voix , suraiguë tant elle était blessée , trois ans , dix mois et douze jours avant qu'enfin arrive l'autorisation d'accès au territoire suisse pour les enfants. »
L'émigration, pour ces gens d'Europe centrale, c'est aussi la suspicion dont ils sont frappés à raison même de leurs origines : « Nous n'avons pas encore un destin digne d'un être humain, nous devons le conquérir à force de travail. »
La famille Kocsis, l'auteure nous le fait découvrir au cours du roman, a été spoliée par le régime communiste dans l'immédiat après-guerre, elle est touchée par l'éclatement de la Yougoslavie, un de ses membres se trouvant enrôlé de force dans l'armée serbe , un autre Papuci , interné dans un camp de travail-il y en avait aussi en Yougoslavie- torturé .Il en fait le récit aux enfants de la famille , puis se mure dans un silence seul capable selon lui de sauvegarder un peu de dignité .
La famille Kocsis est reconnue, intégrée dans la vie suisse , elle possède un restaurant ,Le Mondial, dans lequel des Suisses « de souche », les Mueller, les Pfister, Hungerbuehler, Walter, et autres citoyens respectables ,adoubent , par leurs satisfactions de clients , les Kocsis , ces « Yougos » enfin lavés de tout péché originel ,à l'occasion du vote intervenant pour leur naturalisation : « Que ceux qui sont pour la naturalisation de la famille Kocsis lèvent la main ! Un océan de mains se lève. »

L'histoire, tragique, cruelle, n'est jamais loin dans cet ouvrage, elle est l'arrière-plan de cette odyssée des Kocsis .C'est un beau roman sur les potentialités de résilience d'un être humain d'une collectivité, après des épreuves telles que celles décrites dans l'ouvrage de Melinda Nadj Abonji.
A lire absolument !

Lien : http://www.bretstephan.com
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