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Critique de Toscane57


Armen, le dernier phare dans l'alignement de la chaussée de Sein, dit "l'enfer des enfers". 33 mètres au-dessus de la mer.
Il s'agit d'un Journal de bord rédigé sur une période de plusieurs mois. Jean Pierre Abraham nous fait part de ses pensées et réflexions durant ses séjours au phare.
Des phrases courtes jalonnent le récit parfois sans suite logique, comme une impression d'écriture automatique. Il note tout ce qui lui passe par la tête parfois sans transition ni lien. C'est déroutant. Les souvenirs de la vie à terre sont plus construits, plus développés, mais c'est la vie dans le phare qui me séduit en l'occurrence et retient toute mon attention.

Bien sûr il livre de nombreuses descriptions du travail dans le phare : entretenir le feu, nettoyer les cuivres, les vitres de la lanterne, réparer les moteurs, colmater les fuites d'huile, prendre ses quarts de veille. Son collègue est peu bavard mais prépare les repas, certes frugaux. Parfois au repas les oiseaux !

La vie est dure et spartiate, serais-je tentée de dire "à bord" et les lieux de vie exigus.

Le vent, le froid est pénétrant, le bruit parfois infernal, les vibrations, les tremblements quand la houle est furieusement déchaînée, manivelles, poulies, câbles qui dansent, qui frappent.

Les oiseaux effrayés par la sirène, qui s'assomment sur la lanterne éblouis et attirés par la lumière. Tragique, plumes et sang sur la galerie et les murets. Bien refermer les ouvertures pour qu'ils ne s'engouffrent pas dans la lanterne au risque de causer des dégâts considérables et peut être irréparables.

Les vagues qui cognent le phare jusqu'à casser la fenêtre de la chambre (cellule) où son collègue dort. Réparation de fortune avec des planches mais pataugeoire dans la chambre.

L'ambiance est là, on les accompagne.

Heureusement quelques belles phrases sur la mer et ses emportements. Mais trop peu finalement.

Et pour seule distraction, l' Album Vermeer, un livre sur un monastère cistercien qui rime avec cet isolement et des poèmes de Reverdy. C'est peu pour tenir si longtemps. Et son collègue est un taiseux.
La vue magnifique, quand le ciel est dégagé, conduit le regard vers les autres feux : la Jument, le Créac'h, le Stiff, Kéréon ; plus éloignés : les Pierres noires, le Four, Tévennec et la Vieille...

Tous ces édifices improbables plantés en pleine mer pour la plupart, au prix de calculs architecturaux relevant d'une ingénierie miraculeuse propre aux ouvrages d'art du 19 ème siècle me font rêver.

Le récit s'achève sur un paragraphe qui m'a surprise au sujet de la réparation nécessaire d'une vitre de la lanterne, brisée en 2 qui finit dans la mer : "...Nous les avons fait glisser doucement dans la mer, elles ont filé de biais, miroitantes, et pendant quelques secondes encore nous avons pu les suivre des yeux" .
Et bien je me dis que les habitants des fonds marins ont certainement désapprouvé cette attitude !

Finalement une lecture que j'ai appréciée malgré mes récriminations, car j'en espérais plus de poésie .

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