AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,63

sur 15 notes
5
0 avis
4
7 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Portrait d'un engagé en quête de cause.

Haris est un déraciné. Né en Irak, il y a servi les forces américaines comme interprète, ce qui lui a valu d'en obtenir la nationalité et d'émigrer aux USA avec sa petite soeur. Celle-ci désormais majeure et bientôt mariée, Haris a besoin d'un sens à redonner à sa vie, d'une utilité à retrouver pour autrui.

Direction la Turquie donc, pour entrer clandestinement en Syrie afin d'apporter sa part aux combats de l'armée de libération engagée contre les forces de Bachar. Mais entre les opposants historiques et la montée en puissance des milices de Daech, il y a quelque chose de pourri le long de cette frontière à hauts risques : les pièges et trahisons se multiplient et Haris voit ses dernières et saines illusions s'évanouir.

Le rebond viendra d'une rencontre avec Amir puis sa femme Daphne, qui ne rêve que de franchir la frontière pour retourner à Alep sur les traces de leur enfant disparue. Une nouvelle cause opportune - à défaut d'être sensée - pour Haris qui va l'accompagner dans ce passage périlleux vers les zones de guerre.

Le passage d'Elliot Ackerman traduit par Janique Jouin-de Laurens est un livre sensible et pédagogique, où l'ancien soldat qu'est Ackerman fait la part belle au décryptage de l'environnement du conflit syrien plus qu'aux combats eux-mêmes. On se retrouve ainsi plongé dans une partie du monde où le non-droit règne et où chacun peut trouver une cause à défendre, à condition d'être suffisamment habile pour s'adapter quand le vent tourne.

Le style d'Ackerman est presque apaisant dans ce chaos que l'on perçoit en arrière-plan. Pour autant, et pour des raisons différentes, difficile de s'attacher à Haris, Daphne, Amir ou au jeune Jamil qui ont plus droit à notre compassion qu'à notre compréhension. Il reste un livre à découvrir, qui entrent dans la catégorie de ceux dont on ne peut dire « j'ai aimé » ou « je n'ai pas aimé ».
Commenter  J’apprécie          290
Le style d'Elliot Ackerman est rêche, incisif. Les phrases sont courtes mais toujours très pudiques, et pourtant, l'auteur nous offre une véritable plongée dans l'âme humaine, dans les accords passés avec soi-même – la guerre syrienne dessinant une toile de fond sanglante (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2020/10/01/le-passage-elliot-ackerman/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          70
La connaissance du terrain


Qu'un auteur s'empare d'un sujet d'actualité aussi inflammable que le conflit syrien et qu'il en tire un récit mesuré, avide de comprendre, de distinguer les nuances ; un argument récurrent surgit alors : il n'y connaît rien. Pour parler de la guerre, de zones de conflits, il faut y être allé et nous épargner les jérémiades angéliques de bobos châtrés gauchisants. Un argument souvent ânonné par des experts qui n'ont pas dépassé l'hyper centre et leur barista préféré pour la plupart.

Je suis heureux qu'Elliot Ackerman, vétéran du Corps des Marines, ancien membre des forces spéciales, ait écrit le passage. Une chose qu'on ne pourra pas lui reprocher est de ne pas avoir mis les pieds dans ce nid de frelons sous acide qu'est le Moyen-Orient.

Ce dont on ne pourra pas lui faire grief non plus, est de manquer de subtilité. Ackerman n'entonne pas le refrain du treillis couillu, revenu de tout, qui découpe le monde en tranches géométriques, faciles à comprendre. Ackerman est un peu l'anti Chris Kyle. Evidemment, Kyle n'a jamais prétendu devenir écrivain, Elliot Ackerman l'est déjà.

Dans un style posé et précis, le passage suit un homme, Haris, en manque de Cause à défendre. Il s'en est choisi une noble : renverser le régime de Bachar El Assad. Cet ancien traducteur auprès des forces armées américaines en Irak, est d'une passivité troublante, presque Camusien. Tourné vers son objectif de rejoindre la Syrie et d'accompagner Daphne, une femme rencontrée en Turquie, il lui est presque indifférent que Daech ait remplacé l'ASL, que cette partie du globe ait basculé dans l'obscurantisme absolu.

J'ai peiné à comprendre la cohérence de Haris. Cet homme qui souhaite se racheter une conscience, n'a rien d'un Islamiste. Il boit, fume, ne fait jamais sa prière. Puis, j'ai compris : Il veut juste combattre.

Un beau roman sur l'engagement, le sacrifice, sur ce qu'on est prêt à risquer pour s'acheter un maigre espoir. Maîtrisé jusqu'au dénouement déchirant et cruel, le passage illustre que la guerre est une activité qui permet de se couper de toutes réflexions, alors que cette coupure est rarement une chose à faire.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
Commenter  J’apprécie          40
En attendant Eden de l'auteur américain Elliot Ackerman m'avait beaucoup touchée l'année dernière. Je n'ai donc pas hésité une seconde à lire le passage.
(...)
Ce qui m'a d'emblée frappée dans ce roman c'est la notion d'attente, de parenthèse temporelle, d'entre-deux, qui est une nouvelle fois -bien que différemment et de façon tout aussi intéressante- questionnée par l'auteur. En attendant Eden et le passage font ainsi tous deux état d'une attente subie et non désirée, d'un laps de temps suspendu plus ou moins long avant le passage vers un ailleurs inconnu, provoquant souffrance et remise en question.
(...)
Lorsque l'immigré irakien naturalisé américain Haris Abadi se retrouve seul aux Etats-Unis après l'installation aux Emirats Arabes Unis de sa soeur cadette pour laquelle il s'est sacrifié corps et âme, il perd tous ses repères et se retrouve totalement démuni face à l'avenir peu glorieux qui s'offre à lui. Déraciné, célibataire, occupant un poste ingrat qu'il déteste, l'ancien interprète pour l'armée américaine en Irak ressent alors un besoin immense de s'engager pour une cause qui lui permettra de se réinventer et de donner un nouveau sens à sa vie. C'est ainsi qu'il décide de rejoindre clandestinement la Syrie pour s'engager aux côtés de l'Armée de libération contre le régime de Bachar-al-Assad.

Malgré sa volonté et ses efforts, Haris semble condamné à errer à Antep, une ville turque située à proximité de la frontière syrienne. Les magouilles et les trahisons dans cette zone de non-droit sont nombreuses et le passage tant convoité reste désespérément fermé. Alors que ses illusions commencent à vaciller, il rencontre Amir et Daphne, un couple de réfugiés syriens. le fait que Daphne veuille à tout prix retourner à Alep pour exorciser son passé suscite un regain d'espoir.

Plus que de la guerre elle-même, il est question dans le passage de ses conséquences et des choix que l'on fait ou pas. Elliot Ackerman évoque les ravages que les conflits armés occasionnent sur la psyché des survivants et, tout en restant à distance de ses personnages, explore avec finesse l'espace temporel suspendu entre passé, présent et futur dans lequel se retrouvent prisonnières des personnes peinant à se retrouver, à avancer, traumatisées par leurs souvenirs et un deuil inachevé. Enfin, il évoque les difficultés liées à la perte d'identité, au déracinement et à l'exil.

Un roman fort. Maîtrisé et instructif.


Lien : https://livrescapades.com/20..
Commenter  J’apprécie          20
Le passage est un récit très dur sur le chaos provoqué par la guerre : chaos à la frontière turco-syrienne, chaos dans les corps, chaos dans les esprits. le non-droit règne, les appartenances ou sympathies pour une cause sont mouvantes et opportunistes. Les personnages traumatisés naviguent entre leur passé, le présent et l'avenir, attendant le passage.
Et le début de l'histoire ?
Après le décès de leur mère, abandonnés par leur père, Haris et sa soeur Samia quittent l'Irak pour le Michigan. Mais Haris, 33 ans, ancien interprète pour l'armée américaine en Irak, ressent le besoin de s'engager auprès de l'Armée libre qui combat le régime de Bassar-al-Assad. Il se retrouve coincé en Turquie à Antep, ville frontalière, après avoir été dépouillé de ses papiers et de son argent. Amir et son épouse Daphné exilés d'Alep l'hébergent. Ils ont perdu leur fille Kifa dans une explosion. Daphné est dans le déni et elle veut passer la frontière avec Haris pour retourner à Alep. Nous assistons aux tractations avec Athid, le passeur. Daphné et Haris partent à bord d'un camion de marchandises.Ils se font arrêter entre Azaz et Alep…
Commenter  J’apprécie          10
Le passage d'Elliot Ackerman où comment Gallmeister me fait sortir de ma zone de confort… Voilà encore un exemple de ce que j'aime avec cette maison d'éditions, ils n'hésitent pas à se renouveler et à nous surprendre.

Dans ce livre, nous suivons Haris un américain d'origine irakienne. Il était interprète dans l'armée pendant la guerre en Irak. Il se retrouve en Turquie où il souhaite passer la frontière pour rejoindre l'Armée Libre et se battre à leurs côtés contre le régime Syrien et les troupes de Bachar-Al-Assad. Ce roman se concentre vraiment sur le passage de la frontière et non sur les combats, ce qui est pour moi déjà un super avantage étant mal à l'aise avec tout ce qui touche à la guerre.

Elliot Ackerman est un ancien des forces spéciales, il sait de quoi il parle et a été au Moyen-Orient. Cela se sent dans son roman, j'ai vraiment eu l'impression d'être en immersion et j'ai appris pas mal de choses sur ce conflit qui me paraissait plutôt obscur. de plus, Ackerman a une écriture douce et sensible ce qui vient contrebalancer la violence du sujet.

Haris est un peu perdu, il est à la recherche d'une cause à défendre. le rêve américain pour lui est plutôt une déception. La guerre en Irak s'est finie de manière tragique pour un des seuls amis qu'il a eu. le voilà donc à la frontière syrienne et même là cela ne se passe pas comme il l'avait prévu, ses illusions s'envolent rapidement. Il en arrive même à douter de lui et de la raison qui le pousse à aller se battre. Jusqu'à une rencontre et une nouvelle cause.

J'ai vraiment bien aimé ce roman, l'empathie que fait preuve Elliot Ackerman envers toutes ces personnes abimées par ce conflit. La guerre, la religion, l'argent, Daesh, la corruption … Autant de thèmes abordés avec intelligence, c'est une critique honnête de cette guerre et du système. Voilà donc un roman que j'ai été content de découvrir.
Lien : https://readlookhear.wordpre..
Commenter  J’apprécie          00
Quand un ancien traducteur irakien, devenu Américain décide de quitter son pays d'accueil pour aller faire la guerre en Syrie. Il n'a jamais trouvé sa place au pays de l'Oncle Sam et décide, quand la guerre civile éclate de rejoindre les troupes luttant contre le leader syrien. Il arrive à la frontière turco-syrienne mais son passeur lui tend un piège....
Soigné par un couple de réfugiés syriens, il se rapproche de la femme qui ne peut faire le deuil de son enfant mort en Syrie. Un roman sur le déracinement, sur le deuil impossible, sur la perte d'identité.
Lien : http://www.lanuitjemens.com/..
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (44) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3236 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}