AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de emilielettres


Je ne sais pas trop comment aborder cette critique. C'est un livre que je n'ai pas choisi... Une élève ma l'a amené en me disant : "Tenez, Madame, j'ai trouvé ça chez moi, si vous voulez, je vous le prête". J'ai senti, dans la démarche et la question, l'importance du geste et l'attente de reconnaissance à ce que je prenne et lise le livre, elle tenait à ce que sa "prof" lise un livre de chez elle. J'ai donc fait cet effort, un peu dans la précipitation pour lui rendre avant la fin de l'année puisque c'est une élève de 3è que je ne reverrai donc pas en septembre. C'est la première fois (depuis ma propre posture d'élève) que je me retrouve à lire un livre imposé! Il m'est donc assez difficile de commencer à délivrer un avis car au départ ce n'est pas un thème que j'ai choisi. D'ailleurs, je ne lis pas de récit abordant le thème des réfugiés par peur d'être confrontée à trop de parti pris, il me semble que c'est un sujet sur lequel il est difficile de faire autrement, et étant donné que c'est un sujet d'actualité, je trouve que nous n'avons pas assez de recul pour avoir une opinion réellement juste. Nous avons tous le droit d'avoir notre opinion propre, mais j'estime difficile d'exposer une position clairement tranchée!

Malgré tout, j'estime qu'Olivier Adam s'en sort plutôt bien sur ce plan car il ne tranche pas la question, il livre l'expérience de Marie qui se retrouve à côtoyer des réfugiés pendant quelque temps mais à travers son récit, il est possible de percevoir les différents points de vue.

Ce n'est pas le premier livre que je lis de cet auteur, mais le précédent remonte à quelques années. Je n'avais pas gardé le souvenir d'une telle écriture, il me semble donc pouvoir affirmer qu'Olivier Adam adapte son style d'écriture en fonction de son narrateur. Ici, le narrateur est interne, c'est Marie, une jeune femme du Nord, qui n'a pas fait beaucoup d'études, le texte est donc écrit avec une ponctuation plutôt aléatoire et parfois un vocabulaire "fleuri". Mais c'est ce qui donne de l'ancrage à ce texte, comme Maupassant et le patois normand dans ses dialogues! Marie vit avec ses deux enfants et son compagnon, elle est au chômage depuis qu'elle a engueulé un client à sa caisse (elle travaillait à Auchan). Les temps sont durs mais c'est pareil pour tout le monde dans le quartier. Elle devrait prendre des médicaments pour aller mieux mais elle fait semblant, alors elle perd le goût de tenir sa maison et de s'occuper de ses enfants. Elle tourne dans la ville et finit par offrir son aide dans un centre de réfugiés. Au point de délaisser sa famille.

Au fil des pages, on ne fait que suivre Marie et ses pensées, Marie perdue dans sa vie sans but, traumatisée d'avoir perdu trop tôt sa grande soeur et de ne s'en être jamais remise, Marie toujours soutenue par Stéphane, son homme, toujours là pour elle mais qui finalement n'arrive pas à la "guérir".

En réalité, cet ouvrage aborde deux questions sociétales :

- la question des réfugiés : leur arrivée en France, leur traitement, comment les aider? que faire d'eux? les différentes façons dont ils sont perçus...

- la question de la dérive psychologique et sociale : que fait-on en France pour les chômeurs? pour les gens qui subissent un traumatisme? à qui s'adresser quand on sent qu'on ne va pas bien?

Même si j'ai au départ été déroutée par l'écriture particulière (généralement, je n'aime pas les textes qui ne sont pas bien ponctués même si le choix est justifié), puis par le thème des réfugiés, j'ai beaucoup apprécié la neutralité d'Olivier Adam sur ce sujet et toutes les questions qu'il soulève en montrant la dérive de Marie. Je pense que son roman serait à faire lire à un certain nombre de ministres pour recentrer les questions essentielles qui leur permettraient de se rapprocher des Français!
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}