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Critique de Cancie


Cancie
16 septembre 2022
Dessous les roses, d'Olivier Adam est un roman en forme de pièce de théâtre en trois actes. Dans une unité de lieu, un pavillon de banlieue et une unité de temps, l'action se déroulant sur trois jours, c'est à une mise en abîme familiale qu'il nous est donné d'assister.
Trois enfants devenus adultes Claire, Paul et Antoine se trouvent réunis autour de leur mère après la mort du père et vont solder leurs comptes.
La présence de Paul n'est pas du tout certaine au début du roman. En effet, celui-ci est rarement présent aux réunions de famille. Célèbre réalisateur de films, il a d'après lui et selon sa mère, besoin de se concentrer sur l'écriture de ses films. Mais le suspense est vite levé, il sera là.
Les relations de Paul avec sa famille sont en fait assez houleuses. Il était fâché avec son père depuis quelques années, celui-ci lui reprochant, tout comme le fait Antoine, de s'inspirer de sa famille pour nourrir ses films et ses pièces de théâtre et critiquer la société contemporaine. La question récurrente étant : de quel droit, tordait-il la vie de ses proches ?
Olivier Adam explore avec talent ce lien qui unit une fratrie, montrant avec finesse comment des frères et soeurs ayant vécu avec les mêmes parents et au même endroit ont l'impression d'avoir vécu des vies différentes.
Dans ce récit polyphonique, tout en tentant de retrouver leur complicité d'antan, chacun va ainsi donner sa perception de l'histoire familiale, chacun avec un angle de vue différent selon, notamment, sa position dans la fratrie.
En réunissant à la veille des obsèques de leur père et dans les lendemains, Claire, Paul et Antoine, l'auteur a su trouver une forme originale, leur permettant de s'épancher, de s'affronter et de s'engueuler, l'alcool, concourant à faire sauter les dernières retenues. Rancoeurs et désappointements sont exprimés tour à tour par les protagonistes, cela n'empêchant pas qu'un sentiment de tendresse, une certaine complicité retrouvée soient présents.
Comme pour ses précédents romans, l'écriture simple, d'une grande fluidité, tellement juste et précise d'Olivier Adam pour décrire ces relations difficiles et conflictuelles entre membres de la même famille, ces non-dits qui peu à peu étouffent, m'a complètement séduite. Il a su m'embarquer dans cette atmosphère lourde de malaise, si particulière, où colère, amertume, rancoeur, jalousie, chagrin et tendresse se côtoient. de même, j'ai trouvé très réussie cette montée en tension et apprécié les références musicales.
Ce thème de la déconstruction progressive de la cellule familiale m'a beaucoup touchée et parue d'une portée quasi universelle.
Dessous les roses, référence à la chanson Nantes de Barbara qui retentira d'ailleurs lors de la cérémonie sans que l'on sache vraiment qui l'a commanditée est à la fois une mise en abîme familiale et une plongée dans la famille d'un transfuge de classe qui s'en revendique.
Pour conclure, je dirais qu'il est difficile en lisant ce roman, de ne pas l'apparenter à une autofiction, car comment ne pas faire entrer sa famille dans son univers créatif ? Il me semble que ce pourrait bien être le sujet principal de Dessous les roses.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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