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EAN : 9782290381496
256 pages
J'ai lu (16/08/2023)
3.67/5   681 notes
Résumé :
- Tu crois qu'il va venir ? m'a demandé Antoine en s'allumant une cigarette.J'ai haussé les épaules. Avec Paul comment savoir ? Il n'en faisait toujours qu'à sa tête. Se souciait peu des convenances. Considérait n'avoir aucune obligation envers qui que ce soit. Et surtout pas envers sa famille, qu'il avait laminée de film en film, de pièce en pièce, même s'il s'en défendait.- En tout cas, a repris mon frère, si demain il s'avise de se lever pour parler de papa, je t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (143) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 681 notes
Dessous les roses, d'Olivier Adam est un roman en forme de pièce de théâtre en trois actes. Dans une unité de lieu, un pavillon de banlieue et une unité de temps, l'action se déroulant sur trois jours, c'est à une mise en abîme familiale qu'il nous est donné d'assister.
Trois enfants devenus adultes Claire, Paul et Antoine se trouvent réunis autour de leur mère après la mort du père et vont solder leurs comptes.
La présence de Paul n'est pas du tout certaine au début du roman. En effet, celui-ci est rarement présent aux réunions de famille. Célèbre réalisateur de films, il a d'après lui et selon sa mère, besoin de se concentrer sur l'écriture de ses films. Mais le suspense est vite levé, il sera là.
Les relations de Paul avec sa famille sont en fait assez houleuses. Il était fâché avec son père depuis quelques années, celui-ci lui reprochant, tout comme le fait Antoine, de s'inspirer de sa famille pour nourrir ses films et ses pièces de théâtre et critiquer la société contemporaine. La question récurrente étant : de quel droit, tordait-il la vie de ses proches ?
Olivier Adam explore avec talent ce lien qui unit une fratrie, montrant avec finesse comment des frères et soeurs ayant vécu avec les mêmes parents et au même endroit ont l'impression d'avoir vécu des vies différentes.
Dans ce récit polyphonique, tout en tentant de retrouver leur complicité d'antan, chacun va ainsi donner sa perception de l'histoire familiale, chacun avec un angle de vue différent selon, notamment, sa position dans la fratrie.
En réunissant à la veille des obsèques de leur père et dans les lendemains, Claire, Paul et Antoine, l'auteur a su trouver une forme originale, leur permettant de s'épancher, de s'affronter et de s'engueuler, l'alcool, concourant à faire sauter les dernières retenues. Rancoeurs et désappointements sont exprimés tour à tour par les protagonistes, cela n'empêchant pas qu'un sentiment de tendresse, une certaine complicité retrouvée soient présents.
Comme pour ses précédents romans, l'écriture simple, d'une grande fluidité, tellement juste et précise d'Olivier Adam pour décrire ces relations difficiles et conflictuelles entre membres de la même famille, ces non-dits qui peu à peu étouffent, m'a complètement séduite. Il a su m'embarquer dans cette atmosphère lourde de malaise, si particulière, où colère, amertume, rancoeur, jalousie, chagrin et tendresse se côtoient. de même, j'ai trouvé très réussie cette montée en tension et apprécié les références musicales.
Ce thème de la déconstruction progressive de la cellule familiale m'a beaucoup touchée et parue d'une portée quasi universelle.
Dessous les roses, référence à la chanson Nantes de Barbara qui retentira d'ailleurs lors de la cérémonie sans que l'on sache vraiment qui l'a commanditée est à la fois une mise en abîme familiale et une plongée dans la famille d'un transfuge de classe qui s'en revendique.
Pour conclure, je dirais qu'il est difficile en lisant ce roman, de ne pas l'apparenter à une autofiction, car comment ne pas faire entrer sa famille dans son univers créatif ? Il me semble que ce pourrait bien être le sujet principal de Dessous les roses.

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Une histoire de famille. Olivier Adam, dans Dessous les roses, m'a fait vivre les retrouvailles d'une famille au complet. Enfin, presque puisque le motif de ces retrouvailles est la mort de François, le père.
En trois actes, Olivier Adam me fait traverser trois journées avec plusieurs scènes. Claire, l'aînée, et Antoine, le petit dernier, assument leurs pensées, leurs doutes, leurs craintes, leurs reproches. Dans ce dernier rôle, c'est Antoine qui est le plus virulent car intervient celui qui est né six ans avant le petit frère : Paul. Celui-ci a assumé son homosexualité malgré l'hostilité de son père. Il a réussi comme metteur en scène au cinéma et au théâtre.
Antoine développe beaucoup d'agressivité envers son frère car il lui reproche d'utiliser leur histoire familiale dans ses films et au théâtre. Cette histoire familiale, il la transforme, l'embellit, la tourne en dérision ou l'avilit.
Au cours de ma lecture, j'ai bien apprécié quantité de formules, de réflexions bien senties qui pourraient s'adapter à d'autres familles.
Si Antoine est avec Sarah mais aime Lise, Claire veut divorcer de Stéphane malgré leurs trois enfants. Pour tous les deux, rien n'est simple et c'est là que le talent d'Olivier Adam s'affirme une fois de plus. Il sait, à merveille, donner la parole à ses trois principaux personnages sans négliger le rôle posthume de leur père. La mère n'est pas absente mais, comme la plupart des mères, elle s'inquiète pour ses enfants, ne fait aucune différence entre eux, accepte leurs défauts et supporte leur éloignement.
Dessous les roses, titre emprunté à « Nantes » de Barbara, alterne discours violents et passages tendres. Si Antoine est direct, s'exprime sans fioritures, laisse éclater colère et jalousie envers Paul, Claire sait s'effacer, supporte Stéphane, son mari, qui l'exaspère alors qu'elle assume seule l'éducation de leurs trois enfants.
Tendresse de l'enfance, différences affirmées dès l'adolescence et soucis d'adulte avant de passer à la vieillesse, Olivier Adam, à travers les reproches, les dialogues violents et les réflexions distillées au bon moment, réalise un roman qui m'a touché tant sa justesse est émouvante.
Le vécu de chaque famille est différent mais, pendant ces trois jours de retrouvailles familiales autour du décès de leur père, Claire, Paul et Antoine assurent une partition à trois voix. Cela ne peut que toucher le lecteur. Cette histoire m'a fait réfléchir sur la vie qui s'en va toujours trop vite.
Celles et ceux qu'on aime, soeurs, frères, parents ne sont pas éternels et il est tellement important de faire taire jalousies et ressentiments pour ne retenir que le positif.
Ceci, Olivier Adam l'a parfaitement mis en scène dans Dessous les roses.
J'avais déjà lu ce livre et rédigé ma critique avant d'aller aux Correspondances de Manosque où j'ai pu écouter Olivier Adam parler de son livre, répondant aux questions d'Élodie Karaki. Aussi je peux ajouter quelques notes prises au cours de l'intervention de l'auteur.
Il a précisé le rôle de la parole, exprimée ou non et parlé du rôle de l'alcool. Ces frères et cette soeur, comme dans toutes les familles sont cimentés par un passé commun puis ont pris des chemins différents. Si l'auteur se refuse à toute scène de retour en arrière, il fait bien ressentir ce qui se passe lors de la mort d'un père. Si Claire veut tout envoyer valser, Antoine alterne violence et douceur alors que, pour lui, la paternité approche et que cela l'émeut et l'effraie à la fois. Il se révèle différent de Claire et de Paul. Enfin, on apprend que ce père controversé s'est révélé un grand-père formidable !
Au final, Olivier Adam que j'avais déjà apprécié dans À l'abri de rien, Chanson de la ville silencieuse, La tête sous l'eau, Les lisières et Peine perdue, m'a à nouveau captivé avec Dessous les roses.

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Papa Eriksen est mort, on l'enterre demain. Claire, Antoine et le frère prodigue Paul se retrouvent chez leur mère . L'occasion a jamais de remettre les pendules à l'heure avec la famille et soi-même. Trois frères et soeur, trois vies désormais étrangères les unes aux autres, n'ayant comme point de ralliement que les souvenirs d'enfance. A partir de là tout est possible , les préjugés, les perceptions erronées, qui donneront lieu à des mésententes douloureuses. Adam nous revient dans son dernier opus avec un sujet très intime, qui soulève de multiples questions entre frères et soeurs avec le passage à l'âge adulte et aux vies individuelles qui suivent chacun leur propre cours. On n'a jamais les mêmes souvenirs et au fil du temps chacun arrange les choses à sa sauce, la distance s'accroît, et les mots plutôt que rapprocher , gommer un malentendu , au contraire peuvent ne cesser de souffler sur les braises.
D'une part une fratrie qui se déchire, de l'autre une mère, pour qui ne reste que les trois enfants, trois adultes, trois étrangers, qui désormais se soucient très peu d'elle, alors qu'elle subit le destin inévitable que nous réserve la vie, la vieillesse et la solitude. Vu les critiques dithyrambiques, moi une inconditionnelle d'Adam j'avais pour la première fois peur d'être déçue. Mais non , l'un de mes écrivains français préféré dont je suis une inconditionnelle répond toujours présent à l'appel de sa prose dont j'aime la simplicité à exprimer les sentiments les plus intimes sans tomber dans le pathos. Même si l'histoire ici est plus lisse par rapport à ses livres précédents, il se rattrape vers la fin en donnant la parole pour la première et dernière fois à Paul, le fils prodigue par où est arrivé « tous les malheurs », terminant avec une fin excellente qui confirme bien les paroles du grand William « Le monde entier est un théâtre, Et tous, hommes et femmes, n'en sont que les acteurs », officialisant ainsi la structure théâtrale en trois actes du livre.
Sacré Adam, qui finalement nous laisse dubitatif sans savoir que penser de ces trois frères et soeur, qui se retrouvent sur un pied d'égalité. Qui a vrai , qui a faut, nul ne peut en convenir, et c'est l'intérêt de ce livre où Adam souligne très bien l'ambiguïté de la nature humaine.


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La veille de l'enterrement de leur père, alors que leur mère est montée se coucher, Claire et Antoine n'ont qu'une question en tête : est-ce que Paul va venir ? Cadet de la fratrie, devenu réalisateur de films et de pièces de théâtre célèbre, il s'est depuis toujours inspiré de sa propre vie familiale, allant jusqu'à extrapoler, déformer, arranger ou tordre la vérité, ses souvenirs ou les traits de caractère de sa famille, se souciant peu de la réalité et des convenances, réécrivant à son bon vouloir l'histoire. D'ailleurs, il était en froid avec son père qui, comme Antoine, le lui reprochait. C'est d'ailleurs à ce moment-là, tandis que le benjamin en parle pour la énième fois avec Claire, que Paul fait son entrée...

La mort de leur père et les funérailles qui se tiennent le lendemain seront l'occasion pour les trois frères et soeurs d'être réunis à nouveau, dans la demeure familiale de la banlieue parisienne, sous le regard évidemment ému de leur mère. En effet, fâché surtout avec son père qu'il ne voyait plus mais aussi Antoine, Paul, cinéaste et dramaturge, n'aura eu de cesse, à leurs yeux, de « salir » la famille. Ces retrouvailles, placées, de prime abord, sous le signe des règlements de compte, permettront aussi, à chacun, de se confier, se disputer mais aussi retrouver, pour un temps, une complicité passée et pourquoi pas donner un nouveau sens à sa vie. En trois actes, découpés en scènes au cours desquelles Claire ou Antoine prend la parole, Paul n'ayant voix qu'au seul acte 3, ce roman choral dresse le portrait d'une famille, certes bancale, teinté de jalousie, de rancoeur, d'amertume, de non-dits mais qui, au final, s'illuminera sous l'amour et la tendresse. Avec subtilité et émotion, Olivier Adam décrit parfaitement ces liens familiaux si fragiles, parfois ténus, aussi bien entre frère et soeur, qu'entre enfants et parents, même lorsque l'un d'eux n'est plus.
Un roman délicat et juste, porté par une plume élégante...
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Claire, Antoine et Paul Eriksen viennent de perdre leur père. Ils sont réunis avec leur mère dans le pavillon familial de la grande banlieue parisienne pour les funérailles. Il y a aussi Stéphane, le mari de Claire, et leurs trois enfants. Claire est infirmière, Antoine a un poste dans la finance et Paul est cinéaste et dramaturge. Dans ses oeuvres, ce dernier n'a cessé de mettre en scène sa famille, en déformant souvent la réalité pour construire les histoires qu'il souhaitait, en faisant notamment passer ses parents pour plus prolétaires qu'ils ne l'étaient. ● J'ai beaucoup aimé ce roman d'Olivier Adam, découpé en trois actes et en scènes comme une pièce de théâtre, qui m'a paru très sensible, et qui pose avec justesse et pertinence les rapports d'un créateur amateur d'autofiction avec sa famille et les dégâts qu'il peut y perpétrer. ● Dans ce huis-clos familial, les trois frères et soeur prennent alternativement en charge la narration, comme c'est souvent le cas désormais, mais c'est fait avec subtilité et cela rend le récit plus intéressant, car on se rend encore mieux compte des relations complexes au sein de la fratrie, faites de malentendus mais non exemptes d'une tendresse qui ne peut s'exprimer. ● le point central est que Paul veut se faire passer pour un « transfuge de classe », notion mise à la mode par Edouard Louis et avant lui par Annie Ernaux ou encore Didier Eribon : « C'était quand même curieux, ce truc avec les artistes et les écrivains dans son genre, les ‘transfuges', comme ils se nommaient eux-mêmes… Cette manie qu'ils avaient de vomir sur l'endroit d'où ils venaient tout en se vantant d'en être issus. Cette survalorisation systématique des attraits et des mérites de la bourgeoisie intellectuelle. Ce dénigrement constant, cette infériorisation méthodique des classes moyennes et populaires. ». ● J'ai trouvé que le problème du « transfuge » était très bien posé, d'autant que le personnage de Paul se réinvente en tant que tel, qu'il n'en est pas vraiment un. ● Cela lui permet de parler des classes populaires sans les connaître vraiment, avec des gens qui ne les connaissent pas non plus mais s'en gargarisent et se complaisent à être du côté des bien-pensants. Toute cette petite élite s'autocongratule sur le dos de gens qu'ils méconnaissent et qu'en définitive ils méprisent peut-être encore plus que les autres. ● « Ce que j'aimerais surtout savoir, c'est combien il a touché pour faire ses trucs sur la dignité du monde ouvrier », se dit son frère Antoine, libéral décomplexé, victime toutefois du management inhumain de son entreprise qui lui laisse à peine le temps d'aller enterrer son père. ● le deuil est aussi bien abordé (l'ellipse de l'enterrement est particulièrement opportune) : « Je le perdrais de nouveau chaque fois que je me souviendrais qu'il était mort. Chaque fois que j'y repenserais après l'avoir oublié pendant quelques heures. Chaque fois qu'il me faudrait me le répéter pour l'intégrer. Chaque fois que je réaliserais qu'il ne serait plus jamais là. Et que c'était définitif. Sans recours. » ● le personnage d'Emma, la fille adolescente de Claire, passionaria anti-boomer et pro-Thunberg aurait pu être développé, mais sans doute Olivier Adam n'a-t-il pas voulu se disperser : « Un peu plus tôt dans l'après-midi, j'avais balancé une petite blague sur les bienfaits du réchauffement climatique et ça n'avait pas du tout fait rire Emma. Elle faisait partie de ces jeunes biberonnés à la collapsologie que la catastrophe environnementale en cours hantait du matin au soir, persuadés que d'ici dix ou quinze ans la terre serait invivable et que des vieux cons dans mon genre les privaient d'avenir. » ● Ce n'est pas pour autant un plaidoyer pro-beauf, le roman est plein de subtilité et le personnage de Stéphane, cadre commercial, en prend pour son grade : « En toutes choses il s'en remettait aux spécialistes, aux testeurs, aux avis autorisés. Confrontait les notes. Évaluait les évaluations. Et une fois le choix effectué, s'estimait satisfait parce qu'il était statistiquement censé l'être. » ● La fin est un ultime pied-de-nez (attention, lecteurs sur Kindle, on vous propose de noter l'ouvrage avant qu'il ne soit réellement fini ! Il faut fermer la page de notation et tourner la page !) pour un roman que j'ai beaucoup aimé et que je recommande, un des meilleurs de cette rentrée littéraire !
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critiques presse (4)
Culturebox
26 septembre 2022
Surtout on ressent, malgré toutes les rancœurs, les maladresses, les incompréhensions et les non-dits, énormément d’amour et de tendresse, et c’est ça qui se dégage le plus dans ce roman.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaPresse
05 septembre 2022
La mort du père entraîne bien souvent une remise en question de l’ordre des choses, au sein d’une fratrie. Ce nouveau titre d’Olivier Adam se penche sur les retrouvailles de Claire, Antoine et Paul dans la maison de leur enfance, à l’occasion des obsèques paternelles.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LesEchos
29 août 2022
Olivier Adam revisite son thème familier des affrontements familiaux dans « Dessous les roses », une vraie fausse pièce de théâtre sur une fratrie réunie pour l'enterrement paternel. L'auteur de « Des vents contraires » a rarement aussi bien brouillé les pistes entre fiction et autobiographie.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Culturebox
23 août 2022
Peut-on raisonnablement raconter l'histoire d'une famille ? La réponse se trouve peut-être dans ce récit choral, croisé, divergent, polyphonique, qui permet d'effleurer la vérité d'une famille somme toute classique.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (144) Voir plus Ajouter une citation
C’est quoi l’idée ? Tu veux qu’on te plaigne ? Qu’on t’admire ? Qu’on s’extasie sur ton parcours ? Qu’on te décerne une médaille parce que t’as bien travaillé à l’école ? Qu’on te félicite d’avoir eu les dents longues ? D’avoir toujours pété plus haut que ton cul ? Ou c’est juste que sans ça tu te sentirais pas crédible, pas légitime ? Que t’as le complexe de l’imposteur ? Ou que tu te cherches des excuses pour te justifier d’être devenu un connard sans cœur et méprisant ? Je suis un sale type mais c’est pas de ma faute, mon père était dur avec moi…
(pages 35-36)
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Que je me tape, en plus de mon boulot, les quatre cinquièmes de la charge domestique n'avait pas l'air de l'empêcher de dormir. Elle participait même activement à l'effort collectif destiné à m'ensevelir en veillant à ne jamais rien ranger, à ne pas savoir lancer une lessive, remplir un papier administratif, se faire cuire un œuf ou trouver un médicament dans la trousse de toilette. Et bien sûr elle prenait bien garde à ne jamais déranger son père pour des détails pratiques de ce genre. Lui n'avait droit qu'aux confidences sentimentales, aux hésitations quant aux choix d'orientation scolaire, aux querelles sur telle ou telle chanteuse, telle série ou tel candidat de telle émission télé. C'était dingue de voir à quel point rien ne changeait en définitive. Ce truc avec les pères. Qu'il ne fallait jamais déranger, irriter, fatiguer, incommoder, contredire – rayez la mention inutile. On en avait tous eu des comme ça. Plus ou moins durs, plus ou moins aimants, plus ou moins chaleureux, mais enfin il y avait toujours cette pellicule de crainte, de respect hiérarchique, de soumission à l'autorité, fut-elle purement intellectuelle.
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Emma a haussé les épaules. Elle ne voyait pas le problème. C’était pourtant une adolescente de sa génération, attentive à toutes les formes d’inégalité, pourfendeuse du patriarcat, traquant l’offense jusque dans les blagues les plus anodines. Mais cette conscience aigüe, toujours en éveil, elle la laissait à la porte de la maison, il fallait croire. Que je me tape, en plus de mon boulot, les quatre cinquièmes de la charge domestique n’avait pas l’air de l’empêcher de dormir.
(page 87)
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En toutes choses il s’en remettait aux spécialistes, aux testeurs, aux avis autorisés. Confrontait les notes. Évaluait les évaluations. Et une fois le choix effectué, s’estimait satisfait parce qu’il était statistiquement censé l’être. Tu lui disais ouah, il est bon ce vin, et lui il te répondait bien sûr, il a reçu cinq étoiles sur tel site lui-même évalué cinq étoiles par des évaluateurs notés cinq étoiles. Mais tu n’étais même pas sûr qu’il le trouve vraiment bon, ce rouge à trente boules la quille, lui, personnellement, du seul point de vue de son palais.
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Elle n’avait pas cessé de pleurer de la journée. C’était son premier enterrement. Et c’était tombé directement sur son grand-père préféré. Elle n’avait pas eu d’entraînement. Elle avait tout pris en pleine gueule. Les larmes. La boîte. Le trou. Les pelletées de terre. Les discours. Les conneries révoltantes qu’avait sorties le prêtre – genre il est bien là où il est, peut-être même mieux qu’avant, dans la lumière de Dieu ou je ne sais pas quoi. La lumière de Dieu, mon cul, il était dans la terre et promis aux vers.
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