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Critique de 5Arabella


C'est le dernier volet de la trilogie avec au centre le personnage de Letitia Branea – Arcan, qui suit Vienne le jour et Situation provisoire. Quelques années ont passées, Letitia après son avortement a suivi Petru, son mari à l'étranger. Elle vit maintenant en France, elle a abandonné la littérature pour devenir kinésithérapeute. Mais elle revient dans une Roumaine très différentes, celle de maintenant ou presque, avec comme prétexte des tentatives pour essayer de récupérer les biens de la famille de son père, ce qui est devenu possible après les transformations politiques du pays. Et elle a écrit un roman qu'elle voudrait bien faire publier. Mais rien n'est simple dans la nouvelle Roumanie, comme d'ailleurs dans la tête de Letitia, entre ses deux vies, celle d'ici et celle de là-bas. Ses souvenirs reviennent dans sa tête de dame d'environ soixante ans consciente que la plus grande partie de sa vie est derrière elle. C'est aussi le moyen d'évoquer l'histoire de la Roumanie et les transformations en oeuvre dans la société qui s'est mise en place après la chute du communisme, même si cet héritage pèse toujours sur les destins et consciences.

C'est sans doute un livre intéressant et bien pensé. J'ai toutefois moins adhéré à ce dernier volume qu'aux deux précédents. Il y a quelque chose d'un peu trop bien construit peut-être justement, ce qui peut donner un sentiment de quelque chose de démonstratif, Letitia en devient presque un moyen d'illustrer plus qu'un vrai personnage de chair et de sang. Elle est dans ce tome d'une lucidité presque trop forte, en étant capable de voir et de comprendre, d'expliquer, en se détachant des affects, en situant presque trop justement les choses. L'avortement est un exemple de cette visée explicative : les mécanismes, les raisons, et la manière dont se passent les choses, est presque plus journalistique que vraiment vécue par une vraie personne. Certes cela est très clair et précis, mais il manque un ressenti, un affect, qui est quand même ce que l'on attend d'un roman.

Il y a quand même une sorte de nostalgie, la douceur des souvenirs, même s'ils évoquent une période difficile, la mémoire des êtres chers qui sont partis. La sensation aussi que la situation telle quelle est devenue n'est pas non plus idéale, même si moins inhumaine, et que d'autres souffrances et renoncements sont bien là, sans doute plus insidieuses mais présentes tout de même. Et l'avenir ne s'annonce pas radieux.

Le bilan d'une vie se mêle au bilan d'un demi-siècle d'histoire. Ambitieux, par moments prenant, par moments drôle, d'un humour assez féroce, j'avoue que j'ai quand même un peu décroché dans certains passages. Sans doute par méconnaissance de l'histoire roumaine dans certains passages, mais aussi parce qu'il m'a moins convaincue que d'autres romans de l'auteure.
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