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Critique de chrysalde


Vieillir, la belle affaire … Laure Adler a 70 ans et du temps devant elle, confinement oblige. Et voilà qu'elle entame un travail d'introspection, la jeunesse, la vieillesse, on devrait s'y préparer, on sait dès le départ que l'on pourrait avoir la chance de vivre vieux.
Pas qu'elle n'y avait jamais pensé avant, mais là, tout à coup, c'est flagrant. Ses articulations sont douloureuses, le reflet dans le miroir est cruel, « la vieillesse c'est dans la tête ». Certes mais dans le corps également.

Elle est pourtant encore très active et déborde d'énergie, elle a la chance d'être employable et employée, ce que n'ont pas toutes les « vieilles » de son âge, même celles qui aimeraient continuer à travailler. Elle aborde entre autres le peu de rôles offerts aux actrices / comédiennes après 50 ans. Les femmes sont décrépites alors que les hommes, évidemment, restent sexy et flamboyants.

Il s'agit d'un essai/réflexion et analyse d'auteurs, de textes, d'expériences vécues par elle, par des proches. Elle part un peu dans tous les sens, elle balaie L Histoire et aussi les petites histoires personnelles, elle propose de nombreuses pistes de réflexions qui sont bienvenues, quand comme moi, on frise la soixantaine et que l'on vit avec un « vieux » de 71 ans …

On est toujours le vieux de quelqu'un. Quand mon grand-père est décédé à l'âge de 61 ans, tout le monde se désolait … il était si jeune. Pas que je n'étais pas triste, mais moi j'avais 12 ans et sincèrement, de mon point de vue, mon grand-père, c'était un « vieux ».
Quand ma grand-mère se désolait du décès d'une connaissance, elle me disait parfois : si jeune pour mourir, elle n'avait pas encore 80 ans … Évidemment, pour elle qui en avait déjà 85 ça faisait bien jeune tout cela.

Vieillir n'a pas le même poids ni la même signification que l'on soit homme ou femme, malade ou bien portant, riche ou pauvre. Que de lieux communs me direz-vous. Mais en lisant toutes ces réflexions étayées par des exemples et contre-exemples, chiffres et statistiques à l'appui, on en prend conscience de façon bien plus percutante.
Vivant en Belgique, nous avons la chance de pouvoir choisir notre fin de vie.
L'euthanasie, le suicide assisté, les soins palliatifs sont aussi des sujets abordés dans cet ouvrage.

Ce n'est pas un texte militant mais c'est un texte malgré tout politique puisque le simple fait d'en parler nous donne à voir à quel point la vieillesse est un sujet politique par les choix que font nos gouvernants.

Un ouvrage érudit, intelligent, des faits et des hypothèses, quelques passages plus émouvants quand elle incarne ses exemples en citant des personnages connus ou des situations vécues, un mélange d'intime et d'universel qui nous donne à penser à notre vieillesse, à nos choix et aux solutions possibles pour la vivre le plus sereinement possible.

Note d'optimisme, le fait que l'on vive maintenant plus vieux et surtout en meilleure santé qu'il y a 2 ou 3 générations, et que l'on peut par conséquent profiter au mieux de ce 3ème, 4ème et même 5ème âge. Libérés des contraintes liées aux carrières, aux enfants, aux investissements financiers, immobiliers, … les retraités ont du temps devant eux pour sortir, se divertir, faire du sport, courir les expositions, aller au théâtre, aider les enfants en s'occupant des petits enfants, de nombreuses activités réjouissantes.

"Sacks l'affirme : "Je ne considère pas l'âge mûr comme une période vouée au déclin que l'on devrait subir le mieux possible mais comme un moment de plaisir et de liberté, où je suis libéré de l'exigence factice du début, libre d'explorer ce que je souhaite...."(p79)"

Etant fidèle auditrice de Laure Adler sur France Inter dans son émission « l'heure bleue » et à la télévision dans l'émission « c'est ce soir » (entre autres) je ne doutais pas de la qualité journalistique et épistémologique de cet ouvrage. Je suis enchantée de ma lecture, que j'ai comme souvent largement partagée avec l'homme.


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