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EAN : 9782246826019
224 pages
Grasset (16/09/2020)
3.48/5   302 notes
Résumé :
C'est un carnet de voyage au pays que nous irons tous habiter un jour. C'est un récit composé de choses vues sur la place des villages, dans la rue ou dans les cafés. C’est une enquête tissée de rencontres avec des gens connus mais aussi des inconnus. C’est surtout une drôle d’expérience vécue pendant quatre ans de recherche et d’écriture, dans ce pays qu’on ne sait comment nommer : la vieillesse, l’âge ?
Les mots se dérobent, la manière de le qualifier aussi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (65) Voir plus Ajouter une critique
3,48

sur 302 notes
"Ce texte s'adresse aussi aux jeunes, à tous ces futurs vieux qui ont fait déjà en eux, souvent sans s'en apercevoir, une place ce à ce qu'ils seront plus tard."

C'est un singulier voyage, pour lequel tout être humain est censé préparer ses bagages, pourvu que Dieu ou ses avatars lui prêtent vie assez longtemps. Lorsque l'étape est trop lointaine pour s'en soucier, il est fort probable que le voyageur s'y prenne cependant au dernier moment, alors que la destination se sera insidieusement infiltrée dans les articulations et la mémoire…

Vieillir… N'est-on pas toujours, dès l'école primaire, le vieux de quelqu'un? Alors relativisons !

C'est avant tout dans la tête, avec un curieux décalage entre ce que nous laisse croire notre organe pensant, qui se ressent le même que lorsque nous avions quinze ans et ces signes extérieurs qui nous trahissent aux yeux de ceux qui se réveillent encore chaque matin en n'ayant mal nul part. Faut-il pour autant bannir les miroirs et ignorer le regard des autres, qui pensant nous faire plaisir nous font remarquer que nous ne « faisons pas notre âge?

Exemples et contre-exemples, l'âge mûr a ses caractéristiques individuelles et chacun le vivra avec ses antécédents et plus ou moins de chance.

Je souscris aux remarques pertinentes de l'auteur, avec une petite objection : n'opposons pas l'âge d'or de la jeunesse, elle n'est pas rose pour tout le monde, au naufrage de la vieillesse, qui n'est pas non plus toujours un parcours d'obstacles.

L'ouvrage n'atteindra sans doute pas ceux qui ne sont pas (encore) concernés, à ceci près que le plaidoyer pour le vivre ensemble et la prohibition des ghettos qui sont autant d'antichambres de la mort dépend du bon vouloir des générations qui nous suivent.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Laure Adler vient d'entrer dans le troisième âge, l'occasion pour elle de se pencher sur la vieillesse. Elle nous offre un carnet de notes, un vagabondage au pays des seniors, au hasard des rencontres et des références littéraires ou cinématographiques, des rappels historiques.

L'intérêt de cet ouvrage est que l'auteure n'élude aucun des aspects de cette période de notre vie ; la solitude, l'éloignement de la famille, le lien social qui diminue, la perte d'autonomie, la mémoire qui fout le camp, la lente disgrâce de l'esprit, la maladie d'Alzheimer.

Laure Adler évoque aussi les femmes qui comme toujours constituent la classe la plus fragile avec des pensions minuscules et qui n'arrivent pas à vivre dans des conditions décentes :
« Être vieux, c'est une horreur. Être vieille c'est encore pire. »

Les inégalités face à la vieillesse, seuls les privilégiés ont accès à une vieillesse heureuse.

Laure Adler pose la question des EPHAD, les aides-soignantes, qui accomplissent quotidiennement pour un salaire de misère, un travail considérable physique, mais surtout humain, des personnes si utiles et si déconsidérées, le profit des actionnaires et le manque de respect de la personne âgée. Une sorte de racisme anti-vieux, la ségrégation et l'exclusion fondées uniquement sur l'âge, et si la solution était dans la mixité entre les générations, la meilleure de solutions pour les jeunes comme pour les vieux.

À cette question : peut-on échapper à l'âge et au vieillissement ? Laure Adler répond avec lucidité, mais nous propose des pistes pleines d'espoir.
La sexualité d'abord :
« l'amour physique est bien plus efficace et agréable que tous les liftings. »

Mais aussi la vieillesse comme chemin de sagesse, on sait distinguer l'essentiel de l'accessoire, on ne se gâche plus la vie avec les détails et les petits énervements de l'existence. La vieillesse comme une libération, une acceptation de soi-même, une nouvelle liberté intérieure. Se mettre en veilleuse de soi, se donner plus aux autres que s'adonner à soi. L'âge peut donner du talent, certains artistes, musiciens, peintres, certains écrivains ont produit une oeuvre tardive qui confine au génie.

Fruit de rencontres, d'enquêtes et de lecture, un récit émouvant, drôle parfois, triste souvent, mais malheureusement un livre trop intellectuel regorgeant de citations, à la fin j'ai eu l'impression d'avoir lu une thèse.

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Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? « Corneille ». Est-ce vraiment ce qui nous attend où autre chose ?
Laure Adler nous dresse un état des lieux de la vieillesse à l'aide de son expérience, du vécu des autres et de très beaux textes ou citations de divers auteurs. C'est un texte érudit, je n'en attendais pas moins de cette auteure que j'avais énormément envie de lire et c'est intéressant.
Sommes-nous victimes des apparences ou la vieillesse est-elle un fait établi. Si la vieillesse n'est pas la même pour tous : femmes ou hommes, riches ou pauvres, en bonne santé ou actif. La vieillesse est une autre étape dans notre vie soit nous restons ce que nous sommes en acceptant quelques douleurs, un peu plus de fatigue soit le regard des autres nous dévalorise. de toute façon la vieillesse est privilège qui permet à certains une plus longue vie au prix d'une certaine déchéance corporelle. Et puis cette image dans le miroir n'est pas le reflet de ce que sont certaines personnes dans leurs têtes. Donc apprivoisons-notre vieillesse et la meilleure façon d'y arriver est de cueillir notre jeunesse comme le disait si bien Ronsard car sans regrets la vie est bien plus simple.
Un livre qui nous fait regarder nos vieux différemment.
Merci aux éditions Grasset
#La voyageuse de nuit#NetGalleyFrance
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Dans cet essai, l'auteure nous invite à réfléchir sur la vieillesse, sa définition, ce que cela représente selon qu'on est un homme ou une femme, pauvre ou riche…

Puis, on passe à la notion du « sentiment de l'âge », notion introduite avec cette citation de Elias Canetti dans le livre contre la mort :

« Depuis quand es-tu vieux ? Depuis demain. »

J'ai aimé surtout dans cet essai, les auteures cités par Laure Adler : Simone de Beauvoir, Marguerite Duras, Nathalie Sarraute, Annie Ernaux mais aussi des hommes Marcel Proust, Victor Hugo, Emmanuel Todd, ou encore des artistes : Hokusai, Sviatoslav Richter, Soulages entre autres.

J'ai apprécié la comparaison entre Chateaubriand qui a décidé qu'il était devenu vieux à trente ans alors que Stéphane Hessel s'indignait encore à quatre-vingt-treize ans… ou les références à Philip Roth, la réflexion sur la difficulté à affronter le déclin de nos parents qui deviennent parfois nos enfants, quand la sénilité tente d'occuper la place.

Devenir la mère de sa mère jusqu'à l'épuisement ; réaliser la mort de celle qui vous a enfanté permet de se déprendre de soi.

Laure Adler a des mots durs parfois lorsqu'elle compare le prestige des temps grises des hommes qui épousent des jeunettes alors que les femmes à l'inverse sont des cougars qui « s'accrochent » ou ne veulent pas « raccrocher » et que dire de la sexualité ou de l'ombre d'Alzheimer, on a l'impression d'être à la limite des gros mots, là…

Ensuite, passons à la phase EHPAD… Sujet sensible, parce que j'ai dû me résoudre à y placer ma mère qui a 95 ans et que l'on a gardé chez elle jusqu'à 93 avec les auxiliaires de vie très dévouées, mais c'était devenu trop compliqué avec une chute tous les 2 mois, qui se terminait au CHU. C'est une décision terrible à prendre tant on se sent coupable de ne plus pouvoir assumer, d'y laisser sa propre peau…

J'ai fini ma lecture « en travers » comme disait une de mes profs de français car j'ai le même âge que Laure Adler, je suis plutôt d'accord avec elle, mais je suis restée sur ma faim (ma fin ?) car si le voyage avec des penseurs que j'aime m'a plu, je trouve qu'elle ne propose pas grand-chose. Et je dois le reconnaître, sa manière de jouer les « Madame Je-sais-tout donneuse de leçon, m'insupporte, chaque fois que je la vois à l'écran, je zappe ce qui n'a pas facilité ma lecture.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir cet essai ainsi que la plume de son auteure car Laure Adler m'a donné envie de me plonger ou replonger dans les livres de Nathalie Sarraute et Simone de Beauvoir entre autres.

#Lavoyageusedenuit #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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"C'est en le lisant (Chateaubriand) et en le relisant qu'est venu le désir du titre de ce livre, La voyageuse de nuit : "La vieillesse est une voyageuse de nuit : la terre lui est caché ; elle ne découvre plus que le ciel." (p84)"

Vieillir, tout le temps, à chaque minute, seconde mais pendant une partie de notre vie nous n'en avons pas conscience et puis un jour l'idée s'installe, notre reflet dans le miroir a changé, nous avons même parfois du mal à nous reconnaître, à envisager l'avenir mais avec malgré tout un sentiment de plénitude, d'une sorte de bien-être, de liberté que nous offrent cet avancée dans l'âge.

"Ce n'est pas tant de se trouver moche devant le miroir qui est désagréable, que de ne pas se reconnaître. Mais il faut avoir un projet : c'est l'assurance que tout n'est as fini. Finalement la vieillesse complique la vie physique et la vie matérielle mais simplifie la vie morale. (p33)"

Laure Adler aborde le thème de la vieillesse dans cet essai à travers sa propre vie mais aussi à travers l'histoire, les auteur(e)s en particulier Simone de Beauvoir et les enquêtes qu'elle a faites auprès de médecins, dans des EHPAD que ce soit pour les résident(e)s mais aussi le personnel travaillant auprès d'eux mais également en s'interrogeant elle-même mais également ses proches qui vivent cette période de prise de conscience du temps qui passe, des corps qui se transforment.

"certaines (...) abordent cette période de leur vie comme un espace de liberté insoupçonnée. L'invisibilité que donne l'âge leur permet d'entrer dans un monde nouveau débarrassé et de la domination masculine et du souci de soi. (p39)"

J'ai beaucoup aimé cette étude sur l'âge car elle est faite sur plusieurs orientations : la prise de conscience : "Le sentiment de l'âge", une sorte d'état des "lieux", la vieillesse dans l'histoire " L'expérience de l'âge" puis de la situation des personnes âgées "La vision de l'âge" que ce soit sur le plan financier, conditions de vie, encadrement de la famille ou de structures spécialisées pour finir par une sorte de bilan épilogue, le tout en prenant références et expériences que ce soit dans la littérature, l'art, la philosophie ou sa propre expérience ou ses rencontres.

"Sacks l'affirme : "Je ne considère pas l'âge mûr comme une période vouée au déclin que l'on devrait subir le mieux possible mais comme un moment de plaisir et de liberté, où je suis libéré de l'exigence factice du début, libre d'explorer ce que je souhaite...."(p79)"

J'ai trouvé cela intéressant car j'y ai retrouvé des questionnements, des pensées que tout à chacun peut avoir soit par ses propres réflexions mais aussi par son propre vécu, regard sur une population de plus en plus vieillissante et pour laquelle la société n'est pas toujours préparée.

J'ai apprécié le ton, jamais didactique, parfois même humoristique, touchant voire émouvant n'hésitant pas à avouer ses propres sentiments, rendant la lecture fluide et parlante car les problèmes de société soulevés, les écarts entre vieillesse en pleine santé ou impactée par la maladie, vieillesse différente parfois si on est homme ou femme, vieillesse dans de bonnes conditions financières ou non sont des sujets qu'elle aborde avec franchise, réalisme et dont nous avons tous plus ou moins conscience même si nous reculons toujours le moment d'y penser.

Instructif, édifiant avec d'émouvants témoignages en autres ceux d'Edgar Morin, Annie Ernaux et quelques mots de Guy Bedos qui nous a quittés cet été, qui permettent à tout à chacun de dresser un état des lieux de la vieillesse, celle de la société, de ses structures mais également de notre propre vieillesse et d'y réfléchir.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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critiques presse (3)
LaPresse
07 décembre 2020
Dans La voyageuse de nuit, l'auteure et animatrice Laure Adler enquête sur la vieillesse. Puisant dans la littérature, le cinéma et le théâtre, elle est également allée dans les maisons de retraite, à la rencontre des personnes âgées. Son livre est un vibrant plaidoyer en faveur de l'expérience et du vivre-ensemble.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Bibliobs
14 octobre 2020
Dans un essai très personnel, Laure Adler laisse exploser sa rage et son désespoir face au sort aujourd'hui réservé aux seniors.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaLibreBelgique
30 septembre 2020
"La voyageuse de nuit" de Laure Adler : être ce que l'on est et non pas ce que l'on veut qu'on soit.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (136) Voir plus Ajouter une citation
La vieillesse, comme un engagement vis-à-vis de soi-même de ne pas déroger à ce qu'on tente d'être. Être sans arrêt en éveil, sans le vif de l'existence, ne pas se décevoir, tenir bon malgré les embûches et ne jamais se plaindre. Ne pas en faire une histoire. Nombreuses sont les personnes qui pratiquent cet art de vivre discrètement , sans crier gare, comme une seconde nature.
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"La richesse des vieilles âmes et des corps à bout de course est immense, splendide, surprenante. Plus je m'enfonce au quotidien dans ce qui me reste à vivre, plus je m'intéresse aux moindres détails : visages, corps, gestes, destins... On ne cesse de se découvrir. Mon rapport au Temps a changé. Je suis entré dans le Temps..."
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En ce début d'année 2020 , elle ( Simone Signoret ) me donne rendez-vous chez elle à 17h30 , la première heure convenable pour boire du champagne , me dit-elle , les choses ont changé . C'est la première année qu'elle n'a pas de projets depuis qu'elle a commencé ce métier . Une pièce ne se monte pas faute de l'accord des ayants-droit et , plus blessant , la reprise dans le privé d'une pièce à succès où elle jouait un rôle remarqué et remarquable se fait sans elle : elle a appris , en lisant le journal , qu'elle était remplacée par la femme du metteur en scène . Elle dit ..... Tout a disparu , les amis , les amants , les endroits où je pouvais nager seule sont devenus des lieux infréquentables tant il y a de touristes . La solitude est une horreur . Plus personne ne va tomber amoureux d'une vioque comme moi . Et pourtant il n'y a que le sexe et l'amour qui soient les vrais remèdes pour retarder cette maladie de la vieillesse . Alors bien sur ce n'est pas crac boum hue , non pas le grand jeu , mais les caresses , le plaisir , la jouissance , oui , on y arrive ..... J'ai un amoureux intermittent avec qui je ne romps pas mais , le pauvre , est en train de perdre la tète .
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Des choses vues, pour citer Victor Hugo, qui a si magnifiquement parlé de la vieillesse, il y en aura dans ce texte, qui s'apparente plus à un carnet de notes, à un vagabondage amoureux au pays de la littérature et de la poésie, à une enquête dans des lieux dits de "retraite", ouverte au charme des rencontres et au hasard des questionnements qu'à un livre savant.
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George Sand, elle, aura le loisir et le plaisir de se voir vieillir et de ne jamais se plaindre. Dans sa correspondance elle décrit minutieusement les conséquences de cette évolution ; "On ne revient pas, on passe aussi, on est l'eau qui jase et qui coule. N'est-ce pas assez coulé, assez jasé, quand on a reflété de belles choses et qu'on les a aimées et chantées ? On s'ennuierait à continuer, on s'effraierait de recommencer. On vieillit seul, triste et recueilli mais tranquille, toujours tranquille.
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Tribunes de la presse - Rencontre avec Laure Adler
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