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Critique de nilebeh


Voilà un livre qui fait à la fois œuvre de journaliste, de spécialiste en œuvres peints, de sociologue et de philosophe, Une réflexion menée par deux auteurs sur cette étrange personne qu'est la lectrice,

Sur Babelio, je suppose qu'il y a une majorité de lectrices par rapport aux lecteurs, idée préconçue et totalement non vérifiée, j'ignore totalement si une étude a été faite en ce sens ; Force est de constater tout de même la prépondérance des pseudos qui sonnent un peu féminin (mais qu'est-ce que cela prouve me direz-vous ? D'accord, rien,) Reste qu'au cours de mes déplacements RER – métro – train je vois beaucoup plus de femmes que d'hommes qui lisent, que lorsque je vais à la bibliothèque je rencontre encore surtout des femmes,
Alors, si tout cela est juste, il faut vraiment s'en féliciter car nous partons de loin !
Laure Adler remonte aux temps les plus reculés où la femme occidentale avait pour mission les tâches ménagères, la prière, l'éducation des enfants et le repos du guerrier, Il a fallu attendre le XVII ème siècle et les « Femmes savantes », les salons et les ruelles dans lesquels se réunissaient artistes et auteurs pour que les femmes se voient enfin reconnaître le droit à la lecture, ce ne fut pas sans sarcasmes ni sans critiques,
Adler attire notre attention sur un fait qui probablement nous échappe : lire à voix basse, de façon silencieuse, est tout-à-fait nouveau, Autrefois, et pas seulement dans les monastères aux heures de repas, on lisait à voix haute, pour un auditoire, Lire silencieusement fut jugé suspect, Pire encore, s'il s'agissait d'une femme, soupçonnée au mieux de rêvasser au pire de se livrer à l'onanisme en secret (cf le tableau de Pierre Antoine Baudouin qui montre une femme, le livre un instant pendant au bout d'un bras, l'autre main passée sous la jupe,,, Honni soit qui mal y pense ! )

De multiples « lectrices » ou « liseuses » sont là, supposées rêver entre deux moments de lecture, en vérité plutôt en train de réfléchir : et nous retrouvons la lectrice dangereuse !

Elle nous rappelle l'influence de la lecture en Suède entre 1686 et 1720, époque où, sous l'influence luthérienne, on alphabétisa les femmes et on leur fit lire une brochure sur les soins maternels ; il s'en suivit une régression manifeste de la mortalité infantile, les couples eurent moins d'enfants, la femme devint plus libre : un processus de progrès civilisationnel s'était enclenché,

Les tableaux choisis et commentés qui illustrent les propos des auteurs couvrent près de huit siècles et nous offrent un point de vue sur la femme qui lit, son attitude, son expression, le rendu artistique qui s'en dégage, Les descriptions et interprétations des tableaux ou photos sont intéressantes, le choix des œuvres très ouvert quoique ne s'inscrivant pas avec opiniâtreté dans le thème de la « femme-qui-lit-est-dangereuse »
Une démarche originale qui mérite qu'on s'y attarde,
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