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sur 250 notes
"Il existe encore des familles où une femme qui lit beaucoup inquiète et scandalise."
(F. Mauriac)

Quand j'ai sorti "Les femmes qui lisent sont dangereuses" de son bel emballage, le matin de Noël, j'ai eu un petit moment de flottement. Pendant un court instant, j'ai cru qu'il s'agit d'une de ces indispensables compilations sans queue ni tête, éditées vite-fait avant les fêtes, à mi-chemin entre le "Grand Larousse des tire-bouchons" et "Les cent tableaux qu'il faut voir avant de mourir".
Erreur ! Un rapide coup d'oeil sur la couverture et sur les reproductions à l'intérieur m'a assurée que le Père Noël reste un homme raffiné de bon goût. C'est un beau livre à feuilleter et à rêver...

Mais pourquoi une femme qui lit devrait-elle être "dangereuse" ?
Dans leur deux préfaces respectives, L. Adler et S. Bollman nous éclairent sur le sujet. Sur les rapports entre la femme et la lecture à travers les siècles. Sur le chemin qui mène de l'ignorance et la soumission à la connaissance et l'émancipation, bien avant notre époque moderne.
Et bien sûr, ce n'est pas uniquement le cas de femmes. Dès que n'importe qui, homme ou femme, a l'accès à l'instruction, il obtient cette capacité de se faire ses propres opinions sur le monde. Son esprit s'ouvre, et il devient potentiellement dangereux à ceux qui ont l'habitude de dicter.
L'instruction est "dangereuse". Les livres sont "dangereux". Mais tout ça, c'est merveilleux et libérateur. Avec un livre, on s'isole du monde immédiat, pour en explorer d'autres. On s'amuse. On apprend. On voyage. Et les femmes qui lisent sont belles.

Quand on regarde un portrait d'un homme avec un livre, l'objet symbolise le plus souvent la sagesse ou le statut social. Un livre dans la main d'une femme devient un objet sulfureux; la pomme de la connaissance du Jardin d'Eden.
Mon vieux prof d'histoire de l'art, un grand esthète, disait toujours d'avoir un "faible pour les femmes qui lisent les livres plus épais que leur poignet". On en trouve quelques unes, sur les images de ce livre. Mais même s'il s'agit d'une lettre, d'une carte routière ou d'un catalogue de mode, il y a toujours quelque chose de particulier à observer chez ces lectrices.
Rêverie, attente, concentration, abandon...

Le livre regroupe une centaine de reproductions de tableaux et des photos (d'artistes connus et moins connus) à travers les époques, avec des courts commentaires.
J'ai toujours aimé les livres de "tableaux commentés" - on commence par regarder le titre et la date, et puis on essaie d'imaginer l'histoire cachée dans le tableau. Ce n'est qu'après qu'on regarde le texte - parfois on y est, parfois pas du tout ! Mais à chaque fois, il y a quelque chose à découvrir.
Comme cette Vierge de l'Annonciation, qui est très pressée de retourner à son livre d'heures, dès que l'Ange partira. Ou cette Marilyn concentrée sur la lecture d'Ulysse de Joyce. Elle a presque fini...

J'ai mis du temps pour tout parcourir; parfois les tableaux étaient inutilement ressemblants entre eux (et les textes aussi), mais c'était une excursion artistique fort sympathique.
Il ne reste qu'à découvrir ce que me réserve son pendant "Les femmes artistes sont dangereuses". Père Noël ne fait pas les choses à moitié...
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Un livre que mon mari vient de m'offrir pour les fêtes de fin d'année et je dois dire qu'il a été très avisé dans son choix..
Il s'agit d'un livre de peinture qui représente, à travers les époques et différents pays, des femmes en train de lire..
Le talent des auteurs: la célèbre journaliste-écrivain Laure Adler et l'écrivain Stefan Bollmann est de rassembler une centaine de peintures centrées sur ce sujet et de les commenter en montrant comment l'acte de lecture a représenté pour les femmes un acte important d'émancipation: en effet, en lisant, ne s'approprient-elles pas des connaissances et des expériences auxquelles la société ne les avait pas prédestinées?
Laure Adler est de plus bien placée pour intervenir sur ce thème puisqu'elle est également historienne et spécialiste de l'Histoire des femmes et des féministes au 19ème et 20ème siècle.
J'ai été particulièrement sensible à la qualité du choix des peintures: toutes les époques sont représentées: le Moyen-Age avec Simone Martini, le 17ème siècle avec les peintres hollandais Rembrandt, Elinga, Vermeer, le 18ème siècle avec Chardin, Boucher, Fragonard.. Les 19ème et 20ème siècles sont également bien représentés avec Vanessa Bell, Edward Hopper, Vittorio Corcos..
Un très bel ouvrage, clair, intelligent, sur un sujet original..
Un voyage artistique dans L Histoire..
Merci encore à mon mari pour ce cadeau..
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Les femmes qui lisent sont-elles dangereuses ?
1/ Depuis que la peinture existe en Occident (et que la photographie la complète), les femmes sont représentées un livre à la main, de Marie (la Vierge) à Marilyn (l'Etoile). Les femmes lisent, les femmes ont toujours lu à travers les siècles.
2/ Etonnant, car nous avons plutôt le souvenir d'avoir vu les femmes en pâmoison, en maternité, en prière, en deuil, au bal, à la toilette, à l'église, au bordel, à l'atelier, et même au travail? Mais à la lecture, non.
3/ Pourtant nous avions entendu parler de celles qui écrivaient : Louise Labé, Mme de la Fayette, Jane Austen, les Soeurs Brontë,….Mais qu'en était-il des autres, les « normales », les innombrables, plongées "naturellement" dans cette activité familière : la lecture.
4/ Allons, allons? Dans le fond, nous le savions. «De manière subliminale», dit Laure Adler. Nous le savions par nos mémoires familiales, par les livres eux-mêmes, par ce qui nous reste de nos connaissances en histoire. Les dames de cour, les femmes savantes, les Bovary, jusqu'à la merveilleuse Sonietchka, elles lisaient, comme elles lisent encore, parfois à s'en détruire l'existence. La lecture, nous le savions d'une certaine manière, a toujours été une passion très féminine.
5/ Que la lecture soit l'affaire des femmes, le travail des peintres et des photographes en donne une idée lumineuse et vraie. Tout, dans les corps et les visages, s'accorde à cette formidable activité mentale: les visages rêveurs ou concentrés, les corps ramassés ou alanguis, les mains gracieuses et précises? Les décors sont des lieux qui transpirent le plaisir - jardins en été, canapés, fauteuils profonds - et même le bonheur - lits, chambres, intérieurs domestiques... Nues, joliment déshabillées, parfois splendidement vêtues, les femmes qui lisent sont belles. Comment mieux dire que la lecture est toute sensualité, et parfois tout amour? (critique librement inspirée d'un article de l'Express publié en mai 2006)

Des tableaux magnifiques accompagnés de courts commentaires, où chacune d'entre nous peut se reconnaître.
Un pur moment de BONHEUR.
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Aimer lire. Aimer vivre. Aimer parce qu'un point ne fait pas tout. Et que lisent elles ? Justement, de tout. Beaucoup, partout. Elles prennent, offrent, partagent et donnent. Elles lisent ce qui s'écrie en tout. Elles relaient , elles transmettent. Parce qu'effectivement un livre entre les mains d'une femme ce n'est pas n'importe quoi. Ça vous parle beaucoup. Qui dit livre dit liberté, savoir, accès, qui dit livre veut dire sacré, vérité, mystères dévoilés, mémoire activée.
Ça veut dire entendre et non plus juste écouter.
Ça veut dire transformer le monde puisque le monde elles sont en capacité de le porter.
Très beau texte de Laure Adler qui connaît extrêmement bien son sujet.
Celle qui lit, écrit. Pour ne pas briser le cercle d'un halo de lumière, garder le livre ouvert pour veiller.
Les peintres savent la puissance que contient cette image : une femme en lecture.
Personne ne veut penser à la voir ainsi penchée sur un livre qu'elle est entrain de prier.
La question ainsi se pose : où est elle ?, et que lit elle ? L'image impose le silence. Peindre à juste titre une femme en lecture c'est une difficulté pour un artiste. Il n'existe pas de modèle. Elles sont uniques. C'est comme peindre un oiseau sans sa cage, comme dans le tableau de Prévert. Ce qu'il faut rechercher dans ce qu'une femme lit c'est ce qu'elle écrit. Et comme elles lisent beaucoup, il faudrait en écrire beaucoup. Alors faut il juste les regarder, tout en pensant au prochain livre qui viendra. Question d'ensemble.
De la vierge de Simone Martini à la jeune fille de Domenico Fetti, en passant par la douceur de celles de Liotard, de Füger, à la passion de celle d'Eybl, ou de Hennig, par le sourire de la lectrice de Henner, dans le repos de celle de Roussel, dans les rêves de Corcos, à travers la lumière d'Ilsted et de Marquet, par la force de Münter, et dans la plénitude de Miller, comme les hommes peignent beau toutes ces lignes que parcourent les femmes.
Les yeux « des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie » et c'est peut être beaucoup mieux si on lit les choses comme cela.
J'ajouterai celles de l'éducation de la Vierge de Delacroix. Ce tableau n'est pas dans ce livre. Mais il est toujours dans ma tête. Alors maintenant il est un peu entre vos mains. C'est en lisant ce livre qu'il m'ait venu le goût de vous l'écrire.

Astrid Shriqui Garain
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Les femmes sont dangereuses, chacun le sait. C'est écrit depuis la pomme, Adam et Eve la tentatrice, la sensuelle pécheresse. On les peint nues, déesses, vénus callipyges; en fait c'est habillées qu'elles sont les plus sournoises. Habillées et un livre à la main! Car le livre est bien l'apanage de la tentation. le danger du livre dans les mains d'une femme ? La rendre savante! Savante, et donc terriblement subversive. Immobilisée par sa lecture, ouverte à son imagination, au lieu de vaquer à ses occupations de mère-épouse-bonne à tout faire- objet...On le voit bien dans ce tableau d'Elinga (Femme en train de lire, 1668-1670), où la bonne a cessé ses activités domestiques pour lire à la sauvette. Une servante qui lit, quand un seul livre coûte ce qu'il faut pour nourrir une famille pendant une semaine! C'est le désordre assuré dans la maison, dans la hiérarchie, dans la conscience de soi! Otez ce livre que je ne saurais voir, madame! Si lascive, livrée aux pages que c'en est indécent! Car elle ne lit pas au coin du feu avec les enfants, mais dans les replis solitaires d'un canapé ( Casas y Carbo) ou d'une chambre (Hopper), rendez-vous compte! Les femmes qui lisent sont dangereuses, vraiment! C'est écrit, très bien écrit, et merveilleusement illustré!
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Ce livre se décline en deux parties. La première consiste en une analyse de « la femme qui lit » dans le temps par chacun des deux auteurs : Laure Adler et Stefan Bollmann. On y apprend qu'il n'a pas toujours été aisé pour la femme de lire. La lecture évoque la liberté, une vision sur l'extérieur pouvant représenter un danger dans le couple voire la société de jadis. D'ailleurs, Flaubert a bien décrit le phénomène dans « Madame Bovary ». En effet, Emma Bovary lit et se représente ce que pourrait être sa vie par le biais de ses lectures. Une assimilation incompatible avec la réalité de l'époque, la menant à la catastrophe.
La lecture permet l'isolement de l'esprit, en pensées tout en étant physiquement présent.
La seconde partie est un catalogue de tableaux commentés par les auteurs de façon réaliste et amenant souvent à constater l'évidence de ce que chacun peut ressentir.
Une lecture riche amenant à la gratitude de vivre dans une ère où l'accessibilité à la culture et à l'enrichissement intellectuel est universelle.
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Je m'attendais à tellement plus. C'est d'abord le titre qui m'a attiré pour cet emprunt à la médiathèque."Les femmes qui lisent sont dangereuses". Je m'attendais à avoir des réponses. Pour qui ? Pour quoi ? Au final Laure Adler l'explique très bien mais en oublie la passion, l'engagement. L'essence de la femme est, en partie, partie.
Je souhaitais qu'un parallèle soit fait avec le féminisme, mais n'en est rien, c'est un parallèle avec la peinture qui est révélée, une peinture d'homme sur le regard de la femme, un dessin ou encore une photographie. La photographie de Marilyn reste perturbante car on se demande si elle a bien lu le livre que nous voyons. Mais pourquoi cette dame n'aurait-elle pas lu le livre qu'elle tient?
Lire libère et est une force pour chacun.
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Quelle belle idée de livre ! le rapport des femmes à la lecture, et l'image qu'elles renvoient à travers les siècles vue par les peintres (y compris des femmes peintres) et quelques photographes. La plupart des tableaux sont peu connus bien qu'appartenant à des musées, d'autres proviennent de collections particulières : ils sont simplement magnifiques et m'ont renvoyé à tout ce que je ressens, un livre à la main.
Le texte de l'auteur ne replace pas uniquement le peintre et son oeuvre dans leur contexte, mais verbalise avec un ton juste les sentiments que peuvent susciter en nous ces tableaux, et on se dit alors "oui c'est exactement ça que je perçois!"
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C'est un livre cadeau que je destine à ma mère.
Il rend un hommage merveilleux à toutes les femmes qui aiment lire, à travers toutes les époques, en les immortalisant par la magie de la peinture. Les textes décrivent la lente ascension des femmes pour la lecture qui n'a pas toujours fait partie des "loisirs autorisés".
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"Pour savoir qui vous dirige vraiment, aurait dit Voltaire, il suffit de regarder ceux que vous ne pouvez pas critiquer." Qu'il en soit ou non l'auteur, c'est la vérité, nous le savons tous. La "classe dangereuse", l'authentique, c'est celle qui présente le risque de remettre en question la légitimité du pouvoir.

Pour briser cette classe dangereuse, une tactique: contrarier l'antagonisme VERTICAL (la lutte des classes) par un antagonisme HORIZONTAL artificiel, fabriqué, fictif, mais martelé par la propagande 24/7: opposer le prolétaire immigré au prolétaire autochtone, opposer les hommes et les femmes... tout en préservant le microcosme du Pouvoir profond de ces dissensions qui empoisonnent la société au seul profit de ceux qui nous gouvernent.

Il n'y a jamais eu de "conspiration" des hommes pour empêcher les femmes de lire. Et je ne sache pas qu'Aliénor d'Aquitaine, Marie de Médicis, Marie-Thérèse d'Autriche, Catherine II de Russie..... ou Catherine de Rambouillet, Madeleine de Scudéry, Marie du Deffand, Madame de Sévigné qui FAISAIENT PROFESSION DE LIRE aient jamais inquiété ou été inquiétées. Bien au contraire. Le beau monde était à leurs pieds. En revanche, on peut se demander pourquoi Gyp ou Nesta Webster ne sont pas considérées comme des pionnières du féminisme authentique... Car elles l'étaient. Mais n'allons pas plus loin dans cette voie périlleuse. On risquerait de critiquer le Pouvoir. Le vrai.

------ LA CRITIQUE DE Bobby_The_Rasta_Lama SUR CELLE CI-DESSUS ! --------->
Je suis tout à fait d'accord avec ce que vous dites, mais votre commentaire ne rend pas complètement justice au livre. C'est un livre sur la lecture féminine, qui tombe dans la catégorie "livres d'art". Au départ, je voulais dire que les préfaces ne sont là que pour introduire la partie avec les reproductions, mais il se peut bien que c'est le contraire, et que les reproductions ne sont là que pour justifier le texte. Finalement, ça me laisse un peu paumée, mais au fond, ça m'est égal.... Quoi qu'il en soit, nous sommes pas obligés de lire les préfaces (certains ne le font jamais !), mais c'est fait, et ça ne m'a pas choquée. Il y a forcément un petit sous-ton féministe (que voulez-vous, c'est un livre qui présente la lecture comme un des facteurs de l'émancipation de la femme), mais pas que. Les lectrices y sont mises à l'honneur, sans que cela sent à chaque ligne le souffre et le complot. Parfois ça peut ressortir un peu plus, mais peut-être que cela peut, au contraire, plaire aux certains - les autres vont pardonner en passant à la partie "tableaux", exempte de toute idéologie. Je trouve le choix judicieux, c'est beau à voir, et j'ai même découvert certains peintres que je ne connaissais pas du tout. Bref, je me suis surtout délectée des images. Je ne demande pas plus, donc la note va être bien plus élevée pour moi. Disons quatre étoiles....
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