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Critique de brigittelascombe


Une couverture grise d'un livre au prime abord anodin, mais un titre doux comme une promesse.
Battements d'ailes, des ailes qui bruissent de page en page et nous entrainent dans la vision des choses d'une gamine de quatorze ans en manque de père et de repères.Un père parti, criblé de dettes, une mère alitée toute la journée. Une gamine qui se glisse comme un chat dans l'intimité de chacun et surtout celle de Madame, sa voisine,l'excentrique propriétaire "du dernier bastion de résistance" anti béton, cette propriété sarde scintillante dans son écrin de "ciel transparent" , de " mer lapis lazuli", de "langues de terre arrachées au maquis" transformée en maison d'hôtes.
Attirée comme une abeille par les fleurs blanches des amandiers toutes printannières, le rouge des tomates d'été, la naïveté de la narratrice(prise au départ pour une petite bonne empreinte de dévotion pour sa "Madame"), j'ai poussé la porte de ce conte de fée charmant par simple curiosité.
Madame s'ennuie de tant de beauté!
Ah?
Farfelue, pleine d'entrain,elle flatte l'encolure de sa jument Amélia, enfin Amélie en français car Madame prend des cours de français pour s'évader un jour dans "la ville lumière" ce Paris,dont elle rêve,elle taille ses robes dans de vieilles nappes et dévale l'hiver les deux cents mètres du chemin escarpé pour piquer une tête dans l'eau gelée avec sa petite voisine(la narratrice).
Un peu dérangée, cette Madame!
Non, le grand père de la gamine, ce philosophe retraité, paysan et heureux d'être pauvre soutient sa lutte contre les démolisseurs de côtes.
Une fleur bleue alors, passionnée, grande amoureuse?
Certes nous dit la petite, elle a deux amants!
Oui car le manque d'amour peut l'étouffer et l'éveiller la nuit et la mener vers des flots plus dangereux.
Ah? Ca se corse!
Le un, celui de la ville est souvent aux fourneaux, les siens car il ne vient pas trop par là. Son ex femme oui, pour chatter sur internet.Il y a l'amant en second aussi, qui s'en fout des préservatifs car Madame est à lui et à lui seul. Ah! Et il ne faudrait pas oublier le blessé! le blessé qui réside dans la maison d'hôtes et dont la fiancée Gioia, la joie s'est absentée. le blessé,lui lit un livre, mais parfois, la culotte de Madame glisse, les jambes s'écartent, les têtes bécotent tout ce qui passe à leur portée.
C'est qu'elle voit tout cette coquine, même le caché, même d'étranges orgies sur la table de la cuisine avec fouet, lanières et promoteurs.
Là, ça lui échappe un peu.
Qui a donc chuchoté que Madame jadis dans les hôtels...
De douce poésie à douce folie, les mots s'érotisent. Les portraits se campent, s'affirment car chaque être est unique.
Nii!Kii!Nii!Kii!
Pas vrai Niki Niki, le coq?
Et Piétrino, le benjamin des voisins? Ceux dont l'ainé joue de la trompette à jazz, ces gens comme ils faut pas contents du tout de leur trompettiste en chef?
Piétrino, qui se balance tout seul et se chante des berceuses, c'est un cas aussi non?
Et le fantôme?
Madame y croit!
La petite aussi. C'est son papa pour sûr, ces draps froissés par d'étranges courants d'air! Il est mort, c'est un ange pas vrai?
"Je voudrais que papa me dise ce qui est juste et ce qui ne l'est pas mais d'après moi, il ne le sait plus maintenant qu'il est là haut".
Et là, c'est nous, lecteurs, qui battons des ailes d'une larmette d'émotion.
Un très joli livre, ciselé, au charme naïf et pourtant déroutant que nous offre Miléna Agus, inconnue sarde en 2007, mais que le "Mal de pierres" (traduit en 13 langues, prix Elsa Morante, prix Forte village en Italie, prix Relay et dont les droits ont été achetés par Nicole Garcia pour le cinéma)a propulsé aux sommets de la notoriété.
Un joli livre et sans doute une belle carrière d'écrivain dans le futur!
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