AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de latelierlitteraire


Le Monde Après Nous vous dit sans doute quelque chose. Car c'est le film phénomène de ce début de mois de décembre, un peu barré et complètement anxiogène, signé @netflixfr, avec un casting de folie et le retour décapant de Julia Roberts. Un thriller apocalyptique qui a beaucoup fait parler de lui, publiquement détesté ou au contraire significativement adoré. Quoi qu'il en soit, ce film produit par Obama ne laissera personne indifférent, car impossible de ne pas être soufflé par la photographie et cette facilité déconcertante avec laquelle le réalisateur parvient à faire monter la tension en chacun de nous.

Et une fois n'est pas coutume, j'ai largement préféré l'adaptation filmique. Qui a tout misé sur la technique et des scènes catastrophes éblouissantes, par ailleurs inexistantes dans le livre.

Tout l'intérêt du bouquin ne réside donc pas dans des scènes d'action époustouflantes mais bien dans l'écriture, l'ambiance, les personnages. Une écriture soignée, propre, professionnelle. Une ambiance oppressante qui monte en puissance. Et des personnages aux profils psychologiques saisissants.

L'auteur semble avoir pris un malin plaisir à enfermer ses personnages dans une maison à la suite d'un « blackout » inexpliqué, inexplicable. Les perso, tout comme nous, ignorent ce qu'il se passe à l'extérieur, tout n'est que doutes et hypothèses. le climat devient pesant dans ce pseudo huis clos sans pour autant qu'il n'atteigne jamais le niveau du film (qui m'a littéralement scotchée de peur à mon canapé). Pour autant, des phénomènes étranges et répétés génèrent de la méfiance, de la paranoïa... Et en off l'auteur nous donne des indices généreux tandis qu'il délaisse complètement ses personnages.

Et nous, que ferions-nous en situation de crise ?

Car au-delà de cette superbe double page de courses alimentaires (mais sérieux quel kiff ! #survivalisme), les descriptions, poussées, forcent le/la lecteurice à s'interroger sur les relations humaines, en général, mais aussi et surtout dans un contexte d'isolement et de fin du monde… Les normes, les conventions sociales, la morale sont bousculées, piétinées, déstructurées et ces deux familles américaines, que tout oppose mais dans le même bateau, nous le démontrent brillamment.

« L'absence de réseau cellulaire était une offense. L'absence de télé une tactique. »

L'auteur dénonce les dérives d'un système capitaliste et notre accoutumance voire dépendance à la technologie. Ce monde hyper connecté où quiconque ne peut vivre sans smartphone ni GPS, se retrouve perdu sans internet et la télévision et où l'effondrement technologique, industriel, la collapsologie, pourrait mettre en péril toute la civilisation humaine en détruisant nos sociétés modernes.

« La responsabilité masculine, comprit Clay, était une totale fumisterie. Quelle prétention de vouloir les sauver ! »

Et puisque l'on parle société, l'auteur « s'amuse » aussi du patriarcat et du rôle attribué à chacun, celui acquis en fonction de tout un tas de critères (stupides) relatifs à son genre, son ethnie, sa catégorie socio-professionnelle, son âge, ses ressources financières… il pointe délicatement les comportements « déviants », égoïstes ou abjects, les vices de nos protagonistes. Ça balance grave mais au final ça dit surtout le désarroi et la lâcheté de l'humain face à l'inconnu. La peur.

Le bouquin pourrait très certainement être l'objet d'une étude psychanalytique (hello Narcisse) et même si je ne l'ai pas « adoré » je le relirai pour ça et pour cette ambiance et cette analyse fine de la condition humaine et de la société et enfin pour cette écriture exemplaire.

Et pour toutes celles et ceux qui doutent encore mais qui voudraient tenter, sachez tout de même une chose. N'attendez pas d'explications ici. Vous n'aurez que des suppositions. Des investigations sans but. Un engrenage sans fin. Des questions. Mais pas de franches réponses, enfin… pas tout à fait.

* et je n'ai pas parlé du : un peu trop scandaleusement sexuel et descriptif pour moi car je n'ai pas compris l'intérêt; que l'auteur me dise ?
** et qu'est-ce qu'ils boivent les perso, heureusement qu'ils ont fait les courses avant !
Commenter  J’apprécie          93



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}