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sur 304 notes
Troisième roman de l'américain Rumaan Alam, le Monde après nous a propulsé son auteur sur le devant de la scène littéraire outre-Atlantique jusqu'à le voir figurer dans la liste des nominés pour le National Book Award en 2020. Écrit avant la pandémie de CoVid-19, le Monde après nous imagine une fin du monde particulièrement singulière et d'une prescience remarquable. Partons pour Long Island…

Des vacances ordinaires
Nous y retrouvons un couple de Blancs américains issus de la classe moyenne, Amanda et Clay, qui ont décidé de louer une maison au milieu de nul part grâce à la magie d'Airbnb. Accompagnés par leurs deux enfants, Archie et Rose, ils s'installent dans une propriété cossue à l'écart de la ville, avec une magnifique piscine, un large sous-sol aménagé et des bois emplis d'animaux sauvages fascinants. le temps est magnifique, les courses rapidement réglées, permettant même quelques folies pour l'occasion malgré un budget souvent largement dépassé. Patient, méthodique, Rumaan Alam nous fait pénétrer dans les pensées d'Amanda et de Clay, voire même des enfants. Amanda est « account director » dans une agence de publicité, Clay est professeur à l'université. Chacun est un reflet banal de la société américaine moderne avec ses médiocrités et ses vices, ses pensées borderlines (et un tantinet racistes) et ses pulsions à peine refoulées. Rien ici que du très ordinaire.
Mais en se levant après leur seconde nuit de vacances, voilà que les quatre vacanciers découvrent que la télé ne diffuse plus rien et que les téléphones ne captent plus l'internet. Pire encore, un couple de Noirs qu'ile ne connaissent pas vient sonner à la porte. Soupçonneux d'abord, Amanda et Clay comprennent que ces nouveaux venus sont en territoire familier puisqu'il s'agit des riches propriétaires de leur logement d'été : les Washington.
G.H et Ruth expliquent alors que le « black-out » n'est pas uniquement dû à la distance d'avec la ville mais que quelque chose semble avoir coupé toute communication/information à travers le pays. Pris de panique, les voici de retour de façon impromptue pour se mettre à l'abri…au cas où.
On assiste dès lors à la rencontre entre deux mondes que tout oppose, des seniors afro-Américains au porte-feuille bien garni d'un côté et une famille de Blancs issue d'une classe moyenne plus jeune et sensément plus vigoureux. Entre gens civilisés, tout devrait bien se passer.
Alors qu'une cohabitation précaire se met en place, un Bruit terrible retentit à l'extérieur et la tension monte encore d'un cran…

Pris dans l'ambre
N'allez pas croire que le Monde après nous emprunte les sentiers habituels du genre post-apocalyptique. On est plus proches dans l'esprit de Dans La Forêt de Jean Hegland, tout effet de manche ou twist impromptu retranché.
En réalité, le roman se veut le plus réaliste possible et va donc faire quelque chose d'assez risqué en termes narratifs : quasiment rien.
Rumaan Alam troque sa plume pour un scalpel et analyse avec une minutie incroyable l'état psychologique des deux couples en se promenant dans leurs pensées comme un papillon se poserait sur une branche. de fait, il ne se passe rien dans le récit ou presque. Et c'est en cela que la résultat apparaît brillant.
L'américain a l'intuition géniale que tous ces films et séries Hollywoodiennes qui montrent des apocalypses pyrotechniques et fortes en rebondissements ont tout faux, que pour le commun des mortels, l'apocalypse sera silencieuse et même douteuse. En effet, à l'écart des autres, Clay, Amanda, G.H et Ruth ignorent ce qu'il se passe vraiment dans le monde. Dépendant de l'information et, donc, de la communication en général, de l'internet aux smartphones en passant par la télévision, les personnages se retrouvent devant du vide et ne peuvent que se perdre en conjectures sur ce qu'il se passe. À un certain degré, tout devient irréel, comme si le monde avait été brutalement mis en pause et que nous étions pris dans l'ambre de cette Apocalypse qui n'a même jamais montré sa face hideuse.
Imaginez, une fin du monde où l'on reste chez soi à attendre que ça se passe. Difficile, après la pandémie, de donner tort à Rumaan Alam.
Pas de grand geste héroïque, pas d'évènement tragique ou d'explosion formidable, juste l'attente, le vide, quelques bruits affolants et des dents qui tombent…
Le Monde après nous expose l'humain pour ce qu'il est, une créature fragile devenue dépendante de son information, une information devenue pouvoir prédictif dans un univers où tout est connecté.
Dès lors que le reste tombe en rideau, et loin des idées de barbarie et de carnages, on se rassemble et on tente de survivre en groupe, en meute.
On remplit les baignoires, on fait le décompte des conserves. On s'occupe comme on peut, en baisant si nécessaire, retrouvant des instincts animaux, tantôt maternels tantôt charnels.
Pour une meilleure analogie, le roman de Rumaan Alam est au post-apocalyptique, ce qu'un film comme Jarhead est aux long-métrages sur la guerre. Au lieu de montrer les combats, on montre l'attente, l'ennui, bref, ce qui constitue en réalité 90% de ce que serait en réalité un conflit. L'auteur américain fait la même chose et ramène brutalement les pieds sur Terre à son lectorat. Les personnages ne savent pas ce qui se passe et seul le lecteur, par l'intermédiaire d'un narrateur omniscient qui vient s'immiscer dans la course du récit en fin d'ouvrage, sait que le monde touche à sa fin.
Dommage, tout le monde n'a pas eu le mémo et les questions restent en suspens pour nos héros d'une tragique banalité, d'une tragique ordinarité. Dans leur propriété observée par les cerfs qui migrent en masse ou traversée par des flamands roses un peu perdus, la fin du monde a eu lieu…et n'a pas encore eu lieu. Tout reste encore possible et tout semble à la fois parfaitement réglé. Alors on ressasse ses obsessions, ses peurs, ses aspirations. On rêve de retrouver une utilité et une fonction, on s'interroge sur comment revenir au réel et comment, au final, on en est arrivés là. Quand la masse informative se tait, quand le bruit de fond qui inonde la vie quotidienne s'arrête, il nous reste à composer avec nous-même dans un monde qui a retrouvé des dimensions insurmontables. le Monde après nous heurte le mur du vraisemblable et laisse dubitatif : alors c'est ça, la fin de notre société ?

Apocalypse incertaine dans un monde qui semble mis sur pause, le Monde après nous fait tomber le rideau sur notre société ultra-connectée, avouant la banalité de l'après et le retour à un réel d'une lenteur désarmante. Rumaan Alam a tout compris de notre siècle et des possibilités précaires de l'homme-numérique, qui finira par mourir dans une rame de métro bloquée en centre-ville ou à attendre de savoir si tout est bel et bien fini coupé des siens et du cours de l'Histoire.
Lien : https://justaword.fr/le-mond..
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« Entrez dans notre splendide maison et laissez le monde derrière vous. »

Une telle accroche suffit à Amanda et Clay pour quitter Brooklyn et rejoindre Long Island pour une semaine de vacances dans cette maison trouvée sur Airbnb. Pas de voisins, pas de réseau, mais des mètres carrés, une piscine, un jacuzzi et un frigo vite garni de tous les excès que l'occasion mérite.

Mais la tranquillité n'est que de courte durée et le malaise s'installe quand Ruth et G.H., les propriétaires de la maison, débarquent : les voilà « quatre adultes debout face à face, mal à l'aise, comme durant les derniers instants qui précèdent une partouze. »

Puis quand une info alarmante survient et que le Bruit se met à résonner, le monde semble basculer, la maison s'isole et ses occupants doutent puis tremblent. La tension s'installe progressivement et le chaos ne semble plus très loin…

Le monde après nous, de Rumaan Alam – traduit par Jean Esch – est un drôle de livre. D'abord léger, vif, frais, drôle, enlevé, dans l'air du temps, il prend rapidement une autre tournure plus grave, tout en gardant son style cash et fleuri, pour faire passer son intrigue au second plan et interroger l'époque. Celle qui meurt et celle qui vient.

Et là, ce livre qui m'avait bien accroché, m'a peu à peu perdu… Dénonciation du monde d'avant qui continue à danser pendant que le Titanic coule, peur de l'autre et individualisme grandissant, chaos mondial inéluctable et espoir représenté par les jeunes générations… J'ai décroché.

Heureusement, le style reste constant, offrant toute une série de punchlines réjouissantes. Et comme le livre a été salué par la critique aux États-Unis, nul doute qu'il devrait avoir avec d'autres, plus de succès qu'avec moi.
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J'ai le sentiment qu'il y a de plus en plus de romans post-apocalypstiques depuis ces dernières années mais peut-être est-ce seulement une impression ; cependant, ce ne serait pas étonnant puisque nous avons la certitude maintenant que notre pauvre planète Terre s'épuise au même rythme que le niveau d'humanité et d'intelligence de ses dirigeants diminue.
Si le sujet de ce roman n'est donc pas original en soi, la façon dont Rumaan Alam exploite ce genre l'est au contraire énormément. Ici, pas de scènes d'horreur, de bombe nucléaire, de tsunami, de mouvements de foule. La panique est intérieure, insinuée en profondeur, dans les entrailles.
Cela commence par un voyage en voiture (cloche de laboratoire, micro-climat , écrit savoureusement Rumaan Alam ) : un couple de quadras bobos et ses deux enfants se dirigent vers des vacances de rêve : un séjour dans une maison luxueuse lovée dans la campagne chic de Long Island, déniché par Amanda sur Airbnb. "Entrez dans notre splendide maison et laissez le monde derrière vous" , une description pleine de promesses pour cette quadra essoufflée. Rien de mieux pour essayer de rebooster la libido de son couple, décrocher de son job et ficher la paix à ses deux ados.
Ni pauvre mais pas assez riche, ce couple de blancs américains se prend à rêver en découvrant la maison parfaite, cossue et solide qu'il ne pourra jamais s'offrir.
Se couper du monde, c'est ce que Clay et Amanda souhaitaient mais quand WiFi, téléphones et télévision se mettent à ne plus fonctionner, quand les Washington, un couple de sexagénaires afro-américains, débarquent dans leur intimité et qu'ils se présentent comme les propriétaires de cette maison, navrés de les déranger mais désireux de se réfugier dans LEUR maison à la suite d'un black-out gigantesque, quand un son terrifiant (le Bruit, l'appellent-ils) déchire le ciel et les tympans, fêle les vitres, quand des centaines de cervidés se rapprochent de la propriété, une angoisse sourde s'instaure. Est-ce la guerre, la fin du monde, une simple panne de réseau ? Doit-on rester dans cette maison, continuer à profiter de la piscine, du jacuzzi, parler de tout et de rien et faire comme si tout allait bien ? Doit-on s'enfuir, aller au-devant des informations pour comprendre ce qui se passe, faire preuve de courage ?
Rumaan Alam décortique une micro-société (femmes/hommes, blancs/noirs, riches et moins riches, jeunes et moins jeunes) en proie avec la peur, l'angoisse quand on sait que ces deux sentiments en font naître d'autres moins reluisants tels que l'envie et la jalousie, le sectarisme, la lâcheté.
Roman noir illuminé cependant par la petite Rose, protagoniste inconsciente à moins que ce ne soit le contraire finalement.
A lire.
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Amanda ,Clay et leurs deux enfants,une famille de blancs new yorkais partent en vacances à Long island où ils ont loué une maison. Tout commence sous les meilleurs hospices, la maison leur plaît beaucoup,ils commencent à prendre leurs marques quand une nuit , ils entendent frapper à la porte , ce sont les propriétaires ,un couple âgé d'afro américains qui débarque .ils racontent qu'il y a un black out à New York et demandent l'hospitalité car la ville n'est pas sûre et leur appartement au quatorzième étage est inaccessible. Visiblement tout cela perturbe Amanda qui se mefie de ce couple de couleur mais Clay , qui a le sens de l'hospitalité, les accueille. Ils évaluent la situation,plus de téléphone,plus de Wi-Fi ,de radio, de télévision .Le lendemain ,un bruit terrible retentit qui effraie nos quatre adultes, ils se posent des questions : guerre, fin du monde,explosion nucléaire...les suppositions vont bon train et l'angoisse monte .
L'auteur donne beaucoup de détails sur la vie quotidienne mais reste vague sur ce qui se passe à l 'extérieur ,comme dans le roman "dans la forêt ! " on sait qu'une menace pèse au dessus de leur tête mais on n'en sait pas plus. Et de cette ignorance née l' angoisse , la peur du pire car le danger n'est pas identifié.
Dans ce huis clos stressant ,les deux couples si différents ,vont s'affronter,cohabiter et des préjugés raciaux,de classe,d'âge vont resurgir.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui m'a rappelé "dans la forêt " et j'ai tourné les pages pour comprendre ce qui se passait.
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Amanda et Clay quittent Brooklyn pour rejoindre avec leurs deux enfants Long Island pour une semaine de vacances dans cette maison trouvée sur Airbnb.
Pas de voisins, pas de réseau, mais des mètres carrés, une piscine, un jacuzzi et un frigo vite garni de tous les excès que l'occasion mérite. Mais la tranquillité n'est que de courte durée et le malaise s'installe quand Ruth et G.H., les propriétaires de la maison, débarquent et qu'une menace sourde et angoissante semble précéder leur venue.
Les propriétaires annoncent en effet de suite à la famille qu'il n'y a plus d'électricité à New York, qu'un vent de panique a saisi ses habitants qui quittent la ville, que la radio a cessé d'émettre.Le monde après nous, percutant premier roman de Rumaan Alam – brillamment traduit par Jean Esch -commence comme un huis clos particulièrement cinglant.
D'ailleurs, c'est ce qu'on aime le plus dans ce livre, c'est ces échanges mi feutrés mi caustiques entre adultes contraints de cohabiter malgré eux.
C'est tendu à souhait, ces rapports entre ces locataires qui ont l'impression d'être envahis et ces propriétaires à la fois maladroits et condescendants, des réparties pas très sympathiques et doublées de pensées inavouables.
On aime énormément la première partie du roman, ce huis clos oppressant et très malin qui se voit se confronter deux générations différentes d'américains, sous fond de préjugés, de racisme et de lutte des classes, car tout cela dit beaucoup de choses sur les faux semblants couple, sur la famille, sur la solidarité.


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Alors voilà. le genre de mots qui font peur. Enfin, qui font peur à moi. Apocalyptique, post-apocalyptique, encore et encore classer les romans (ou pire, les écrire) dans un genre bien défini, comme si l'item qui lui correspondait devait correspondre à son écriture et non l'inverse.

Bon ben tant mieux, parce qu'ici vous pouvez oublier les zombies et autres créatures, de même que toute effusion de sang ou même un brin d'action stimulante. Ce qui ne veut pas die que la lecture n'est pas addictive ; c'est même tout le contraire.

On est là dans en présence d'un texte d'une minutie rare, emplie de détails qui pourraient sembler secondaires voire carrément inutiles alors que, tous, absolument tous, font leur part du gâteau ; NOUS SOMMES ces détails. NOUS SOMMES cette accumulation de faits et micro-faits, précisément. Et, plus que tout, la question se pose de savoir QUI nous sommes, donc, lorsque ces détails n'ont plus lieu d'être ou ne peuvent plus se concrétiser.

Je parle de détails, mais jamais ils n'ont été aussi importants, aussi éprouvants ; nous sommes là dans un texte d'une qualité qui se situe dans un hybride de DON DELILLO et, disons, un RICK MOODY. L'horreur n'est pas celle du sang. Elle peut être celle d'un bruit. L'épouvante ne naît pas de nos moyens de survie, mais des questions qu'on se pose, souvent, trop souvent, sans avoir de réponses.

Et puis, je l'ai dit plusieurs fois, mais quand même : accumuler cette multitude de faits sur les uns et les autres est aussi signifiant qu'on peut l'imaginer du rôle de l'écrivain. L'observateur, celui qui regarde, ne juge pas, ne condamne pas, mais regarde VRAIMENT avant de retransmettre le monde tel qu'il est aujourd'hui.
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Amanda et Clay passent leurs vacances dans une demeure perdue au milieu de la forêt, avec leurs deux enfants Archie et Rose. Lorsque le couple a aperçu l'annonce sur un site de location de maisons, ils n'ont pas hésité. Et effectivement, le cadre semble tout simplement idyllique. Pourtant, un soir, G. H. et Ruth, le couple qui leur a loué la demeure, viennent sonner à leur porte. Ils semblent effrayés. Il y aurait un black-out et ils demandent alors à Amanda et Clay de les accueillir.

J'aime autant vous prévenir d'emblée. Si vous recherchez un roman qui suit les codes du genre, avec beaucoup d'action, passez votre chemin, au risque de vous retrouver fortement déçus. Je ne lis pas souvent de romans de ce style, mais les fois où cela m'est arrivé, je dois dire que les auteurs se focalisaient davantage sur les actions que sur les personnages.

Ici, c'est tout le contraire. L'auteur va se centrer sur les ressentis des personnages. Il n'y aura pas de surenchère dans l'action. L'auteur va créer un huis clos des plus réussis, dans lequel les personnages devront faire preuve d'empathie et d'entraide pour survivre à cette catastrophe.

Durant tout le roman, nous comprenons que c'est d'un black-out dont il est question, mais tout est suggéré. L'auteur n'a pas voulu mettre au premier plan le scénario catastrophe qu'il établit, mais plutôt les relations entre les personnages.

Cela donne un roman très intéressant et très fouillé au niveau de la psychologie des protagonistes. La tension monte avec parcimonie, créant peu à peu une atmosphère pesante et sombre. L'auteur a réussi cela avec grand brio.

La plume de l'auteur est particulière. Maniant descriptions et pensées des personnages, les pages défilent toutes seules, et pourtant j'ai eu une sensation d'exigence durant toute ma lecture, devant rester bien concentrée pour ne pas me perdre.

Un roman différent, davantage centré sur les personnages et non sur les événements qui jalonnent le récit. Une lecture très intéressante.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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Amanda et Clay, New Yorkais blancs aisés, pensent avoir bien mérité les vacances de rêve qu'ils se sont offerts en louant une magnifique maison avec piscine à Long Island pour s'y détendre avec leurs enfants. Mais une nuit ils sont confrontés à la visite surprise des propriétaires : ceux-ci leur apprennent qu'ils ont fui la ville suite à une coupure d'électricité soudaine et leur demandent l'hospitalité. Alors que toute source d'information est coupée, Internet et le câble ne fonctionnant plus, les deux familles vont devoir cohabiter sans savoir ce qui se passe vraiment à l'extérieur.

Le monde après nous commence comme une comédie de moeurs un peu vacharde avec juste ce qu'il faut d'ironie et d'humour caustique pour qu'on se régale. le couple de riches new-yorkais, forcément surmenés et prêts à investir une grosse somme dans leurs vacances pour qu'elles leur offrent la compensation à toutes ces heures de travail, les adolescents grandis trop vite, ronchons et blasés, se demandant pourquoi on les entraine dans cette galère loin de leurs copains, l'auteur brosse des portraits très réalistes et on imagine très bien les personnages. Leur confrontation avec les propriétaires qui font soudain intrusion dans leur bulle confortable de vacances - quoi, avec le prix qu'on a payé, comment peuvent-ils nous faire ça - est également très bien rendue et j'ai tourné les pages avec impatience, curieuse de voir comment cette intrusion allait se terminer. L'auteur fait preuve d'une joyeuse ironie tout en abordant en filigrane les sujets du racisme et des préjugés de classe, avec ces new-yorkais blancs pas tout à fait assez riches pour s'offrir une aussi belle maison et obligés de faire comme si en la louant pour les vacances, et ces retraités noirs qui eux ont réussi mais ne sont pas à l'abri du racisme latent de la société américaine.

Malheureusement l'histoire s'enlise un peu quand on rentre dans le récit de cette mystérieuse panne générale, façon roman post-apocalyptique. J'ai apprécié le choix de l'auteur de nous faire partager le sort des personnages en ne nous donnant quasi aucune indication quant à ce qui se passe vraiment : simple panne d'électricité générale, événement plus grave tel un incident nucléaire ou une attaque d'une puissance étrangère ou de terroristes, on ne sait pas et on ne le saura pas avant la toute fin du roman où quelques indices seront distillés. Cela fonctionne très bien pour faire monter une angoisse pesante et se demander à chaque page qui a raison, ceux qui pensent que la fin du monde est venue et qu'il faut rester à l'abri pour survivre ou ceux qui veulent juste rentrer à New-York pour en savoir plus et comprendre ce qui arrive. Hélas une fois cette intrigue posée j'ai trouvé que l'auteur n'avait plus grand chose à nous dire et que le récit tournait un peu en rond. Dans ce huis clos et cette cohabitation forcée les caractères se révèlent mais cela devient vite répétitif et on finit par se lasser des confrontations entre personnages et des interrogations concernant la situation. Mon intérêt pour le récit est donc allé en s'amenuisant et j'ai fini par compter un peu les pages en ayant hâte d'atteindre le dénouement et de voir où l'auteur voulait nous mener. Bonne nouvelle : celui-ci est bien construit et fait monter l'angoisse tout en nous donnant quelques indices mais pas trop quant à ce qui s'est passé !

Le monde après nous restera donc une lecture un peu mitigée pour moi : beaucoup de bonnes choses, comme ces portraits caustiques et cette ambiance fin du monde très bien rendue et qui nous oblige à nous interroger sur toutes les menaces de notre monde actuel mais un roman qui aurait sans doute gagné à être plus court, plus resserré ou avec une intrigue un peu plus fournie. A découvrir pour son style et son approche originale mais qui ne m'a pas totalement convaincue !
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Alors qu'ils avaient opté pour une semaine de vacances en famille avec leurs deux enfants, éloignés du monde, Amanda et Clay vont vite déchanter quand un soir frappent à la porte du logement loué, G.H. et Ruth, un couple afro-américain. Ces derniers seraient propriétaires du logement et viennent y trouver refuge, car un black out viendrait de se produire.
Dans ce roman en huis-clos, les évènements extérieurs sont présents comme toile de fond sans vraiment être décrits précisément. L'auteur qui signe là son troisième roman s'attarde beaucoup plus sur les ressentis, la psychologie des personnages que sur l'action. le rythme s'en ressent. Un roman qui se lit en prenant son temps et qui nous interroge sur les peurs.
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Ce roman est assez troublant. Il vous parle de black out général, de fin soudaine de la civilisation, sans jamais en voir un seul élément. Vous restez presque sagement au coin d'une piscine dans votre maison de vacances, pendant que le monde entier se délite. Il y a les dernières heures normales de l'avant : la famille s'installe dans la maison de rêve qu'elle a louée pour les vacances. C'est ce moment dans l'année où vous pouvez enfin vous alléger des soucis. Imaginer que cette maison parfaite est à vous. Où les enfants naviguent entre piscine et télévision, et repas plaisir sans trop se préoccuper de l'équilibre alimentaire. Et puis le paradis s'effrite avec les propriétaires qui arrivent pour se réfugier en pleine nuit et demandent hospitalité, ayant fuit New York en plein black out. Les locataires sont chez eux mais pas tout à fait. Les propriétaires sont chez eux mais pat tout à fait non plus. Les signaux avec l'extérieur n'existent plus. La télévision ne fonctionne plus. Pas plus pour les téléphones. Les personnages trouvent peu à peu leur place au sein de ce huis-clos un peu étrange. Ils ont parfois l'air de vivre ces heures comme envoutés, face aux évènements bizarres qui les frôlent plus ou moins. A un certain moment je me demandait même si l'auteur n'allait pas les faire se réveiller d'un drôle de rêve. Mais non.
Je m'interroge malgré tout sur leurs réactions qui sont assez étonnantes. le père part tout seul avec la voiture vers le supermarché du coin pour aller aux nouvelles. Pourquoi tout seul ? On reste pas groupé en cas de fin du monde ? Ou au moins par paire, comme en plongée sous-marine ? Les autres restés à la maison ne l'attendent pas pour manger un morceau. Hop ils cassent la croute avec une bonne bouteille pour se détendre. On ne va pas se laisser abattre quand même !
Les personnages m'ont parfois fait penser à ces musiciens qui sur le Titanic ont continué à jouer tout au long du naufrage. Là certes, on rempli les baignoires, mais on ne se préoccupe pas trop du reste. Les enfants sont aussi un peu livrés à eux même. En plus comme ils n'ont pas la télévision, ils errent un peu partout à leurs risques et périls. Là c'est pareil : en cas de fin du monde, voire juste un orage, on ne dit pas aux enfants de rester à portée de vue ? Surtout dans un lieu qu'ils ne connaissent pas ?
Et puis c'est très très américain. Il faut donc avoir un minimum de connaissance de leur mode de vie, leurs codes, leurs marques et leur culture. Car oui, nous connaissons tous le vendeur de meubles suédois, mais moins Pottery Barn.

Bref, c'est quand même intéressant comme façon de raconter la fin du monde, mais cela ne m'a pas totalement convaincue.

Alors, faut-il le lire ? Si vous voulez. C'est un peu déroutant, étrange. Mais pas le pire ni le meilleur dans le genre. Dans la catégorie "meilleur" , un de mes favoris reste le Monde enfin de Jean-Pierre Andrevon. Je vous épargne le pire...
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