On a toujours tendance à idéaliser ceux qu'on aime et, parfois, à attendre d'eux ce qu'ils ne sont pas en mesure de nous donner.
J'aime la vie. Même lorsqu'elle choisit de ne pas me sourire...
Je me sens libre, merveilleusement libre… Quelle adolescence magnifique ! Les remontrances familiales, les petits chagrins d’amour, rien de tout cela ne tient la route comparé aux moments heureux qui se sont succédé durant cette période de ma vie. Et si je tente, à cet instant précis, en fermant les yeux, de faire affleurer comme une bulle à la surface de ma mémoire un quelconque mauvais souvenir, rien ne remonte. Je revois avec nostalgie la jeune fille éprise d’indépendance que j’étais alors, amoureuse des grands espaces et désireuse de vivre sa vie sans contraintes ; je me suis efforcée de lui rester fidèle.
Il me faudra des années pour prendre conscience d'un fait très simple : il ne sert à rien d'attendre d'un cerisier qu'il vous donne des pommes.
La France, pays d’abondance aux yeux de tant d’Africains, il l’a idéalisée. Il pensait que la vie y serait plus facile, le travail proposé à tous les coins de rues. Il ne m’a jamais questionnée à ce propos parce que lui-même ne se posait pas de questions. Il comptait sur sa bonne étoile. Malgré les antennes satellites braquées vers le ciel, on est toujours un peu loin du reste du monde dans les villages africains, et Issifou ne se sentait pas concerné par ce qu’il se passait au-delà des océans.
Les hommes sont rarement à l’aise lorsqu’ils tentent de réparer ce qu’ils savent avoir cassé. Patrick aimerait « redémarrer notre histoire de zéro ». Je sais que c’est impossible. Plus aucune braise ne couve sous la cendre. Rien à raviver. Comment le lui expliquer ? Nous avons déjà tenté de prolonger un amour moribond. Cette fois, il faut accepter d’en rester là…
C’est un taiseux. Il peut passer des heures entières à fumer en contemplant un feu sans prononcer le moindre mot. Même après avoir franchi le cap de la quarantaine, Patrick n’a toujours pas su panser les plaies de son enfance. Il les cautérise à force d’alcool et de cigarettes brunes.
On a toujours tendance à idéaliser ceux qu'on aime et, parfois, à attendre d'eux ce qu'ils ne sont pas en mesure de nous donner.
À l’école, j’ai de bonnes notes sans être une élève exceptionnelle. J’ai souvent l’esprit ailleurs ; un morceau de moi est resté en Afrique et je me sens comme amputée. Maman étant agrégée de lettres, il y a des bouquins partout à la maison. Maupassant, Zola, Poe et Baudelaire sont dévorés avant Enid Blyton ; ma mère a d’ailleurs l’habitude de dire : « Anne a lu Les Fleurs du mal avant d’ouvrir son premier livre de la Bibliothèque rose.
Question argent, on ne roule pas sur l’or, loin de là, et quand je viens à en dépenser, c’est toujours à des fins utiles. D’autant qu’il m’arrive depuis quelque temps d’aller à la soupe populaire ou à la Croix-Rouge demander des colis. Du lait, des pâtes, du riz…