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Critique de GaletteSaucisse


Ça commence en Espagne, en 1936. Si tu as un minimum suivi tes cours d'histoire au collège, tu sais que, comme destination pour les premiers congés payés, l'Espagne n'était pas le meilleur endroit.

Frankie Presto – Francisco de son petit prénom –, lui, n'a carrément pas de chance, parce qu'il naît, précisément dans une église incendiée alors que Franco commence à s'enjailler comme jamais dans le rôle d'apprenti dictateur à la noix de coco.

Sauf que le bébé, un an après sa naissance, il est abandonné dans la flotte façon Moïse, et recueilli par un certain Baffa, quarantenaire célibataire chauve et moustachu – important, la moustache… -, maître d'un chien sans poil.

Une histoire bien banale, me diras-tu. Sauf que le gamin, il se trouve qu'il est super doué à la guitare. Genre vraiment. Si bien que lorsqu'il atteint cinq ans, son père (adoptif, mais on va dire que c'est son père, fais pas chier), son père, donc, décide de lui faire prendre des cours chez un vieux guitariste acariâtre et aveugle par-dessus le marché.

Et puis un jour, alors que Francisco atteint ses dix ans, il tombe amoureux d'une petite fille, avec une peau rose et des cheveux jaunes, comme nous dirait le Petit Nicolas. Sauf que c'est aussi ce jour-là que son padre se fait arrêter par les pandores.

Apparemment, il était socialiste.

Ouais, le padre, c'est El Famoso Philou Martinez.

A une époque, en Espagne, si tu voulais faire chier quelqu'un, tu n'avais qu'à dire qu'il était socialiste (« Mais si, l'autre jour je l'ai entendu siffler un air qui ressemblait beaucoup à l'Internationale, je vous jure… »), et là, tu étais certain que tu ne le voyais pas avant un petit bout de temps. Un peu à l'image des Juifs en zone occupée, aux temps vert-de-gris.

Bref, le gamin, devenu orphelin, part pour les Etats-Unis afin de retrouver la soeur de Baffa-le-moustachu-socialiste.

Sur son chemin, il va rencontrer des gens sympa, genre Darlene Love, Duke Ellington, ou Django-notre-dieu-à-tous. Il va aussi tomber de désillusions en désillusions. Parce que la vie est injuste, mais ça tu le sais déjà.

- Mais alors, est-ce un bon livre ? me demandes-tu tout de go.

Eh bien, contre toute attente, c'est pas mal.

Oui, je suis en train d'écrire un billet élogieux à l'égard d'un bouquin dont l'auteur n'est toujours pas mort. Profite, ça n'arrive pas souvent.

C'est vrai que de moi-même, je n'aurais jamais eu l'idée de l'ouvrir. Voire d'y toucher. C'est ma mère-grand qui a eu pitié de moi, vu que je me suis fracturé le poignet et que je ne peux plus me gratter le ventre.

- Allez, lis-ça, plutôt que de déprimer en lisant Astérix. Au moins, tu auras l'impression de renouer un peu avec la musique.

Je ne sais pas si j'ai vraiment renoué avec la musique, mais ce que je sais, c'est que j'ai bien aimé. Quelques passages larmichouille-au-coin-de-l'oeil, un peu de bons sentiments, un peu de cruauté envers les personnages. Et un peu d'amour-guimauve, aussi. Mais quand c'est avec des vieillards, ça m'attendrit.

J'ajouterai que j'ai beaucoup aimé l'ambiance décrite, notamment celle des petites rues espagnoles, qu'on rencontre en surtout au début du livre, quand Franco commence à faire chier mais que ça passe encore. L'Espagne étant une contrée dont je ne connais rien, hormis Porque te vas, El Risitas et El documento que vamos à estudiar, ça m'a permis de me souvenir que j'ai éventuellement des épreuves de bac l'année prochaine portant sur l'espagnol, et que je vais me foirer si je continue à faire mes exercices sur GoogleTranslate et d'écrire des critiques impertinentes sur ce merveilleux-site-de-partage-et-d'information-à-caractère-livresque-totalement-bienveillant.

- Est-ce un livre à mettre entre les mains de tous ?

Bien sûr. Que tu aies une oreille musicale aussi désastreuse que celle de ma tante Odile ou que tu sois polyglotte instrumentalistiquement parlant, que tu écoutes Mötorhead ou Mireille Mathieu, que tu lises Gérard de Villiers ou Caroline à la ferme, ça devrait te plaire.

Néanmoins, si tu es un adepte de S.A.S., et que tu veux quand même lire ce livre, je te mets en garde : il n'y a pas la moindre évocation libertine dans ces lignes. Désolée de briser tes rêves. Tu devrais plutôt lire T'choupi enterre son papy, ça devrait te remettre dans le droit chemin.

Bon, sur ces paroles empreintes d'humanité et de tolérance, je te laisse. J'ai ma guitare à douze cordes à réaccorder.
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